mardi 27 juillet 2010

Les vraies fausses vertus du TGV

Les vraies fausses vertus du TGV


L’hebdomadaire « The Economist » du 23 juillet 2010 consacre un article de fond sur le transport ferroviaire. Cet article conteste le plan de Barack Obama de créer un réseau à grande vitesse reliant certaines grandes métropoles américaines.

Le journaliste met en avant que les pays qui ont opté pour la grande vitesse ont négligé voire sacrifié le fret ferroviaire à l’exception de l’Allemagne. Ainsi, la France qui est le pays qui dispose du réseau à grande vitesse le plus étendu est celui qui a le moins recours pour le transport de marchandises au fret ferroviaire.

The Economist souligne que la réalisation des lignes à grande vitesse nécessite de nombreuses subventions des pouvoirs publics et que par définition les lignes ne peuvent pas recevoir des trains de marchandises. En outre, la grande vitesse a permis de conforter les monopoles publics, le ticket d’entrée étant très élevé.

Le bilan comptable des TGV est en France délicat à conduire du fait du transfert d’une grande partie de la dette de la SNCF sur RFF en charge du réseau lors de la constitution de cette dernière société. Par ailleurs, les relations entre les deux sociétés, en particulier, en ce qui concerne l’entretien des lignes demeurent très opaques. La réalisation des lignes à grande vitesse associe tout à la fois RFF surendettée, les collectivités locales, l’Etat, l’Union européenne et des partenaires privés qui sont concessionnaires des ouvrages. Enfin, la SNCF bénéficie tout à la fois d’aides publiques pour le financement des retraites de ses salariés et pour le financement de certaines obligations de services publics…

Le TGV, au-delà, de cette machinerie comptable, a permis à la SNCF d’améliorer ces dernières années sa rentabilité. Aujourd’hui, le modèle est remis en cause car RFF demande des droits de péage plus élevés afin de pouvoir rembourser sa dette et au moment où l’ouverture à la concurrence des lignes passagers lui offre des possibilités d’accroitre ses recettes.

Le grand argument du TGV serait son caractère non polluant par rapport à l’avion. Cet argument n’est pas sans limite. L’énergie électrique n’est pas propre à 100 % et peut être émetteur de gaz à effet de serre quand elle est issue de centrale au fioul ou au charbon. Du fait du sous-investissement d’EDF ces dernières années, le recours à des centrales traditionnelles ou aux importations seront indispensables pour faire face aux besoins. Par ailleurs, en délaissant le fret, la SNCF a contribué au développement du transport routier en étant, il faut, le souligner, le principal propriétaire de camions en France…

Le transport par camions est bien plus polluant que l’avion qui n’est responsable que de 3 % des émissions des gaz à effet de serre. La France est certes vertueuse pour le transport de personnes grâce au TGV mais l’est beaucoup moins pour le transport de marchandises.

Le transport par avion a été fortement pénalisé du fait d’une concurrence déloyale du train mais aussi au nom d’arguments écologiques dont le bienfondé est plus que relatif. Comme quoi, il faut toujours se méfier de certaines vertus…

La lettre N°49 du Cercle des Epargnants




La lettre du Cercle des Epargnants du mois d'août 2010 est publiée.

Au sommaire :

- la réforme des retraites
- les régimes complémentaires
- le patrimoine des Français en 2009...


lire la lettre N° 49

vendredi 16 juillet 2010

les propositions du Cercle en matière d'épargne retraite

Le Cercle des Epargnants vient de publier sa 23ème étude consacrée aux améliorations à apporter pour favoriser le développement de l'épargne retraite en France.

lire en pdf l'étude N°23 - juillet 20106


Le Cercle propose non pas l'instauration de nouveaux produits mais une rationalisation des produits existants tant dans le domaine collectif qu'individuel :


Retraite collective : Créer un réel second pilier de retraite



Le second pilier de retraite devrait être mieux défini en France. Les régimes professionnels à adhésion obligatoire ou à affiliation automatique (articles 39 et 83) devraient entrer dans le champ de ce second pilier et bénéficier d’un régime spécifique, indépendant de celui de l’épargne retraite individuelle. Aujourd’hui, l’enveloppe de déduction fiscale est commune or il n’est pas cohérent de mélanger des produits facultatifs et obligatoires, des régimes collectifs avec des régimes individuels.


Faciliter la diffusion des retraites supplémentaires « article 83 »



Le Cercle des Epargnants est favorable au développement des contrats « article 83 » qui permettent tout à la fois de couvrir, de manière automatique, un grand nombre de salariés et de prendre en compte les futurs taux de remplacement des différentes catégories d’actifs à la différence du PERCO qui est un produit facultatif ne tenant pas compte des spécificités des régimes de base.


Eclaircir le positionnement du PERCO



Le positionnement du PERCO devrait être revu car il se situe plus dans le champ de l’épargne salariale que dans celui de l’épargne
retraite.


Moderniser « l’article 39 »



Il convient de conserver des dispositifs permettant de garantir un taux minimum de remplacement pour l’ensemble des actifs français faute de quoi les meilleurs cadres, scientifiques, chercheurs seront de plus en plus incités à s’expatrier. Il est donc nécessaire de conserver un régime à prestations définies remodelé afin de le rendre compatible avec le droit européen.


Améliorer l’attractivité du troisième pilie
r


Plus de 50 % des Français souhaitent épargner pour leur retraite. Ce n’est pas l’envie qui est prise en défaut mais plus l’absence d’une offre attractive et transparente. Il convient d’harmoniser les règles en vigueur entre les différents produits d’épargne retraite pour éviter les distorsions de concurrence.


Aligner le PERP sur les Contrats Madelin et le simplifier


Les règles du PERP doivent être alignées sur celles des Contrats Madelin (taux garanti, réversion…). Il convient également de revoir la gestion associative de ce produit qui est une source inutile de coûts. Il conviendrait comme pour les Contrats Madelin, d’associer aux PERP des options prévoyance et permettre à ses titulaires d’opterpour une sortie « spéciale dépendance » avec la possibilité de transformer le capital en services.


L’orientation de l’épargne des Français vers des supports retraite


Les Français devraient pouvoir, avant 55 ans, avoir la possibilité de transférer tout ou partie de leur épargne vers des produits retraite en franchise fiscale et sociale.

Pourraient être concernés :

• Les livrets défiscalisés ou fiscalisés
• L’assurance-vie
• Le PEA

Les propositions du Cercle visent offrir tout à la fois des produits plus simples aux épargnants et à garantir des ressources longues à l’économie au moment où la dette publique capte une part non négligeable de l’épargne.



jeudi 15 juillet 2010

Mickey n’est pas l’avenir de l’Europe

Depuis vingt ans, la quasi-totalité des pays européens sont confrontés à un processus de désindustrialisation. Pour se rassurer, politiques et experts indiquaient qu’il s’agissait d’un phénomène en trompe l’œil. La baisse des effectifs industriels était imputée à l’externalisation des activités de service. Or, selon une étude la Direction Générale du Trésor, les destructions d’emplois industriels en France entre 1980 et 2007 ont été occasionnées à :

25 % par des transferts d’emplois industriels vers les services
30 % par des gains de productivité
45 % par la concurrence étrangère

La désindustrialisation s’est accélérée après l’adoption des 35 heures mais le phénomène ne touche pas exclusivement la France. L’Allemagne du fait de son positionnement, les produits industriels de qualité, et du fait de la force de son capitalisme familial a mieux résisté.

L’emploi industriel s’est, en 20 ans, contracté de :

-45 % au RU
-32 % aux USA
-25 % au Japon
-20 % en zone euro

Sur les dix dernières années, l’emploi industriel a baissé de 14 % dans l’UE et de 19 % en France.

Le recul de la zone euro s’explique par la faiblesse des gains de productivité. En France, ils ont progressé de + 20 % entre 1990 et 2009, soit environ un point par an quand la progression est de 3 points aux Etats-Unis. De ce fait, la productivité du travail avec une base 100 en 2002 était en 2009 de 116 aux Etats-Unis contre 102 eu Europe.

La traduction du déclin industriel français se manifeste par le déficit récurrent de sa balance commercial et par la contraction de ses parts de marché au sein du commerce mondial qui sont passés de 5,8 à 3,8 de 1995 à 2008.

Au rythme actuel, l’Union européenne ne représentera plus, en 2040, que 5 % de la production mondiale contre 21 % en 2009.

A défaut d’industrie, l’Europe et la France se transforment en espace de loisirs en accueillante des millions de tourismes. Cette transformation peut certes amener des emplois mais ne saurait en aucun cas garantir un bon taux de croissance.

Les services touristiques dégagent de faibles gains de productivité qui sont les seuls à nous permettre de renouer avec une croissance forte et durable.

Le développement des services touristiques n’est pas une source de progrès comme en témoigne le niveau des salaires proposés dans ce secteur. Ainsi, le salaire moyen dans les services non financiers est inférieur de 21 % à celui du salaire moyen français et de 31 % inférieur à celui proposé par le secteur manufacturier.

Le secteur du tourisme est soumis à des aléas économiques forts et, en outre, nous ne sommes pas capables de valoriser les 72 millions de touristes étrangers qui visitent la France. Ils dépensent moins chez nous que quand ils se rendent aux Etats-Unis, en Espagne ou en Italie.

De toute façon, l’avenir ne passe pas exclusivement et loin de là par l’activité touristique.

Au-delà des incertitudes économiques et financières, au-delà de la menace démographique (financement des retraites, des dépenses de santé et de la dépendance, diminution de l’appétence aux risques), c’est par Schumpeter que le salut viendra. L’Europe doit renouer avec l’esprit de découvertes et consacrer une part plus importante de ses richesses à la recherche. En effet, les dépenses de recherche ne sont que de 1,2 % du PIB en Espagne et en Italie, de 2,1 % en France, de 2,6 % en Allemagne quand elles sont de 3 % aux Etats-Unis et de 3,5 % au Japon. Le nombre de chercheurs est de 16 pour 10 000 emplois en Italie, de 21 en Espagne, de 44 en Allemagne, de 45 en France mais de 79 pour 10 000 aux Etats-Unis et de 83 pour 10 000 au Japon. Enfin, les brevets triadiques (par million d’habitants) s’élèvent à 6 en Espagne, à 12 en Italie, à 40 en France quand ils dépassent 75 en Allemagne, 94 en Suède et 115 au Japon

mercredi 7 juillet 2010

Assurance-vie, réforme en 2011 ?

L'assurance-vie fait le mort de peur de subir une taxation accrue. Il n'en demeure pas moins que dans les couloirs de Bercy et de la fédération Française des Sociétés d'Assurances, certains militent pour réformer le régime de l'assurance-vie.

Du fait du succès mitigé des produits créés par la loi Fillon, le PERP et le PERCO et de la nécessité de favoriser une allocation plus longue de l'épargne des Français, il est envisagé de proposer aux titulaires de contrats d'assurance-vie dont 66 % l'ont ouvert de plus de 8 ans de s'engager de le transformer en assurance-retraite en contrepartie d'un allègement fiscal.

L'assuré pourrait opter pour l'assurance retraite autour de 55 ans et bénéficier d'une défiscalisation plus ou moins forte de sa rente. Le passage au contrat retraite s'effectuerait en franchise d'impôts et reprendrait la philosophie de l'amendement dit Fourgous qui permettait de passer de contrats en fonds euros en contrats multisupports sans acquitter d'impôts et de prélèvements sociaux.

Une telle transformation allongerait par définition la durée des contrats et permettrait d'accroître la part actions et contrecarrer les effets de Solvency II qui impose des règles prudentielles strictes en particulier en ce qui concerne les actions.

L'autre solution serait de permettre le passage d'un contrat d'assurance-vie sur un PERP sans pénalité fiscale et améliorer la fiscalité de la rente.

Une telle réforme verra-t-elle en 2011 ? les obstacles ne sont pas minces. Financier car l'époque n'est pas au niche fiscale, social car une telle mesure pourrait être assimilé à un cadeau aux Français les plus favorisés...

A suivre

lundi 5 juillet 2010

Conflits dans le couloir des temps

La crise avant d’être financière est économique et ce n’est pas parce que nous avons sauvé les banques de la faillite qu’elle a disparu. Bien au contraire, elle demeure et s’incruste au sein des pays occidentaux. L’aggravation des déficits publics a eu l’effet escompté, celui d’atténuer la violence de la récession mais l’argent public déversé s’il a pu empêcher l’implosion du système financier n’a pas permis de réellement relancé l’économie occidentale.

Les maux de cette dernière sont connus : un affaiblissement des gains de productivité qui a été compensé par un endettement accru de tous les acteurs, un vieillissement de la population qui modifie l’appréciation des risques.

La crise est schumpetérienne car nous sommes arrivés au terme du processus de gains générés par la révolution du numérique. Par ailleurs, l’avance technologique des pays occidentaux qui leur a permis de toujours sortir en tête même après des crises économiques de grande ampleur est entrain de fondre. L’Occident, pour la première fois depuis le début du 19ème siècle n’arrive (momentanément peut-être) à être à l’origine d’un nouveau saut technologique. La fin de l’ère du pétrole nécessite l’obtention de progrès dans l’utilisation de nouvelles sources énergétiques mais cela suppose un autre regard sur la notion des risques.

Avec le vieillissement de la population, la myopie des acteurs a augmenté au point de remettre en cause le moteur même du capitalisme : l’innovation et l’investissement.

Une société vieillissante regarde à court terme. Elle ne peut pas supporter à jouer à tout ou rien avec son capital. Elle exige un rendement fixe que ce soit 3,4 ou 15 %. L’investissement dans l’entreprise dont le retour s’effectue sur vingt ou trente ans n’est plus de mode.

Il y a un déphasage entre l’allongement de la durée de la vie et le raccourcissement de la vision économique. Nous n’avons pas encore pris en compte que les femmes et les hommes vivent de plus en plus longtemps et doivent donc caler leurs investissements sur le nouveau cycle de vie.

La domination de la vision de court terme empêche toute reprise économique car elle freine l’investissement. Il y a urgence à réduire les dépenses de fonctionnement public et à encourager l’innovation et la prise de risques faute de quoi l’Europe risque de connaître un déclin irrémédiable.

vendredi 2 juillet 2010

La lettre n°48 du Cercle des Epargnants - Juillet 2010





Au sommaire de la lettre du mois de juillet 2010 :

- les seniors et l'emploi
- la crise et l'épargne
- les retraites chapeau
- les news de l'épargne et de la retraite du mois


lire la lettre