vendredi 26 février 2016
l'industrie française a reculé en décembre
Au mois de décembre, le chiffre d'affaires des entreprises de l'industrie manufacturière s'est contracté de 1,1 % après une hausse de 1,3 % en novembre. Il décroît également à l'exportation de 0,6 % après une progression de 1,4 %. De même, le chiffre d'affaires se contracte sur l'ensemble de l'industrie (–1,0 % après +1,1 %).
Au quatrième trimestre 2015, le chiffre d'affaires recule de 0,4 % par rapport au troisième trimestre, dans l'industrie manufacturière comme dans l'ensemble de l'industrie.
Dans l'industrie manufacturière, le chiffre d'affaires progresse légèrement au quatrième trimestre 2015 par rapport au quatrième trimestre 2014 (+0,2%). Il augmente de façon un peu plus marquée dans l'ensemble de l'industrie(+0,6 %) du fait de la hausse soutenue dans les industries extractives, énergie, eau, déchets et dépollution (+2,2 %).
Le chiffre d'affaires dans l'industrie manufacturière
Source : Insee
Le chiffre d'affaires dans l'industrie manufacturière par secteur
mercredi 24 février 2016
Emploi, affaire à suivre...
Le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) a baissé de
27 900 au mois de décembre. Il s’élève désormais à 3 552 600.
Sur trois mois, la baisse est de 0,8 % mais sur un an, elle cède la place à une
hausse de 1,8 %.
Le résultat du mois de janvier est imputable à une forte
progression des radiations. Cela peut être imputable à des clarifications de situation
menées tant par Pôle Emploi que par des demandeurs d’emploi qui avaient
retrouvé une activité sans le mentionner. Il peut également s’agir de personnes
qui ont renoncé à effectuer des démarches pour se maintenir à Pôle Emploi.
Le nombre de demandeurs toutes catégories confondues en s’élevant
à 5 459 700 est en recul de 0,3 %. Il progresse en revanche de 0,4 %
sur trois mois et de 4,2 % sur un an.
Les jeunes de moins de 25 ans ont enregistré un recul de 1,5
% du nombre de demandeurs d’emploi. En revanche, les plus de 50 ans n’enregistrent
pas de réelles améliorations. En un an, le nombre de demandeurs d’emploi de
plus de 50 ans a progressé de 7,8 % (0,8 % sur trois mois et stabilité en
janvier).
Plus noire, la durée moyenne du chômage continue de
progresser. En janvier, elle était de 306 jours en hausse de 2 jours par
rapport à décembre et de 18 jours en un an.
Compte tenu du recul du niveau de confiance des
consommateurs et des entreprises au mois de février, il n’est pas attendu une
réelle accélération de croissance dans les prochaines semaines. Le chômage se
situe sur une ligne de crête sans pour autant s’engager sur un véritable processus
de baisse. Les sureffectifs sont encore nombreux dans plusieurs secteurs d’activité
et l’absence de reprise franche n’incite pas les dirigeants d’entreprise à
embaucher en CDI.
La confiance des ménages est en berne au mois de février en France
Selon l'INSEE, au mois de février 2016, la confiance des ménages diminue de 2 points et atteint 95. L'indicateur s'écarte un peu plus de sa moyenne de longue période (100). Les incertitudes économiques semble peser sur la confiance des ménages qui doutent de la reprise. Cette baisse de la confiance risque d'enrayer la hausse de la consommation constatée en 2015.
En février, l'opinion des ménages sur leur situation financière personnelle passée est quasi stable : le solde d'opinion perd 1 point. Leur opinion concernant son évolution future fléchit légèrement : le solde perd 2 points. Ces deux soldes restent au-dessous de leur moyenne de longue période. L'effet pétrole est de moins en moins perçu par les ménages qui ne considèrent pas que leur pouvoir d'achat s'accroît.
Les ménages sont nettement moins nombreux qu'en janvier à considérer qu'il est opportun de faire des achats importants : après un rebond de 8 points le mois précédent, le solde d'opinion recule de 6 points en février. Il reste néanmoins au-dessus de sa moyenne de longue période.
En février, l'opinion des ménages sur leur capacité d'épargne ne varie quasiment pas. Le solde d'opinion sur leur capacité d'épargne actuelle se maintient à son niveau moyen de long terme. Celui sur leur capacité d'épargne future est quasi stable (+1 point) et reste légèrement au-dessus de sa moyenne de longue période.
Les ménages sont de nouveau moins nombreux à considérer qu'il est opportun d'épargner : le solde baisse encore de 4 points en février et se trouve désormais à son niveau le plus bas depuis août 2015. Il continue ainsi de s'éloigner de sa moyenne de longue période.La baisse des taux semble impacter les épargnants tout comme la chute des cours des actions en ce début d'année.
Indicateur synthétique de confiance des ménages
Source : Inseemardi 23 février 2016
le climat des affaires en berne en février
Selon l'INSEE, au mois de février, le climat des affaires en France se contracte de deux points et retrouve son niveau de long terme (100). Le climat est stable dans l'industrie, perd un point dans le bâtiment et les services, et deux points dans le commerce de détail.
En dépit du repli du climat des affaires, l'indicateur de retournement pour l'ensemble de l'économie reste dans la zone indiquant une situation conjoncturelle favorable.
Indicateur de retournement France
Indicateur de climat des affaires France
Indicateur de retournement France
Lecture: Proche de +1 (resp. -1) : climat conjoncturel favorable (défavorable)
Sources : Insee, enquêtes de conjoncture
e
e
samedi 20 février 2016
Que signifie l'âge du capitaine ?
Les
électeurs des États-Unis, de l’Allemagne et de la France seront amenés dans les
prochains mois à désigner leurs dirigeants. Si depuis la fin des années
soixante, le rajeunissement de la classe politique est un thème majeur force
est de constater que ce ne sera pas obligatoirement le cas pour les échéances à
venir.
Ainsi,
aux États-Unis, les principaux candidats ont plus de 60 ans voire plus. Donald
Trump est né en 1946. Hilary Clinton a 69 ans. Son principal concurrent au sein
du parti démocrate est Bernie Sanders âgé de 74 ans. Nous sommes loin de John
Fitzgerald Kennedy élu à 44 ans, en 1961, Président des États-Unis. En
Allemagne, la chancelière, Angela Merkel qui en est à son troisième mandat a 61
ans. Son concurrent au sein de son parti et au sein du Gouvernement Wolfgang
Schäuble a 73 ans. En France, le champion des sondages à droite est Alain Juppé
70 ans. Les autres candidats potentiels au second tour, François Hollande,
Nicolas Sarkozy ou François Fillon ont plus de 60 ans. Seule Marine Le Pen a
moins de 60 ans. Certes il y a des exceptions notoires avec Matteo Renzi ou
David Cameron qui avec leurs 41 et 49 ans, font figures de benjamins de la
classe politique européenne.
Est-ce qu’une
question de hasards ou est-ce une évolution plus structurelle ? L’âge des
dirigeants a-t-elle vocation être plus élevé ?
Quelles sont les raisons
qui peuvent conduire au choix de dirigeants plus âgés ?
La composition du corps
électoral
La
composition du corps électoral est un facteur à prendre en compte. Les
retraités, en France, représentent 35 % de la population inscrite sur les
listes électorales. En outre, ce poids est d’autant plus important que les
retraités s’abstiennent moins que les jeunes. L’âge médian de la population
française est désormais supérieur à 40 ans quand il était de 37 ans au début du
siècle. Cet âge augmente de 2 à 3 mois chaque année. Les électeurs se trouvent
donc chez les plus de 40 ans voire chez les plus de 50 ans. Les candidats
ressemblant à leur électorat ont donc tendance également à être de plus en plus
âgés.
Des
années 60 aux années 90, tout gouvernement qui se respecte est angoissé par la
question jeune. Les manifestations d’étudiants sont fréquentes et peuvent
provoquer la démission de nombreux ministres (Alain Devaquet, Lionel Jospin…).
Aujourd’hui, les manifestations sont bien plus rares et bien plus pacifiques
(les dernières en date ont concerné le CPE sous Dominique de Villepin).
La logique de la
conservation du pouvoir et l’effet des sauts générationnels
Les
générations des baby-boomer tentent de conserver le pouvoir. Ils s’appuient sur
les structures des partis politiques dont les représentants sont plus âgés que
la moyenne de la population. Par absence d’appétence, par manque de temps, les
jeunes sont sous-représentés au sein des partis. De ce fait, les trentenaires
et les quarantenaires sont plus rares.
Par
ailleurs en France, à l’exception de Valéry Giscard d’Estaing qui a été élu à
48 ans, l’accession aux responsabilités a été, de tout temps, un long
cheminement sur plusieurs décennies. Il convient de signaler que si VGE a été
élu jeune, il avait une expérience de plus de 15 ans au sommet de l’État.
Pour
atténuer cette analyse, il faut prendre en compte que le renouvellement au sein
de la classe politique s’effectue par saut générationnel. Une génération
d’hommes et de femmes politiques a tendance à bloquer l’accès à la génération
qui lui succède et préfère promouvoir des personnes ayant 20 ans de moins
qu’eux. Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac ont ainsi freiné les
carrières des François Léotard, Alain Madelin, Philippe Séguin… Il en est de
même à gauche avec François Mitterrand. Aujourd’hui, le processus semble se
reproduire avec François Hollande et Nicolas Sarkozy même si avec les problèmes
économiques et leur faible popularité leur mainmise sur leur camp est plus
fragile que celle qu’avait leur prédécesseur.
Le principe de précaution
électorale
Avec le
vieillissement et les crises économiques depuis 2008, l’électorat a besoin
d’être rassuré. L’expérience est donc une valeur en hausse. Les thèmes de
campagne sont de plus en plus centrés sur les questions de sécurité au sens
large du terme (environnement, sécurité intérieure…).
Ce
sentiment de précaution est en conflit avec le principe « de sortir les
sortants », principe qui a toujours le vent en poupe en période de crise.
Les dernières élections en Grèce ou en Espagne ont été marquées par une montée
des partis extrémistes dirigés par de jeunes responsables. Entre expérience et
nouveauté, les électeurs semblent hésiter…
Quelles conséquences pour
les programmes politiques ?
Compte
tenu de l’âge des candidats et de la composition électorale, les mesures qui
pourraient impacter les retraités sont très difficiles à prendre. Les
dispositions fiscales sur les pensions ou touchant au patrimoine qui est, en
France, possédé à plus de 50 % par les plus de 50 ans sont évidemment
électoralement très coûteuses.
Reculer
l’âge de la retraite à 63 ou 65 ans, modifier le code du travail ne concernent
pas les retraités. En revanche, les candidats sont en règle générale plus
silencieux concernant l’éventuelle harmonisation de la CSG des retraités sur
celle des actifs ou la suppression de l’abattement de 10 % dont bénéficient ces
mêmes retraités…
Les
thèmes de la sécurité au sens large du terme occuperont une place de plus en
plus importante dans les programmes.
mercredi 17 février 2016
De « l’Europe communauté » à « l’Europe libre-service »
La
construction européenne engagée, de manière structurée, dès la fin de la
Seconde Guerre Mondiale est-elle en train de se muer en processus de
déconstruction informelle. Les débats sur Schengen et sur l’appartenance du
Royaume-Uni ne sont-ils pas annonciateurs d’un détricottage pur et
simple ? De même, l’incapacité des pays membres d’avancer vers une Europe
plus intégrée ne témoigne-t-elle pas que les idéaux des pères fondateurs se
sont évanouis ?
Aux origines, une démarche
originale…
Après
la Seconde Guerre Mondiale, la volonté de mettre un terme aux guerres
européennes et l’échec relatif de la Société des Nations, ont conduit à la mise
en place d’un processus original initié par quelques hommes politiques issus de
France, d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg et d’Italie. Les
pères fondateurs, Jean Monnet, Konrad Adenauer, Joseph Bech, Johan Willemn
Beyen, Alcide de Gaspieri, Robert Schuman et Paul Henry Spaak, ont décidé de
contourner les problèmes politiques en retenant comme moteur de la construction
euroépenne, la coopération l’économie. La paix passait, pour eux, par la
prospérité. C’est ainsi qu’est née, en 1951, la Communauté Européenne du
Charbon et de l’Acier qui institue dans ces deux secteurs d’activité un marché
commun. Cette première réalisation débouche sur le Traité de Rome qui institue
la Communauté Economique Européenne et Euratom. En contrepartie de la
suppression des droits de douane, il est décidé d’instituer un système d’aide à
l’agriculture qui prendra le nom de politique agricole commune avec
instauration d’une préférence communautaire. Euratom avait, de son côté,
vocation de favoriser la coopération des Etats membres dans le domaine de
l’énergie atomique.
La
CEE devient un pôle attractif du fait des forts taux de croissance des Etats
membres et de la paix retrouvée. Elle devient un modèle de réussite en matière
de coopération et de démocratie. Il en résulte une série d’élargissement. Avec
la chute du mur de Berlin en 1989, elle s’ouvre à l’Europe de l’Est au moment
même où est élaboré le Traité de Maastricht sur la monnaie commune. Cette
dernière qui est en germe depuis la fin des années soixante (Plan Werner-Barre)
vise à parachever le marché unique. Elle est jugée indispensable afin d’éviter
les effets de dévaluations et des réévaluations qui minent le marché commun.
Les variations des taux de change des pays membres obligent, par exemple, au
niveau agricole où existent des prix d’intervention, des prix planchers…, des
calculs complexes de montants compensatoires.
L’étage
monétaire est alors imaginé comme une étape supplémentaire vers le fédéralisme
qui est le fil conducteur de la construction, fédéralisme implicite et jamais
affirmé en tant que tel.
Un pont trop loin
L’Europe
a dû mener de front dans les années 90 à la fois l’élargissement vers l’Est et
la création de la monnaie unique ainsi que la finalisation du marché unique
lancé par Jacques Delors en 1985. Cette accumulation de défis a, sans nul
doute, contribué à une perte d’identité de l’Europe. En outre, l’empirisme a
montré ses limites avec une Europe à 28 Etats ayant des niveaux de
développement et des objectifs différents. 70 ans après la fin de la Seconde
Guerre Mondiale, le souvenir du conflit ne suffit plus à unir les Etats
membres. Par ailleurs, depuis vingt ans, nul n’ose imaginer l’étape d’après.
L’Europe symbole de croissance est devenue une zone en crise avec un taux de
chômage et une dette élevés. L’Europe ne fait plus rêver au point que l’Islande
ne l’a pas intégrée.
Après
la menace de sortie de la zone euro de la Grèce, l’Union est confrontée au
chantage du Royaume-Uni. Le possible départ d’un Etat membre n’avait pas été
anticipé car par nature, l’intégration européenne était un processus
irréversible L’Union européenne s’est construite par analogie avec les
Etats-Unis.
L’Europe, un bouc
émissaire commode
L’Europe
depuis les années 90 et surtout depuis 2008 est devenue un bouc émissaire
facile. Les Gouvernement ont imputé à l’Europe la responsabilité des politiques
de rigueur et des réformes structurelles impopulaires. A 28, l’Europe est
devenue difficilement gouvernable d’autant plus que la Commission de Bruxelles,
organe de nature fédérale, a perdu de son aura et de son influence. La seule
institution fédérale est de fait la Banque centrale européenne qui joue de son
indépendance pour élaborer des politiques réellement européennes.
L’Europe
n’a pas de toute façon les moyens de ses ambitions. Le budget européen
représente 1 % du PIB de l’Union. Faute de volonté politique suffisante et de
consensus sur les objectifs, les institutions européennes réagissent dans
l’urgence aux problèmes auxquels elles sont confrontées : crise des dettes
publiques, crise des migrants…
L’épuisement du modèle
Le
traité de Schengen traduit bien l’épuisement d’une certaine forme de
coopération. Si l’effacement des frontières est logique à l’intérieur d’un
espace de libre circulation des biens, des services, des personnes et des
capitaux, la question de l’organisation de la surveillance des frontières de ce
dit espace nécessite un minimum d’organisation fédérale. Le contrôle des
frontières pèse essentiellement sur les pays se situant aux marges et qui ne
sont pas obligatoirement des grands Etats. La Slovénie, la Slovaquie, la
Hongrie… ont-ils les moyens d’assurer le contrôle des frontières ? La
création d’une véritable police des frontières européenne s’impose mais tarde à
prendre forme. Les moyens de Frontex, l’agence européenne pour la gestion de la
coopération opérationnelle aux frontières,
sont faibles (environ 300 millions d’euros).
L’abandon
de la convention de Schengen se traduirait, en revanche, par un surcoût de
plusieurs milliards d’euros du fait de la réinstauration des contrôles aux
frontières et du manque à gagner dans les échanges commerciaux (ralentissement
des échanges, surcoûts administratifs….). Les deux pays qui seraient les plus
pénalisés sont la France et l’Allemagne. Une telle suppression pourrait réduire
de 10 % les échanges commerciaux entre Etats membres.
En
refusant l’instauration d’un étage spécifique à la zone euro, la construction
européenne bute sur des problèmes institutionnels majeurs. En effet, l’idée
reste que la zone euro doit, à un moment ou à un autre, coïncider avec le
périmètre de l’Union européenne or plusieurs Etats membres ne veulent pas
entendre parler de la monnaie unique. De ce fait, ils n’entendent pas être
soumis à la réglementation économique et financière qui y est attachée. De
même, ils ne veulent pas être financièrement solidaires des Etats membres de la
zone euro qui pourraient rencontrer des difficultés. Etant donné que ces Etats
ont souvent défini un taux de change fixe avec l’euro, ils ont la tentation
d’être des passagers clandestins. C’est ainsi que le Royaume-Uni, dans le cadre
des négociations avec la Commission, demande à pouvoir échapper à la
réglementation liée à l’euro. En acceptant l’idée que l’euro n’est pas l’avenir
commun de tous, les Etats membres acceptent de facto le principe d’une union à
la carte. Ce ne sera plus une communauté mais un libre-service.
Le
Royaume-Uni avait, déjà, sous Margaret Thatcher, obtenu la reconnaissance de
juste retour avec le fameux « I want my money back ». Les
Britanniques bénéficient du fait qu’ils sont d’importants contributeurs nets
d’un remboursement pris en charge par les autres Etats qui versent plus qu’ils
ne reçoivent de l’Europe. A ce précédent, risque de s’ajouter toute une série
de dérogations que les autres Etats membres pourront également revendiquer.
L’Europe, une puissance
sans outil
Bruxelles
est accusé de tous les maux. Or, que pèse le poids de l’administration est
marginale. L’Europe est accusée d’en faire trop ou pas assez.
Au
niveau économique, juridiquement, les institutions européennes n’ont pas de
compétences directes pour à s’occuper de l’emploi, de la conjoncture
économique…. Mais, avec l’instauration de la monnaie unique, l’Europe se
retrouve en première ligne. Faute de gouvernement économique ou de direction du
Trésor européen, faute de fonds de soutien conjoncturel, l’Union dispose de peu
d’outils pour venir en aide à un Etat faisant face à un choc asymétrique.
Quand la norme tue
l’imagination au pouvoir
Les
gouvernements européens se sont enfermés dans un schéma juridique. Le respect
de la norme est censé résoudre tous les problèmes. Le respect des normes
budgétaires a pour objectif de corriger les comportements déviants, respect qui
est tout relatif depuis 1999. Les normes apparaissent comme des murailles bien
virtuelles quand la dette publique dépasse 100 % du PIB ou quand le chômage
frappe le quart de la population active comme c’est le cas en Grèce.
L’Europe
depuis vingt ans s’interdit d’être imaginative. Ainsi, sur la question des
travailleurs détachés, il eut été possible d’imaginer la création d’un régime
de sécurité sociale spécifique au niveau européen. Les travailleurs détachés
acquitteraient leurs cotisations selon un barème européen défini afin d’éviter
des distorsions de concurrence trop fortes.
De
même, aujourd’hui, les différents Etats européens ont une tendance non plus à
converger sur le plan économique mais à diverger. L’Allemagne et certains Etats
du nord demeurent des pays industriels quand ceux du Sud ont des économies de
plus en plus tertiaires. Il en résulte des déséquilibres croissants au niveau
des balances commerciales. En outre, du fait que les gains de productivité dans
l’industrie sont supérieurs à ceux constatés dans les services, le taux de
croissance du Nord est plus élevé que celui du Sud de l’Europe.
Pour
corriger ces divergences, la solution passe par l’organisation de transferts
sociaux à l’intérieur de la zone euro. L’assurance-chômage et
l’assurance-retraite devraient être européanisées. Certes, cela suppose un
large consensus car dans un tel schéma, les Etats d’Europe du Nord
financeraient ceux du Sud. Un tel mode de financement aurait l’avantage de ne
pas générer de surendettement dans les Etats du Sud et d’équilibrer les
balances des paiements.
L’Europe a-t-elle perdu
le sens de l’histoire ?
Le
politologue, Robert Kagan, considère que l’Europe en ayant consacré beaucoup
d’énergie à la monnaie unique, s’est désengagée de l’histoire du monde.
L’Europe a négligé les évolutions économiques et géostratégiques
internationales (pays émergents, Afrique, situation au Moyen Orient, révolution
digitale…). Les pays européens qui ont cru dans les années 90/200 à l’avènement
d’un « paradis post-historique » sont confrontés depuis 2008 à une
succession de crises à laquelle ils n’étaient pas préparés. Les pères
fondateurs avaient opté pour un jeu éminemment politique qui se faisait fort de
faire oublier que toute construction étatique passe par le politique.
Aujourd’hui, avec l’absence d’une volonté politique forte, le vélo européen
vacille de plus en plus à défaut de trouver la bonne vitesse.…
Q
lundi 15 février 2016
Le tourisme pénalisé par les attentats du mois de novembre
Les professionnels l'affirmaient depuis de nombreuses semaines. L'INSEE vient de confirmer que la fréquentation des hôtels a fortement baisé après les événements du mois de novembre. C'est fort logiquement la clientèle étrangère qui est en baisse.
Au quatrième trimestre 2015 en France métropolitaine, la fréquentation touristique dans les hébergements collectifs touristiques, exprimée en nuitées,diminue de 1,7 % par rapport à la même période de 2014.
Paris et son agglomération sont les plus impactées. Si le quatrième trimestre avait démarré avec une croissance de la fréquentation dans la lignée des trimestres précédents, les attentats du 13 novembre ont interrompu cette dynamique dans l'agglomération parisienne. Dans les hôtels, la fréquentation y baisse globalement de 6,8 % et davantage pour la clientèle étrangère (-9,8 %). Dans les autres hébergements collectifs, le recul est encore plus marqué : la baisse globale (-12,2 %) est tirée par la chute de 36,6 % de la clientèle étrangère.Le déclin est plus important en décembre qu'en novembre, pour lequel la fréquentation n'a baissé que durant la seconde quinzaine.
Le littoral et la montagne ont en revanche enregistré une croissance des nuitées.
samedi 13 février 2016
mardi 9 février 2016
Progression du crédit aux entreprises en 2015
Selon la Banque de France, les crédits aux entreprises ont augmenté de 2,8 % en 2015. Les crédits mobilisés par les entreprises atteignent 709,9 milliards d’euros, en augmentation de 2,8 % sur un an.
Cette progression concerne toutes les catégories d’entreprises : +2,0 % pour les PME, +2,9 % pour les ETI et +6 % pour les grandes entreprises.
L’augmentation de l’encours des crédits mobilisés concerne la majorité des secteurs de l’économie. Elle s’élève à 4,7 % dans les activités de soutien aux entreprises, ainsi que dans l’industrie, et à 3,4 % dans les activités immobilières. En revanche, l’encours des crédits mobilisés est en recul dans le transport (- 6,5 %).
Les entreprises françaises se financent, par ailleurs, à 40 % sur les marchés. cela concerne essentiellement les grandes entreprises et les ETI.
dimanche 7 février 2016
La France en mal de productivité !
Si la
croissance est faible en France, c’est avant tout à cause de la diminution,
depuis la fin des années 90, des gains de productivité horaire. Ce déclin de la
productivité n’est pas spécifique à la France, il concerne l’ensemble de
l’Europe au point que le décrochage avec les Etats-Unis devient criant.
En 1950,
la productivité horaire était en France inférieure de 50 % par rapport à celle
des Etats-Unis. Grâce à une forte accélération des gains de productivité, ce
retard a été comblé en grande partie dans les années 80. La productivité
augmentait de 5 à 6 % durant les années 50-60.Elle s’est érodée de
décennie en décennie. Elle est passée de 3-4 % dans les années 70 à 2-3 % dans
les années 80. Elle était comprise entre 1,5 -2 % dans les années 90 et jusqu’au
milieu des années 2000. Depuis, elle est passée en-dessous de la barre du 1 %.
Le taux moyen de croissance entre 2003 et 2014 est de 0,7 %.
Les
Etats-Unis ont connu une évolution semblable mais avec un rebond dans les
années 90 avec la diffusion des nouvelles technologies. L’Europe a été moins
sensible à ces technologies à l’exception de la Suède.
L’Europe
et tout particulièrement la France ont opté pour une intensification de la
croissance en emploi. En multipliant les systèmes d’aide à l’emploi, les
pouvoirs publics ont réduit, par voie de conséquence, les gains de
productivité. Par ailleurs, du fait des contraintes réglementaires et de la
pression sociale, les entreprises n’ont pas adapté totalement leur effectif à
leurs ventes. Selon une étude « Ducoudré et Plane – OFCE » de 2015,
les sureffectifs concerneraient, à la fin du deuxième trimestre 2015, plus de
100 000 personnes.
Au-delà
de ces facteurs, le retard de productivité des entreprises françaises
s’explique par la faible diffusion des techniques de l’information et de la
communication. Selon une étude « Cette, Clerc et Bresson », le stock
de capital en matériel informatique et de communication ainsi qu’en logiciels
serait inférieur de 25 % à celui des Etats-Unis. Il correspondrait au stock
des Etats-Unis de la fin des années 80 soit bien avant la révolution numérique.
Les
entreprises, en raison de leur petite taille, ne sont pas des acteurs du Net.
En 2014, 63 % des entreprises françaises ont un site Internet contre 75 % en
moyenne au sein de l’OCDE et 90 % dans les pays d’Europe du Nord. Seules 17 %
des entreprises françaises sont présentes sur les réseaux sociaux contre 25 %
en moyenne au sein de l’OCDE. Le taux d’équipement des entreprises, en France,
en robotique est deux fois plus faible qu’aux Etats-Unis ou en Allemagne. Selon
une étude de France Stratégie, la France ne souffre pas d’un
sous-investissement mais avant tout d’un mal-investissement.
La France
n’a pas suffisamment renouvelé son tissu économique. Les positions de rente,
les protections diverses et variées n’ont pas permis l’enclenchement d’un
processus de destruction créatrice. Aux Etats-Unis, de nombreuses entreprises
ont disparu remplacées par de nouvelles qui ont pu attirer des capitaux afin de
s’accroître. Dans le secteur manufacturier, 50 % de la croissance a été tirée,
aux Etats-Unis, par cette réallocation des capitaux en faveur de nouveaux
acteurs. Pour le commerce de détail, ce taux est de 90 %. En Europe, les
entreprises productives n’arrivent pas à grandir quand les moins productives ne
périclitent que lentement. Il y a stagnation par absence de respiration du
tissu économique.
La France
souffre d’une insuffisante qualification de sa population active. La
massification de l’enseignement supérieur est récente. Le faible niveau de
qualification des générations plus anciennes pèse sur la productivité. En
outre, la formation constitue une autre faiblesse. En 2013, 36 % de la
population active a bénéficié d’une action de formation contre 50 % en moyenne
au sein de l’OCDE et 70 % au sein des pays d’Europe du Nord. 56 % des diplômés
de l’enseignement supérieur bénéficient d’actions de formation contre 17 % des
actifs qui n’ont atteint que le deuxième cycle.
L’enseignement
délivré n’est pas, en outre, en phase avec les besoins générés par les
techniques de l’information et de communication. Il demeure très académique, la
priorité étant donnée à l’acquisition des connaissances quand dans de nombreux
pays dont ceux de l’Europe du Nord, l’accent est mis sur les méthodes. En
France, le système éducatif est élitiste avec une valorisation du travail
individuel à travers la notation, à travers l’acquisition de connaissances. La
sélection s’effectue soit par concours pour les grandes écoles soit par la
capacité à se frayer un chemin dans le parcours universitaire. Dans ces
conditions, le poids de l’environnement familial voire géographique est
déterminant. Dans de nombreux pays, le parcours scolaire repose avant tout sur
l’acquisition de méthodes avec une part importante accordée au travail
collaboratif. Le système éducatif français tend à s’adapter à la nouvelle donne
même si des résistances existent (intégration des moyens d’information et de
communication, travail en groupe…) mais il faudra plusieurs années afin que
cette évolution se diffuse au sein de la population active. Toutes les réformes
scolaires qu’elles portent sur l’organisation du système éducatif ou sur les
programmes freinent font l’objet de contestation quasi-idéologiques.
La France
protège trop ses entreprises et ses emplois. Les pouvoirs publics afin
d’atténuer les conséquences des fermetures d’établissement ont pris de
nombreuses mesures qui dans les faits se retournent contre les actifs. La
rotation des entreprises et des emplois est trop faible en France. La
protection des emplois existants empêche à ceux qui sont sur le marché du
travail de trouver un nouveau poste. Le droit français protège les actionnaires
et l’emploi à court terme au détriment des entreprises naissantes qui auraient
besoin de plus de flexibilité. L’emploi à vie est un principe admis en France.
Le poids de la fonction publique, plus de 5 millions de salariés, soit près de
20 % de la population active occupée, explique sans nul doute la popularité de
ce principe. Les Français occupent plus longtemps le même emploi que leurs
homologues européens, 11,4 ans contre une moyenne de 10 ans en Europe et 9 ans
au Royaume-Uni. En France, malheur à l’exclu. Un actif sorti du marché du
travail éprouve les pires difficultés à retrouver un emploi. Le chômage est
vécu comme une tare.
La
dualisation du marché du travail pèse également sur la productivité sur le long
terme. Afin de contourner la rigidité du droit du travail, les entreprises
recourent de plus en plus, pour les nouveaux entrants, aux CDD ou à l’intérim.
Notre système est constitué d’un cœur d’emploi stables et protégés. En
périphérie, un monde d’emplois précaires s’est développé avec à la clef peu de
formation et peu d’investissement dans le capital humain. Les membres du
premier club n’ont aucune raison de prendre des risques de peur de se retrouver
dans la deuxième catégorie. Face à cette situation, le débat sur la
sécurisation des parcours professionnels prend toute sa signification.
Les
allégements de charges sur les bas salaires contribuent également à réduire les
gains de productivité. Ils ne favorisent pas la montée en gamme des entreprises
françaises, ni même la progression professionnelle des actifs. Il conviendrait,
en la matière, de lisser les effets de seuil en instituant un abattement sur
les 500 ou 800 premiers euros de salaire, applicable à tous les salariés.
La
concurrence demeure insuffisante au sein de plusieurs secteurs d’activité
dont le secteur de la grande
distribution.
Si la
France dispose d’une politique en faveur de la recherche ambitieuse avec
notamment le crédit d’impôt recherche, elle demeure malgré une réorientation
ces dernières années trop concentrée sur quelques secteurs d’activité et
quelques entreprises. La France est, en matière de diffusion des résultats de
la recherche développement au sein des PME, distancée par l’Allemagne ou la
Suède.
Inscription à :
Articles (Atom)