mercredi 31 mars 2010

Le boucllier fiscal, la taxe carbone et son voisin

Hier les 200 cents familles, aujourd’hui les 20 000 bénéficiaires du bouclier fiscal. Le débat politique aime résumer la richesse ou la pseudo richesse à quelques chiffres qui sonnent bien dans les oreilles des Français.

Créé lors du précédent quinquennat par le Gouvernement de Dominique de Villepin et sous la houlette du Ministre du budget de l’époque, Jean-François Copé, le bouclier fiscal vise à plafonner le montant des impôts acquittés par un contribuable par rapport à ses revenus.

Sont pris en compte dans les impôts, l’impôt sur le revenu, l’impôt sur la fortune, la taxe d’habitation, la CSG et la CRDS. Le plafond maximal d’imposition fixé à 60 % des revenus a été descendu à 50 % au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

La polémique sur le bouclier fiscal est intimement lié au rapport que les Français ont vis-à-vis de la réussite et de l’argent.

La réussite personnelle est admise pour les sportifs et pour les artistes qui bien souvent préfèrent s’expatrier pour échapper au fisc. En revanche, la réussite des chefs d’entreprise est une injustice comme celle de son voisin.

Au lieu de se focaliser sur le montant des remboursements, il faudrait analyser le montant des impôts payés par les contribuables concernés par le bouclier fiscal. En outre, ce fameux bouclier ne prend pas en compte les impôts indirects comme la TVA. Les riches ou supposés riches sont aussi consommateurs. Et puis, il n’est pas inutile de revenir à l’origine de ce bouclier institué pour éviter que des contribuables propriétaires de terrains dans des zones soumises à une importante spéculation foncière soient contraints de vendre à défaut de pouvoir payer l’ISF.

En Allemagne, il est admis que les impôts ne puissent pas dépasser 50 % des revenus et c’est à ce titre que l’impôt sur le patrimoine a été supprimé par la Cour constitutionnel de Karlsruhe.

En France, il a été écrit qu’à partir de 4000 euros par mois, un actif entre dans la dangereuse catégorie des nantis. Évidemment, les patrons osant toucher plus de 100 000 euros sont des malfaiteurs voire des psychopathes à raccourcir de suite.

Les opposants au bouclier fiscal soulignent qu’il coûte cher, environ 500 millions d’euros et qu’il n’a fait revenir aucun expatrié. Ces derniers auraient bien tort compte tenu de l’absence de consensus et de l’instabilité chronique de la loi fiscale. Comment créer de la confiance quand une fois la disposition votée, elle est déjà remise en cause ?

Les Français ne supportent les impôts qu’à condition que ce soit son voisin qui les acquitte. Ainsi, la taxe carbone jugée positive dans le principe a été rejetée car susceptible d’entamer le pouvoir d’achat même si l’Etat s’était engagé à la rembourser. Sa suppression a permis d’éviter le montage d’une splendide usine à gaz, spécialité fiscale française difficilement exportable. La notion d’impôt proportionnel est en France mal comprise. Il est pourtant simple d’admettre qu’un contribuable gagnant 1000 paiera 400 d’impôt quand celui gagnant 100 en paiera 40 avec le même taux de 40 %. Gagnant 10 fois plus, il paie 10 fois plus d’impôt. Pour favoriser la création de richesse et l’innovation mais aussi pour lutter contre la fraude fiscale, un système simple d’imposition est toujours plus efficace qu’un système truffé de niches, d’exonérations et d’abattements…

jeudi 25 mars 2010

Un COR très musclé

La réunion du Conseil d'Orientation des Retraites du 24 mars a fait l'objet de débats houleux entre partenaires sociaux. La décision de réaliser des simulations sur un report à 62 ans et au-delà de l'âgé légal de départ à la retraite ainsi que sur la durée de cotisation a été contesté par la CGT et la CFDT qui ont souligné que l'option de scenarii noirs permettraient au gouvernement de présenter un scenario gris et plus acceptable. Ils ont indiqué que d'autres solutions existaient comme le relèvement des ressources ou l'élargissement des assiettes.

Le COR qui est un lie de consensus n'est pas habitué à être le théâtre de passes d'armes. La CFDT a même menacé de se désolidariser du rapport.

Il n'en demeure pas moins que la question du financement demeure pleine et entière et que les estimations d'espérance de vie de l'INSEE sont sans appel :

2009 :

- Hommes : 77,8 ans
- Femmes : 84,5 ans

2020 :

- Hommes : 79,3 ans
- Femmes : 85,7 ans

2050 :

- Hommes : 83,8 ans
- Femmes : 89 ans

mardi 23 mars 2010

Il y a désindustrialisation et désindustrialisation

Il y a désindustrialisation et désindustrialisation

La crise économique a accéléré le processus de désindustrialisation que la France et tous les vieux pays industrialisés connaissent depuis de nombreuses années. Ce processus revêt deux formes : des délocalisations et des externalisations.

Les délocalisations sont régies par deux règles : la recherche de couts de production plus faibles et la nécessité de produire dans les futures grandes zones de consommation. La contrainte du coût de production est d’autant plus élevé que les produits concernés ne sont pas positionnés en haut de gamme. Le prix est ainsi déterminant sur les voitures d’entrée de gamme et de gammes moyennes. Depuis des décennies, il est appris que les produits allemands sont « price maker » quand les produits sont « price taker ». Les firmes françaises sauf dans le domaine du luxe ne dictent pas leurs prix à leurs acheteurs. La qualité des produits allemands, leur réputation et aussi un savoir faire indéniable dans la commercialisation permet à l’Allemagne de dégager des excédents commerciaux année après année. Même si ces dernières années, les coûts salariaux ont été maîtrisés, ils sont comparables à ceux de la France. Le positionnement des produits et la structure de l’économie expliquent le décalage entre les deux pays. Certes, avec une population en diminution, le PIB par habitant croît plus facilement et les gains de productivité impactent moins l’emploi.

Les délocalisations ne sont pas en soi condamnables si elles n’entrainent pas le départ des centres de recherche, des directions de pilotage, de stratégie, de marketing des entreprises. Dans un pays où le niveau de formation des jeunes augmente fortement, il est logique que les emplois suivent cette évolution. La tertiairisation des emplois dans l’industrie témoigne de l’élévation des compétences : plus de recherche, plus d’innovation, plus de services. Ce qui doit rester en France ce n’est pas obligatoirement les usines mais bien les centres névralgiques des sociétés, les sièges sociaux, les directions financières, les directions du marketing, les directions en charge de la conception du marketing, la communication, les relations publiques… Les entreprises fonctionnent selon le principe des réseaux, réseaux de compétences et de production. Les délocalisations posent le problème des sous-traitants qui n’ont comme solution soit de suivre, si c’est possible, leur entreprise nourricière, de fermer ou de se repositionner, ce qui n’est pas loin de là toujours évident. L’Allemagne a réussi à limiter la désindustrialisation en jouant sur la qualité et l’innovation. La légendaire force du réseau de PME assises sur des familles et sur des banques explique la résistance des sous-traitants en Allemagne.

La désindustrialisation est souvent perçue que sous l’angle des délocalisations. Or, au nom du fonctionnement en réseaux et de la spécialisation des entreprises sur leur cœur de métier, elles externalisent de nombreux services. Il en a résulté une forte baisse de l’emploi industriel. Ce phénomène est d’autant plus remarqué que l’industrie doit de plus en plus intégrée de plus en plus de services pour vendre : crédit à la consommation, assistance, information… Or, pour assurer ces fonctions de service, les industriels ont fait appel à des entreprises spécialisées : banques, assureurs, sociétés de leasing… De plus, les emplois de service sont de plus en plus externalisés. Autrefois, étaient concernés les emplois liés, par exemple, au ménage, à la restauration mais désormais toutes les fonctions de service sont concernés : marketing, communication, gestion, distribution… Si trois quarts des emplois sont liés au tertiaire, cela ne signifie pas que l’industrie ne demeure pas au centre et qu’elle n’est pas le cœur des réseaux. Il est vain de croire que la France se recouvrira d’usines dans les prochaines années. Les ateliers de production demeureront dans les pays à faibles coûts de main d’œuvre. A supposer qu’ils reviennent en France, il n’est pas certain que ce soit une bonne nouvelle concernant notre capacité à rester en tête de peloton des puissances économiques…

la réforme des retraites reprend ses droits

Après la trêve électorale, la réforme des retraites redevient d'actualité. Ainsi, le Conseil d'Orientation des Retraites est amené à préciser ses hypothèses de travail. Il a prévu de réaliser des simulations en retenant comme âge légal de départ non plus 62 ou 63 ans mais 65 ans. Par ailleurs, il étudierait également la possibilité de reporter de l'âge de la retraite à taux plein qui est de 65 ans à 68 voire à 70 ans. Autre option qui devrait être étudiée, le passage de la durée de cotisation à 45 ans d'ici 2028. Jusqu'à maintenant, le COR tablait sur un passage à 43,5a ns pour 2050. Ces scenarii assez ambitieux devrait permettre aux négociateurs de trouver un accord à mi-chemin.

Il n'en demeure pas moins que le tabou des 60 ans semble être levé du moins au sein du COR...

Affaire à suivre

jeudi 18 mars 2010

Les Grecs, les Italiens, les Français, les autres et la dette

La Grèce a payé très chère ses omissions en matière de comptabilité publique et le mauvais étalement dans le temps de sa dette (la maturité de sa dette). Les marchés où plutôt les acteurs des marchés financiers ont également reproché l'absence de volonté publique pour assainir les finances publiques. Mais, la Grèce n'est qu'un épiphénomène compte tenu du faible poids de sa dette dans le volume total de la dette de l'OCDE ou de l'Union européenne. Par ailleurs, la Grèce est derrière le Japon, l'Italie ou l'Islande en matière d'engagements publics. Elle est juste devant la Belgique, la Hongrie, la France et les Etats-Unis.
L'importance du déficit structurel explique le mouvement de mauvaise humeur des marchés. le problème est que tous les Etats sont confrontés à l'augmentation possible de leur déficit structurel avec l'augmentation prévisible des dépenses de santé et de retraite. selon les études du CBO, l'évolution de ces dépenses pourraient empêcher tout assainissement budgétaire aux Etats-Unis d'ici 2050. Les dépenses fédérales au titre de Medicare et de Medicaid passeraient de 5,3 à 12,2 % du PIB d'ici 2050. Les dépenses liées à la retraite publique passeraient de 4,8 à 5,7 % du PIB. Les dépenses sociales pourraient représenter 46 % des dépenses fédérales en 2050 contre 20 % en 2010. A défaut de retournement de tendance, le déficit de l'Etat fédéral serait en 2050 de plus de 8 % du PIB.

La dérive des comptes publics peut se traduire par un retour de l'inflation, une remontée des taux d'intérêt (une hausse de 1 pt imputable à l'augmentation de la dette publique de plus de 36 % est possible), une moindre croissance avec à la clef une augmentation des prélèvements ainsi qu'une dépréciation de la monnaie.

Jusqu'à présent les grands Etats ont réussi à placer facilement leurs titres du fait que les investisseurs sont à la recherche de sécurité. Les Etats-Unis qui restent la première puissance économique bénéficient toujours d'un engouement. Les autorités fédérales ont du réduire la maturité moyenne de la dette avec comme conséquence une augmentation prévisible des taux courts. Actuellement, elles empruntent à faibles coûts du fait de la politique des taux courts pratiqués par les banques centrales.

la France a fait un choix inverse en optant pour des placements longs jusqu'à 50 ans.

Il n'en demeure pas moins que l'Europe demeure vulnérable du fait de la faible coordination des politiques économiques de ses Etats membres et de l'apparition sur le devant de la scène de divisions comme en témoignent les derniers échanges franco-allemands.

Le fort endettement des Etats européens et le niveau excessif de leurs déficits structurels démontrent que les critères de Maastricht n'ont pas été suffisamment sévères. Autoriser en période de croissance de maintenir des déficits autour de 3 % du PIB (tout en sachant que les chiffres étaient faussés de un à 2 points) a placé l'Union européenne en position de faiblesse. le désendettement n'a été effectif que dans un nombre réduit de pays et de manière insuffisante. La France, l'Italie, la Belgique, la Grèce sont les mauvais élèves de la classe depuis 20 ans.

Si dans les années 80 et 90, l'Europe avec Jacques Delors et des responsables politiques nationaux pro-européens avait réussi à imposer tout à la fois le marché unique et l'euro avec à la clef la mise en oeuvre de réformes de structures importantes, la situation est totalement différente aujourd'hui. La Commission est faible et l'Europe est devenue un bouc-émissaire.

jeudi 11 mars 2010

Fonds monétaire européen, une révolution ?

Face à la crise grecque, l’idée de créer un Fonds Monétaire Européen a été avancée. Aujourd’hui, la Banque centrale comme la Commission n’ont pas les pouvoirs de prêter à un Etat membre sous condition.

Du fait de l’ampleur de ses déficits et des tentatives de maquillage des comptes, maquillage qui concerne de nombreux Etats, la Grèce est confrontée à un problème de refinancement qui fragilise l’euro. L’Allemagne qui est la première puissance économique de la zone ne veut pas endosser le rôle de prêteur en dernier ressort. Ce pays a construit sa force économique depuis la Seconde Guerre Mondiale sur la rigueur et les vertus de l’appréciation de la monnaie. L’introduction des critères de Maastricht était la condition sine qua non afin que l’Allemagne accepte d’abandonner le mark.

Aujourd’hui, l’Allemagne est confrontée à un dilemme : aider la Grèce revient à donner un chèque en blanc à un pays jugé mauvais gestionnaire et à créer un dangereux précédent ; ne pas aider au risque d’affaiblir la monnaie européenne.

La création d’un FME permettrait de sortir par le haut de cette crise et éviter à la Grèce l’humiliation de l’intervention du FMI. Ce dernier n’intervient pas qu’au profit de pays sous-développés ou de pays émergents. Le Royaume-Uni a fait appel au FMI dans les années soixante-dix et l’Islande a bénéficié d’une aide en 2009 afin de surmonter la banqueroute de son système bancaire et financier.

La création du FME qui par nature devait être indépendant tout en ayant de fortes chances d’être entre les mains des grands Etats de la zone euro supposerait un droit de regard sur les finances publiques nationales. En effet, le FME qui serait financé comme le FMI par des participations issues des Etats membres serait amené à intervenir au profit d’Etat devant faire face à des situations financières mettant en cause la stabilité de la zone ou pouvant mettre en cause le fonctionnement régulier de l’Etat.

Les prêts, les garanties, seraient conditionnés par la mise en œuvre de plans d’assainissement des comptes publics, par l’engagement de réformes structurels concernant par exemple la retraite, l’emploi public, la fiscalité…

La création du FME serait une révolution par rapport au système actuel mais ne serait pas sans conséquence du fait que les Etats européens seront dans les prochaines années confrontés à des engagements très lourds : retraite, santé, dépendance. Ces engagements sont des sources de tensions financières et donc des sources possibles d’intervention du futur FME.

La création du FME pourrait traduire l’incapacité des Etats européens à se réformer par l’interne et la nécessité de faire intervenir un arbitre au risque de faire monter le populisme et le sentiment anti-européen.

dimanche 7 mars 2010

L'Islande rejette l'accord Icesave

Les Islandais ont rejeté, à plus de 93 %, par référendum le 7 mars 2010, sans surprise, l'accord Icesave, visant à organiser le remboursement des 3,5 milliards d'euros aux Etats anglais et néerlandais. La banque en ligne Icesave a fait faillite obligeant les pouvoirs publics du Royaume-Uni et des Pays-Bas à dédommager leurs ressortissants, les principaux clients de la banque.

Le gouvernement islandais avait conclu un accord avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas afin de régler le différend financier.

Or, ce plan a été mis à mal par le référendum demandé par le Président de la République.

Les Islandais n'ont pas admis de devoir contribuer au remboursement de créances au profit d'Etats étrangers dont les habitants ont profité de l'Islande comme place off shore. Par ailleurs, l'Islande, après avoir connu une croissance très rapide au point d'avoir le 6ème PIB par habitant le plus élevé est confrontée à une récession sans précédent. Le PIB a reculé de 7 % l'année dernière et les revenus des Islandais seraient en recul de 20 %.

Ce rejet par référendum n'est pas une surprise. Il était prévu par les sondages même s'ils tablaient sur un vote à 75 %. Néanmoins, quel électeur est prêt à accepter que ses impôts serviront à rembourser des Etats étrangers du fait de la banqueroute d'une banque en ligne ?

Ce rejet avait été anticipé ; les Etats concernés ont relancé le processus de négociation afin de trouver un nouvel accord.

L'Islande ne peut pas compte tenu de son niveau d'endettement (dette publique de 300 % du PIB) s'offrir le luxe d'une banqueroute. Ce pays est sous respiration artificielle. Il a obtenu l'appui du FMI qui a délivré une aide de plusieurs milliards de dollars. Si l'Islande refusait de rembourser , sa monnaie plongerait tout comme son économie et son PIB. L'Islande dépend de la pêche qui traverse une grave crise avec le problème de surexploitation des fonds marins, du tourisme et du secteur financier.

De ce fait, afin d'être moins dépendants des fluctuations de sa monnaie et de bénéficier des dispositifs de régulation européenne, l'Islande entend intégrer l'Union européenne puis la zone euro. Or, cette intégration passe par un accord avec Londres et La Haye.

Les Européens sont aussi intéressés à trouver dans les meilleurs délais un accord pour éviter un effet de contagion à d'autres Etats comme la Grèce.

En effet, même si le Parlement et le Gouvernement ont tenté d'empêcher ce référendum, le Président islandais a tenté une opération populiste pour peser sur le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

En cas de contagion, la suspicion gagnerait les marchés qui joueraient contre les Etats européens.

Les réticences allemandes pour venir en aide à la Grèce démontrent que la solidarité au sein de la zone euro donne lieu à de âpres négociations. L'Allemagne n'a guère envi de jouer le rôle de pompier au profit d'Etats peu vertueux. La France se montre plus conciliante en essayant au passage de vendre quelques navires de guerre... Tout se négocie même et surtout les dettes...

jeudi 4 mars 2010

Agir Pour Ma Retraite : Mars 2010 N°2



Selon une étude de l’OCDE réalisée parmi 16 pays membres, les pensions, du fait des réformes engagées ces vingt dernières années, diminueront en moyenne de 22 % pour les hommes et de 25 % pour les femmes. La France est un des pays où la baisse est la plus marquée. Les modifications de la base de calcul, et des règles d’indexation ainsi que le passage à 25 ans expliquent, en grande partie, la diminution des pensions qui seront, dans le futur, fournies.
Toute réforme des retraites pose le problème de la répartition de la charge entre actifs et inactifs que ce soit dans les systèmes par répartition ou par capitalisation. Elle pose également la question de la place accordée au secteur public et au secteur privé. En France, 85 % de la rémunération des retraités est assurée par le secteur public. Ce taux est très largement au-dessus de la moyenne de l’OCDE ou de l’Union européenne. La tendance est au rééquilibrage en faveur des systèmes privés. Les actifs sont appelés dans tous les pays à travailler plus longtemps et à prendre en charge, sous forme d’épargne, directement ou indirectement, une part croissante de leur future retraite. Nos partenaires développent des systèmes privés à adhésion obligatoire ou facultative avec la possibilité d’affiliation automatique.
Pour atteindre le taux de remplacement moyen de l’OCDE qui est de 59 % du dernier salaire individuel, il faudrait accroître l’effort d’épargne, en France, de quatre points du salaire.
Le report de l’âge légal de départ à la retraite et celui de la retraite à taux plein aboutiraient à réduire ce déficit d’épargne.
Cette tendance au sein de l’OCDE bute en France sur le fait que la retraite ne repose que sur un pilier constitué du régime de base et des régimes complémentaires, obligatoire et reposant sur la répartition. Le second pilier qui chez nos partenaires repose sur des régimes professionnels n’existe que marginalement, en France, et enfin le troisième pilier celui de l’épargne individuelle demeure évanescent malgré la création en 2003 du PERP.
Le passage à un système de retraite par points et en comptes notionnels ne résoudrait en rien la problématique du financement des retraites. En revanche, en conduisant à une fusion de l’Agirc et de l’Arrco avec le régime général, il ouvrirait un espace pour la création d’un véritable second pilier. Sur ce point, la polémique sur les « retraites chapeau » n’aurait pas du aboutir à leur diabolisation mais à leur généralisation en reprenant le concept qui avait prévalu en 1947 avec l’instauration des complémentaires rendues obligatoires pour tous les salariés en 1972.

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La lettre du Cercle des Epargnants : mois de mars 2010





Au sommaire de la lettre d'information du Cercle des Epargnants du mois de mars 2010, la numéro 44 :


- Ne pas confondre assurance-vie et dette publique
- Les frais de gestion en France et chez nos partenaires
- Les résultats du PERP et du Madelin
- Pourquoi le Livret A fait une bonne année 2009 ou presque...
- Les Français, les fourmis de l'OCDE




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mardi 2 mars 2010

L'Europe sous pression

L’euro comme la livre sterling baissent. L’euro est ainsi tombé à son plus bas niveau par rapport au dollar depuis le 18 mai 2009 à 1,34 et la livre sterling est passée sous la barre des 1,5 dollar pour s’établir lundi 1er mars, à 1,4973 dollar, son plus bas niveau depuis avril 2009. Depuis le début de l’année, la dépréciation de la livre atteint plus de 7 % et celle de l’euro 10 %. Il était, il y a encore peu de temps, de bon ton de faire reposer une partie de nos problèmes sur l’euro dont l’appréciation pénalisait notre économie. Certes, cette appréciation ne gênait aucunement l’Allemagne qui accumule les excédents commerciaux et concernait dans les faits peu de secteurs en France. En effet, notre pays réalise une grande partie de son commerce extérieur au sein de la zone euro. En outre, la réévaluation de l’euro diminuait le coût des matières premières et de l’énergie.

Aujourd’hui, l’Europe et la France sont rappelées à leurs tristes réalités. L’accès de faiblesse de l’euro et de la livre témoigne des doutes qu’inspirent les politiques économique set budgétaires mises en œuvre sur le vieux continent.

La crise européenne débute par un manque de transparence dans les finances publiques grecques. Tous les Etats, surtout avec l’obligation de respecter les fameux critères de Maastricht, ont comme les entreprises, multiplié les jeux d’écriture pour présenter des bilans plus présentables.

Elle prospère du fait des doutes que les investisseurs portent sur la capacité des Européens à assainir leurs comptes. Les difficultés du Royaume-Uni, lié à l’importance de son déficit public, sa dépendance à la sphère financière et aux hésitations de son gouvernement en pleine campagne électorale démontrent que la vieille Europe n’inspire pas confiance. Le refus des Islandais de rembourser les dettes contractées auprès des épargnants anglais ou hollandais soulignent que l’opinion publique est peu favorable à subir une cure d’austérité.

La crise européenne prospère aussi sur le manque de solidarité entre les Etats, pour le moment justifié par le peu d’empressement des Allemands à venir en aide aux Grecs. L’Allemagne, le pays le plus vertueux, n’a guère envie de se transformer en pompier des pays dépensiers. Elle se fait tirer l’oreille pour bien souligner qu’il est hors de question qu’elle ouvre à tout à chacun des lignes de financement. La crise monétaire frappe tout à la fois un pays de la zone euro et un pays qui a refusé d’y entrer, un pays de taille modeste et une ex grande puissance. Elle traduit l’incapacité de l’Union d’être un acteur économique de premier plan. Les égoïsmes et l’absence de vision stratégique ont eu raison des beaux plans des pères fondateurs de l’Europe et de ceux de Valéry Giscard d’Estaing

La crise est aussi le révélateur d’un processus de déclin plus large. L’Europe, depuis deux décennies, connaît des résultats économiques inférieurs à celles des autres grandes zones. Les investisseurs préfèrent investir aux Etats-Unis qui concilient sécurité et un rendement certes inférieur à la Chine (qui ne possède pas le même niveau de sécurité) mais supérieur à celui qui existe en Europe.