Le PIB de tous les pays est en chute libre vertigineuse ; le recul du PIB devrait atteindre 10 points en Islande 6 points en Allemagne, 4 points en France, 3 points aux Etats-Unis et au Japon. Le taux de croissance de la Chine serait divisé par deux….
Le commerce mondial qui permettait, en règle générale, d’atténuer les crises joue, aujourd’hui, le rôle d’accélérateur. La baisse devrait être comprise entre 9 et 11 % soit la plus forte baisse enregistrée depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
L’industrie automobile, l’industrie phare du 20ième siècle n’en finit pas d’accumuler les mauvais résultats. Les grands groupes ont enregistré 41 milliards d’euros de pertes en 2008. Pour 2009, le nombre de véhicules vendus devrait être de 55 millions d’unités contre 68 millions en 2007 et 64 millions en 2008. La baisse est de près de 20 % et atteindrait plus de 30 % aux Etats-Unis.
La production industrielle a baissé dans tous les États européens. De mars 2008 à mars 2009, Les baisses les plus importantes ont été observées en Estonie (-29,7%), au Luxembourg (-29,6%), en Espagne (-24,7%) ainsi qu'en Italie (-23,8%), et les plus faibles en Grèce (-5,8%), au Portugal (-7,9%) et en Pologne (-10,0%). La chute est de 15 % pour la France.
Cette dégradation rapide et forte a pour corollaire une progression mondiale du chômage. Ainsi, la Commission de Bruxelles s'attend à une perte de 8,5 millions d'emplois dans l'Union européenne en 2009-2010, ce qui devrait se traduire par un taux de chômage de 10,9% l'an prochain.
Dans la zone euro, elle prévoit qu'il atteigne 11,5% en 2010, un niveau sans précédent depuis l'après-guerre selon Bruxelles. Aux Etats-Unis, depuis le mois de décembre 2007, 5,7 millions d’emplois ont été détruits ; le taux de chômage s’élève à 8,9 % soit son plus haut niveau depuis 1983.
Cet enchaînement n’a été rendu possible que par l’accumulation de déséquilibres dont les Etats sont en grande partie responsables. Les faibles taux d’intervention de la FED, institués après le 11 septembre 2001 ont généré des bulles d’endettement publiques et privées aux Etats-Unis, bulles qui ont favorisé une mauvaise appréciation des risques.
Cette bulle a également encouragé la création d’un excès d’offre avec le choix de la Chine de se développer par l’exportation. L’abaissement des coûts provoqué par l’arrivée sur le marché des produits issus des pays émergents a permis des effets de rente et a entraîné l’apparition de déficits et d’excédents commerciaux sans précédent. Le déficit commercial américain a atteint, en 2007, plus de 800 milliards de dollars.
Le commerce mondial a ainsi alimenté la croissance qui n’a été, en revanche, tiré, ces dernières années, pas des gains de productivité liés à la recherche et à l’innovation.
La rupture financière a cassé la chaîne de croissance ; la méfiance a provoqué un repli général. Ce qui diffère cette crise des précédentes est son caractère médiatique. C’est la première crise vécut en direct. Avec la volatilisation virtuelle de 31 000 milliards de dollars d’actifs boursiers, avec la contraction du patrimoine immobilier des ménages américains de 60 000 milliards de dollars, avec les statistiques et les prévisions annoncées presque tous les jours, la crise semble être palpable.
La médiatisation a certainement été un accélérateur de la crise. Comment sinon expliquer la chute aussi brutale du marché de l’automobile ? Qu’aux Etats-Unis, l’achat à crédit soit la règle mais ce n’est pas le cas en Europe. En France, l’âge moyen des acheteurs de voiture est de plus de 50 ans. Les Français sont par tradition peu affectés par la chute des cours de bourse. Moins de trois millions sont actionnaires. A l’exception de ceux qui ont perdu leur emploi, les salariés n’ont pas eu à supporter de chute de leurs revenus. Au contraire, avec la désinflation, le pouvoir d’achat augmente, de 0,7 % en 2008 et 2009. Enfin, il convient de souligner que plus Français sur cinq bénéficie d’un emploi public et n’est donc pas exposé au risque du chômage.
Il n’en demeure pas moins que le consommateur s’est mis à chasser les produits low cost comme s’il était devenu criminel d’acheter des produits de marque…
Face à une crise généralisée de confiance, les Etats ont décidé d’accroître les dépenses publiques et de laisser filer les déficits et la dette publics. Ainsi, le déficit public français devrait dépasser les 6 points du PIB, la dette publique atteindra 80 % du PIB en 2009 et 86 % en 2010. Elle était de 68 % en 2008.
Aux Etats-Unis, le déficit public pourrait dépasser les 10 points tout comme au Royaume-Uni et en Irlande.
Cet emballement de la dette publique est favorisé tant par la demande de l’opinion publique que par la facilité qu’ont les Etats à lever de l’argent. En période de méfiance généralisée, les investisseurs et les épargnants se replient sur les titres les plus sûrs, donc les titres d’Etat. Il en résulte un effet d’éviction pour l’économie réelle ce qui renforce d’autant la récession.
La sortie passe par la résorption d’au moins une partie des déséquilibres. Certes, une embellie peut être obtenue du fait de l’injection de liquidités dans le circuit. Il faut noter qu’actuellement, elles ont été utilisées avant tout pour colmater et effacer les effets des dépréciations d’actifs mais non pour relancer l’économie.
L’existence d’une communauté d’intérêts entre la Chine et les Etats-Unis réduit les tentations de dépréciation du dollar et le rapatriement des capitaux chinois. Néanmoins, la création d’un véritable marché intérieur chinois est indispensable tout à la fois pour aboutir à des flux commerciaux plus équilibrés et une augmentation des coûts de main-d’oeuvre. La Chine a de toute façon des problèmes sociaux à résoudre dans les prochaines années. Le vieillissement de la population contraindra les pouvoirs publics à instaurer un véritable système de sécurité sociale, avec l’industrialisation, les solidarités paysannes s’érodant.
La coordination des politiques de taux et de change devrait s’accroître pour éviter la multiplication des arbitrages spéculatifs qui ont contribué à alimenter la bulle financière.
L’endettement public ayant pris le pas sur l’endettement privé et compte tenu des défis auxquels les Etats seront confrontés dans les prochaines années (dépenses vieillesse, dépendance), sa gestion devra être conduit avec finesse pour éviter une politique de stop and go.
La crise protéiforme que nous connaissons par sa globalité et sa singularité suppose certainement des réponses originales ; les recettes du passé sont certes instructives mais ne sauraient suffire surtout quand elles ont été utilisées sans succès à maintes reprises…
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