Comme chaque semaine, Lorello Ecodata décrypte l'actualité économique et financière.
Le coin des épargnants
La bourse de Paris n’arrive toujours pas à se maintenir au-dessus de la barre des 4500 points. Le CAC 40 a terminé la semaine à 4 477,28 points en hausse de 0,43 % la semaine.
Plusieurs facteurs auraient dû jouer positivement comme en particulier les annonces de Mario Draghi en faveur de la baisse de l’euro. Autre facteur favorable, le président de la BCE a affirmé que son institution ne s’interdirait pas à intervenir, dès le mois de juin, pour lutter contre la déflation ou pour réguler l’appréciation de la monnaie européenne.
L’autre facteur positif qui aurait dû favoriser la hausse du CAC 40 a été la déclaration de la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed), Janet Yellen devant le Congrès américain. Elle a indiqué clairement que la FED maintiendrait une politique monétaire accommodante, synonyme de liquidités abondante le temps nécessaire.
Le ralentissement confirmé de l’économie chinoise, les évènements persistants en Ukraine et des résultats moyens en Europe en ce qui concerne la production manufacturière l’ont emporté.
France, beaucoup de bruit mais pas encore de résultats
La guerre médiatique fait rage sur le front économique avec le pacte de responsabilité, le pacte de solidarité, les allégements de charges auxquels s’ajoutent des mesures fiscales pour relancer la consommation. Mais au-delà des effets d’annonce, les grandes lignes économiques changent peu. La consommation des ménages a reculé sur le premier trimestre et la production manufacturière recule.
La production, industrielle comme manufacturière a enregistré, au mois de mars, une baisse de 0,7 %. Sur le premier trimestre, la production industrielle est encore en recul de 0,5 %.
Au niveau de la demande extérieure, la France n’arrive toujours pas à regagner des parts de marchés. Ainsi en mars, les exportations n’ont progressé que de 0,6% m/m quand les importations ont augmenté de 3,4% m/m. De ce fait, le déficit commercial s’est accru passant à près de 5 milliards d’euros soit en base annuelle un déficit de près de 3 % du PIB.
En mars, pour rappel, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A à Pôle emploi a, par ailleurs, augmenté certes faiblement mais il n’en demeure pas moins que l’amélioration de la situation de l’emploi n’est pas encore au rendez-vous.
Dans ces conditions, la croissance risque d’être nulle et non de 0,1 % comme cela était espéré il y a encore peu. Nous assistons même à un renversement des indicateurs avancés. Ainsi, les enquêtes de confiance, auprès des entreprises comme des ménages marquent un repli en avril de manière.
La France reste en décalage par rapport à ses partenaires que ce soit évidemment ceux de l’Europe du Nord mais aussi ceux de l’Europe du Sud comme le Portugal ou l’Espagne.
Et pendant ce temps-là le chômage recule chez nos partenaires…
Le chômage a poursuivi son recul en Espagne. Au mois d’avril, le nombre de demandeurs d'emplois a reculé de 111.565 par rapport au mois précédent pour s'établir à 4.68 millions. Sur un an, le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de 304.892. En Allemagne, le chômage poursuit également son recul. Il s’élève au mois d’avril à 6,7%. Au Royaume-Uni, le taux de chômage a, avec un taux de 6,9 %, atteint son taux le plus bas depuis 5 ans. En dehors de l’Europe, aux Etats-Unis, le taux de chômage s’est établi à 6,3 % au mois d’avril contre 6,7 % en mars soit son plus bas niveau depuis 2008.
Mais que se passe-t-il en Chine ?
Selon la Banque mondiale, la Chine pourrait ravir la première place aux Etats-Unis en ce qui concerne le PIB, en parité de pouvoir d’achat, dès cette année. Les Etats-Unis occupaient cette place depuis 1872. Dans les faits, la Chine récupère la place qu’elle avait cédée au cours du 17ème siècle. Le calcul en parité de pouvoir d’achat est une évaluation. En effet, la parité de pouvoir d'achat est un taux de conversion monétaire qui permet d'exprimer dans une unité commune les pouvoirs d'achat des différentes monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d'unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même « panier » de biens et de services.
En valeur absolue, le PIB de la Chine pourrait dépasser celui des Etats-Unis autour de 2020.
Si l’avènement de la Chine comme première puissance est incontournable, le plus dur reste à faire. L’économie chinoise doit évoluer à grande vitesse pour éviter l’enlisement. En effet, le modèle de croissance reposant sur les exportations avec une forte croissance des investissements a atteint ses limites. La Chine ne pourra guère accroitre ses parts de marchés durant les prochaines années. Elles pourraient même reculer du fait de l’augmentation des coûts (généralisation de la couverture sociale, revalorisation des salaires…). En outre, nous arrivons au terme d’un processus de mondialisation. Le commerce international qui enregistrait des taux de progression supérieurs au taux de croissance du PIB a tendance depuis la crise financière à croître moins vite voire stagner comme cela est le cas depuis le début de l’année 2014.
La crise européenne, l’amélioration de la compétitivité de l’économie américaine ont contribué à réduire le rythme de progression des exportations chinoises.
Le taux de croissance s’est abaissé au premier trimestre à 7,4 % soit le taux le plus faible enregistré depuis 18 mois. Ce ralentissement n’est pas sans poser des problèmes d’ordre financier. L’endettement des acteurs économiques s’est fortement accru ces trois dernières années d’autant plus en prenant en compte le shadow banking. Tout affaiblissement de la croissance remet en cause les plans de remboursement. Plusieurs cas de faillite ont été enregistrés notamment dans le secteur immobilier.
Le programme du Président, Xi Jinping, vise à rééquilibrer par la demande interne le mode de développement de la Chine. Cet objectif pour être atteint nécessite du temps. En effet, il faut monter des réseaux de distribution, des réseaux de communication dans l’ensemble du pays, avoir une répartition équitable du pouvoir d’achat…
Aujourd’hui, le taux d’épargne des Chinois est de plus de 50 % et la consommation ne représente que 30 % du PIB quand il devrait se rapprocher de 50 %. Il reste du chemin à parcourir. Pour mémoire, dans les pays occidentaux, la consommation représente plus de 60 % du PIB.
La mutation économique chinoise prendra de 7 à 10 ans avec une décélération de la croissance. Elle devrait vers 2020 se situer autour de 5 %. Cette baisse est assez logique car la croissance reposera alors moins sur l’exportation de biens industriels mais sur les services qui génèrent moins de gains de productivité.
La gestion de ce changement de mode de croissance sera délicate en particulier au niveau politique et social.
Russie, quelles limites économiques ?
La Russie est entrée en récession au cours du premier trimestre de cette année du fait de la dépréciation du rouble, des fuites de capitaux mais également en raison de l’atonie européenne. Du fait de ses réserves financières, la Russie peut supporter ce trou d’air sans que cela mette en danger ses équilibres financiers. La dette publique russe s’élevait à 13,4 % du PIB en 2013 (10,5 % pour l’Etat russe). Pour mémoire, elle était de 99 % du PIB en 1999. Le budget qui était en excédent de 0,4 % du PIB est redevenu légèrement déficitaire en 2013 à hauteur de 0,3 % du PIB.
Du fait de ses positions de force dans l’énergie et dans les matières premières en règle générale, la Russie bénéficie d’une balance commerciale structurellement excédentaire (8,5% du PIB en 2013).
La stagnation des niveaux de production, la faiblesse de la reprise économique actuelle en Europe et le repli de la demande ukrainienne réduisent le volume des exportations russes d’hydrocarbures.
La réduction de l’excédent commercial, observée en 2012 pour la première fois depuis la crise de 2008-2009 et confirmée en 2013, se traduit par une réduction de l’excédent du compte courant. Ce dernier a atteint 1,6% du PIB en 2013 contre 11% du PIB en 2005. Selon le FMI, la Russie pourrait perdre son excédent autour de 2016.
La balance des paiements doit faire face à des sorties nettes de capitaux à hauteur de 2-4% du PIB par an depuis 2008 (54 Mds USD en 2012 et 63 Mds USD en 2013).
Il faut néanmoins noter qu’en 2012, les flux entrants d’Investissement d’origine étrangère (51 Mds USD) dépassent les flux sortants (48 Mds USD) pour la première fois depuis 2007. En 2013, la Russie a occupé le 3ème rang mondial pour le volume des IDE entrants (environ 79 Mds USD). La France est le 2ème investisseur en Russie.
En 2013, les IDE sortants se maintiennent à un niveau élevé (95 Mds USD en hausse de 42%) prouvent que les entreprises russes s’insèrent de plus en plus dans l’économie mondiale.
Les réserves de change du pays restent très élevées, autour de 500 milliards de dollars à fin 2013, plaçant la Russie au 4ème rang mondial derrière la Chine, le Japon et l’Arabie Saoudite. Elles ont baissé du fait de la nécessité pour les autorités monétaires de soutenir le rouble. Elles s’élèvent ainsi à 486,1 milliards de dollars au 1er avril 2014. Une partie de ces réserves correspond à la stérilisation des recettes pétro-gazières dans le Fonds de réserve (87,3 Mds USD au 1er mars 2014) et dans le Fonds du bien être national (87,3 Mds USD au 1er mars 2014).
La Russie a besoin d’un cours du baril de pétrole autour de 110 dollars. La zone de danger pour les finances publiques se trouve à 90 dollars. Le cours actuel du baril est de 100 dollars. Les excédents de la balance des paiements russe fondent en raison de la diminution des exportations premières et de la fuite des capitaux. En revanche, la dépréciation monétaire valorise les exportations énergétiques qui sont réalisées en dollar.
Les pays occidentaux pourraient être tentés de jouer de l’arme du cours du baril sous réserve d’avoir l’accord des pays de l’OPEP ce qui n’est pas certain.
A suivre, next week, une semaine très économique
Après le 1er et le 8 mai, c’est le grand retour des données économiques. La semaine sera marquée par la publication des résultats du PIB du premier trimestre pour la zone euro. Il faudra également regarder les indices des prix et les données sur l’emploi.
Lundi 12 mai 2014
Aux Etats-Unis, seront présentés les résultats du budget fédéral.
En France, en attendant les résultats du premier trimestre 2014, nous pourrons prendre connaissance de l’étude de conjoncture de la Banque de France.
Mardi 13 mai 2014
En France, il faudra suivre les résultats de la balance des paiements courants du mois de mars pour apprécier si les services ont en parti compensé le déficit de la balance commerciale.
En Italie, sera connu le taux d’inflation du mois d’avril qui devrait ressortir à 0,2 % avec une croissance annuelle en légère hausse passant de 0,4 à 0,6 %.
Pour l’Allemagne, il sera intéressant d’étudier l’enquête ZEW sur le sentiment économique qui devrait marquer une pause dans le cycle haussier de ces derniers mois. De même, il faudra suivre l’indicateur NFIB publié aux Etats-Unis sur l’optimisme des affaires qui devrait ressortir en hausse pour le mois d’avril.
Mercredi 14 mai 2014
En Allemagne, sera communiqué l’indice des prix pour le mois d’avril. Les prix auraient diminué de 0,3 %. Le taux d’inflation annuelle serait de 1,1 %.
Les résultats de l’inflation seront également publiés en France. Les prix ont dû augmenter de 0,1 % en avril ; le taux annuel étant de 0,9 %.
Il faudra également suivre les résultats du chômage au Royaume-Uni et l’évolution de la production industrielle en zone euro qui est attendue en baisse de 0,3 % pour le mois de mars dernier.
Jeudi 15 mai 2014
Le Conseil européen se réunira quelques jours avant les élections européennes.
La journée de jeudi sera consacrée à la publication des résultats de la croissance du PIB du premier trimestre 2014.
Ainsi, l’INSEE publiera pour la France ses résultats. La croissance est attendue nulle, à l’origine, un gain de 0,3 % était attendu, dans un second temps, il avait été révisé à 0,1 %.
Les autorités allemandes devraient annoncer un taux de croissance de 0,7 % pour le premier trimestre.
L’Italie et la Grèce communiqueront également leurs résultats de croissance du PIB. Eurostat communiquera le taux de croissance de la zone euro ; il a dû atteindre les 0,4 %.
Au niveau de la zone euro, sera publié l’indice des prix du mois d’avril qui devrait ressortir à 0,7 % en base annuelle.
Aux Etats-Unis, de nombreux indicateurs seront publiés dont l’indice des prix à la consommation (0,2 % attendu sur le mois), la production industrielle d’avril (+0,4 % attendu) et le taux d’utilisation des capacités de production (attendu stable à 79,2 %).
Vendredi 16 mai 2014
Au Japon, il faudra regarder l’évolution de la production industrielle qui a dû ressortir en hausse à 0,4 %. Elle a été soutenue par les achats d’anticipation avant l’augmentation de la TVA intervenue au mois d’avril.
Pour la zone euro, il faudra suivre la balance commerciale du mois de mars.
Aux Etats-Unis, il sera intéressant d’analyser plusieurs indicateurs immobiliers (permis de construire d’avril, mises en chantier d’avril). Il faudra suivre également l’indice de confiance des consommateurs du mois de mai (Reuters / Michigan) qui est attendu en hausse.