Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle a été interviewé au sujet des résultats du Livret A en 2008 et du mois de janvier 2009. L'interview est consultable sur le site de l'Express.fr. Philippe Crevel souligne que la libéralisation de la distribution du livret A et la crise ont généré un afflux d'ouverture de nouveaux livrets malgré la baisse du rendement de 4 à 2,5% qui n'est intervenue par ailleurs qu'au 1er février. Les banques avaient accumulé des stocks de demandes d'ouverture de livrets A au cours de l'année 2008 et qui n'ont pris forme qu'au mois de janvier 2009.
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samedi 21 février 2009
vendredi 20 février 2009
Les rois fainéants face au retour des vieilles complaintes
Quand la croissance rétrécit, les Français ont une tendance à revenir à leurs vieilles croyances. Ainsi, la notion éculée du partage du travail avec dans ses bagages les préretraites, la réduction du temps de travail, redevient à la mode.
Nous considérons toujours l'économie sous la forme d'un mille feuille de taille toujours identique qu'il convient au mieux de se partager. C'est au nom de ce principe qu'il convient aussi de taxer les entreprises qui au mépris de la solidarité nationale réalise des bénéfices ainsi que ceux qui s'enrichissent.
Avec la progression du chômage, la question du financement des retraites devient secondaire tout comme celui de l'assurance maladie ou de l'Etat.
Nous sommes incapables d'avoir une vision dynamique de l'économie qui est avant tout une affaire de stock, de flux et de progrès technique.
Que la crise soit liée à des mouvements spéculatifs, à un emballement de la sphère financière, nul n'en doute.
Il était devenu plus intéressant de jouer avec l'argent que de chercher de nouveau process, de mettre en œuvre de nouveaux produits innovants...
Cette crise ne doit pas inciter au repli sur les vieilles lunes mais bien de relire les ouvrages de Schumpeter.
Nous avons deux défis majeurs à relever : le vieillissement de la population et la sauvegarde de notre espace de création, la terre. La sortie de crise et le relèvement de ces défis passent par la réalisation de gap technologiques offrant des gains de productivité. Financer une population de moins en moins active suppose que la rentabilité des actifs augmente.
La spéculation financière des dernières années a dissuadé les investisseurs de miser sur la recherche. Si l'on excepte l'Allemagne et l'Europe du Nord, les pays occidentaux sont devenus par rapport au reste du monde déficitaire. Or, cela devrait être l'inverse; l'Occident devrait investir à l'extérieur pour financer ces futures retraités. Compte tenu de son avance technologique du moins supposé et de son stock de capital, les flux d'épargne devrait être s'orienter vers les pays en développement.
Les vingt dernières années ont été celle des rois feignants. Les pays développés ont bénéficié de rente de situation en captant une partie de l'épargne mondiale et ont profité des gains liés à l'importation de produits issus des pays émergents.
Pour maintenir le niveau de consommation, ils ont eu recours à l'endettement qu'il soit privé ou public.
l'Allemagne est un cas particulier. Elle a joué sur une maitrise rigoureuse de sa masse salariale et sur le maintien d'un savoir faire technique dans le domaine des biens d'équipement. Les pays d'Europe du Nord ont bénéficié de la rente pétrolière et gazière ainsi que d'une bonne spécialisation technologique.
Les rois fainéants qui ont gagné leur vie grâce aux innovations financières sont nus.
Les solutions pratiquées depuis six mois sont des cautères sur des jambes de bois. Elles nourrissent la bête plus qu'elles ne permettent de retrouver un nouvel équilibre.
La stabilisation financière ainsi que la fixation de règles pour les changes doivent s'accompagner d'une restauration de l'offre productive. Il est indispensable de retrouver l'esprit de frontières qui a animé les Américains durant plus de deux siècles. La nouvelle frontière est certainement celle qui consiste à préserver la planète.
Nous considérons toujours l'économie sous la forme d'un mille feuille de taille toujours identique qu'il convient au mieux de se partager. C'est au nom de ce principe qu'il convient aussi de taxer les entreprises qui au mépris de la solidarité nationale réalise des bénéfices ainsi que ceux qui s'enrichissent.
Avec la progression du chômage, la question du financement des retraites devient secondaire tout comme celui de l'assurance maladie ou de l'Etat.
Nous sommes incapables d'avoir une vision dynamique de l'économie qui est avant tout une affaire de stock, de flux et de progrès technique.
Que la crise soit liée à des mouvements spéculatifs, à un emballement de la sphère financière, nul n'en doute.
Il était devenu plus intéressant de jouer avec l'argent que de chercher de nouveau process, de mettre en œuvre de nouveaux produits innovants...
Cette crise ne doit pas inciter au repli sur les vieilles lunes mais bien de relire les ouvrages de Schumpeter.
Nous avons deux défis majeurs à relever : le vieillissement de la population et la sauvegarde de notre espace de création, la terre. La sortie de crise et le relèvement de ces défis passent par la réalisation de gap technologiques offrant des gains de productivité. Financer une population de moins en moins active suppose que la rentabilité des actifs augmente.
La spéculation financière des dernières années a dissuadé les investisseurs de miser sur la recherche. Si l'on excepte l'Allemagne et l'Europe du Nord, les pays occidentaux sont devenus par rapport au reste du monde déficitaire. Or, cela devrait être l'inverse; l'Occident devrait investir à l'extérieur pour financer ces futures retraités. Compte tenu de son avance technologique du moins supposé et de son stock de capital, les flux d'épargne devrait être s'orienter vers les pays en développement.
Les vingt dernières années ont été celle des rois feignants. Les pays développés ont bénéficié de rente de situation en captant une partie de l'épargne mondiale et ont profité des gains liés à l'importation de produits issus des pays émergents.
Pour maintenir le niveau de consommation, ils ont eu recours à l'endettement qu'il soit privé ou public.
l'Allemagne est un cas particulier. Elle a joué sur une maitrise rigoureuse de sa masse salariale et sur le maintien d'un savoir faire technique dans le domaine des biens d'équipement. Les pays d'Europe du Nord ont bénéficié de la rente pétrolière et gazière ainsi que d'une bonne spécialisation technologique.
Les rois fainéants qui ont gagné leur vie grâce aux innovations financières sont nus.
Les solutions pratiquées depuis six mois sont des cautères sur des jambes de bois. Elles nourrissent la bête plus qu'elles ne permettent de retrouver un nouvel équilibre.
La stabilisation financière ainsi que la fixation de règles pour les changes doivent s'accompagner d'une restauration de l'offre productive. Il est indispensable de retrouver l'esprit de frontières qui a animé les Américains durant plus de deux siècles. La nouvelle frontière est certainement celle qui consiste à préserver la planète.
Expliquons la crise
Au-delà des explications traditionnelles sur le rôle joué par les subprimes, les économistes de l’OFCE, Jérôme Creel, Catherine Matthieu et Henri Sterdynia, donnent à travers leur article "le capitalisme financier international en crise" remettent en perspective la crise actuelle avec l’évolution de l’économie mondiale de ces vingt dernières années. L’explosion de la croissance mondiale a été rendue possible par la mondialisation et la globalisation de la sphère financière. Par ailleurs, les modes de développement des pays émergents par les exportations au détriment des marchés intérieurs a conduit au développement de déséquilibres importants. L’article examine également les conséquences des changes dits flexibles et la mauvaise allocation des actifs.
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jeudi 19 février 2009
Les anticipations négatives sont en marche
Jamais une crise n'aura donné lieu à autant d'annonces, de commentaires. Elle est la première crise à être à ce point médiatisé. Elle est devenue une mine pour une presse malade. Or, à force d'affirmer que la crise sera la plus sévère de toute l'histoire, que la dépression menace, le risque que les acteurs économiques et en premier lieu les ménages en anticipant le pire, provoquent le pire. La remontée du taux d'épargne des ménages qui il faut le rappeler est en France un des élevés d'Europe traduit la volonté des Français de se protéger. Les appels incessants à consommer modérément, à faire attention a par nature des conséquences. De manière inconsciente, les consommateurs doivent se dire que si les pouvoirs publics et la presse sont à ce point alarmistes, c'est que la situation est très grave. A ce titre, malgré le déferlement médiatique, il faut saluer la maitrise des épargnants qui n'ont pas cédé à la panique durant les dures semaines du mois de septembre et d'octobre. Mais, il faut convenir qu'il ne faudrait pas que la tonalité des propos des manipulateurs de symbole reste coincé sur le noir. Le risque serait l'enclenchement d'une spirale d'anticipations négatives qui ne pourraient que générer la dépression. Ne soyons pas nous mêmes les responsables de notre mort.
samedi 14 février 2009
En haut du pic de Dante, de quels côtés, allons-nous tombés ? Inflation ou dépression et si on décidait de ressusciter Ronald Reagan
En haut du pic de Dante, de quels côtés, allons-nous tombés ?
Inflation ou dépression et si on décidait de ressusciter Ronald Reagan
Face à la première grande crise économique du 21ème siècle, les experts hésitent entre deux scénarios, le retour de l’inflation ou l’enfermement dans la déflation.
Tout concourt à ce que les réactions des pouvoirs publics pour circonvenir la crise financière engendrent de l’inflation. En effet, jamais autant de liquidités n’ont été mises sur le marché. Les Banques centrales ont injecté des centaines de milliards de dollars pour éviter un blocage complet du marché interbancaire ; elles ont abaissé leurs taux d’intervention à des niveaux sans précédent et, surtout, elles ont été contraintes à se devenir banquier en prêtant directement de l’argent. La fameuse planche à billets est ainsi de retour. Jusqu’à maintenant, les liquidités sont stérilisées du fait de l’absence de confiance au sein de la sphère financière. Les autres entreprises et en premier lieu les PME n’ont plus accès au financement bancaire. Pour éviter l’étranglement, les grandes entreprises émettent des obligations à des taux élevés surtout si en prenant en compte les taux des Banques centrales. Du fait de leurs besoins en trésorerie et de l’intégration d’un facteur de risque lié à une éventuelle faillite, le taux des obligations d’entreprises atteignent 7 à 8 %. Le service de la dette s’en trouve d’autant accru. Or, en période de récession, un surcroit de charges ne peut que se traduire que par une réduction des marges et des restructurations.
De ce fait, les Etats pour éviter des faillites en chaine sont obligés de prêter en bonifiant plus ou moins les taux d’intérêt aux banques et à certaines entreprises, en particulier celles appartenant au secteur automobile (en France et aux Etats-Unis). Il en résulte une progression sans précédent de l’endettement public.
Cette double montagne de dettes et de liquidités doit avec la multiplication des plans de relance se muer en inflation. Pour certains, le retour de l’inflation constituerait une bonne nouvelle car il signifierait que la récession serait derrière nous. Pour d’autres, ce serait la seule solution pour effacer rapidement les milliards d’euros ou de dollars de dettes.
Le retour de l’inflation serait favorisé par les plans de relance qui devraient provoquer un afflux d’argent pour certains secteurs d’activités, en particulier, les travaux publics. Par ailleurs, il y a une forte pression sociale de revalorisation des salaires. A tort ou à raison, les salariés considèrent qu’ils ont été les principales victimes de la mondialisation. Même si la crise se traduit par une recrudescence du chômage, les revendications salariales demeurent comme en témoignent les grèves dans les départements et territoires d’outre mer. La focalisation du débat sur les bonus, les rémunérations des traders et des PDG s’inscrit dans ce processus. Les banquiers et les chefs d’entreprise sont accusés d’être les responsables de la crise actuelle. Du fait que le chômage est au cœur des débats depuis un quart de siècle et que la politique de désinflation compétitive soi disant en vigueur depuis 1983 aurait échoué, il y a une attente forte pour une augmentation des salaires et rattraper le retard accumulé depuis vingt ans.
Pour sortir de la stagflation des années soixante dix, les pouvoirs publics ont instauré des politiques globales de désindexation et de libéralisation des secteurs dits protégés (télécommunication, transports, énergie…). Si dans les années soixante, le partage de la valeur ajoutée a été favorable aux salariés, il n’en a été pas été de même dans les années quatre-vingt et dans la première partie des années quatre-vingt-dix. Pour contrecarre cette stagnation relative du pouvoir d’achat, les deux catégories de pays peuvent être distinguées : d’un côté les pays anglo-saxons, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui ont facilité l’accès au crédit des ménages ; de l’autre côté, les pays européens qui ont privilégié le maintien d’un système élevé de protection sociale en recourant à l’endettement public. A l’endettement privé des Etats-Unis répond l’endettement des pouvoirs publics en Europe à cette nuance près qu’avec la guerre en Irak, l’Etat fédéral américain est devenu fortement emprunteur.
Le grippage de ce modèle est intervenu avec la remontée des taux d’intérêt en liaison avec les menaces inflationnistes générées par la hausse des cours des matières premières à la fin de l’année 2007 et au premier semestre 2008 et par la saturation du marché immobilier américain. L’incapacité des Américains les plus pauvres à rembourser leur prêt immobilier s’ajoutait à celle des Etats européens de gérer avec plus de rigueur leurs finances publiques.
Pour sortir de ce marasme, des experts prônent une augmentation de la demande par les salaires au risque d’enclencher une spirale inflationniste. Le plan américain comportant d’importantes baisses d’impôt peut être un facteur déclencheur. Il pourrait du fait de l’ampleur des déficits publics et du déficit récurrent de la balance commerciale entraîner une dépréciation du dollar qui tout à la fois serait source d’inflation mondiale et également générateur de crise pour les pays de la zone euro.
Ce scénario n’est pas celui qui rencontre le plus d’adeptes. Compte tenu de la méfiance généralisée des acteurs économiques, de la lenteur du cantonnement et de l’effacement des actifs dits toxiques, les partisans d’un cycle de déflation à la japonaise sont nombreux.
Malgré la succession de plans, malgré l’abaissement des taux d’intervention des banques centrales, malgré les prêts des Etats ou la nationalisation de certains établissements financiers, les bourses sont toujours orientées à la baisse. De financière, la crise est devenue économique. Faute de crédits et en raison de surproduction (automobile, aluminium, sidérurgie), des secteurs entiers se sont arrêtés nets au quatrième trimestre 2008. Jamais depuis cent ans, le passage de la croissance à la récession n’avait été aussi rapide. Cette absence de transition est certainement imputable au développement des nouvelles techniques de communication qui permettent un suivi en direct des marchés et de la flexibilité développée ces dernières années dans les processus de production.
L’alliance de la méfiance et de la récession peut provoquer une bulle dépressive. La dépréciation des actifs incite les ménages à les reconstituer en maintenant un taux élevé d’épargne. De même, l’endettement accru des Etats aboutit à capter une part croissante de l’épargne mondiale. Il n’est pas garanti que les Etats soient les mieux placés pour effectuer une allocation optimale des actifs. Si la spirale récessionniste n’est pas cassée, la montée du chômage ne pourra conduire qu’à peser sur les prix et à augmenter l’endettement. L’incapacité d’un nombre croissant d’acteurs à rembourser leurs dettes pourra également contribuer à plonger l’économie dans la dépression. Après la crise du marché interbancaire, certains spéculent sur une crise du marché obligataire. Le maintien de taux élevé sur ce marché peut provoquer une véritable défiance et une dépréciation des vieux portefeuilles obligataires. Aujourd’hui, les obligations sont devenues une valeur refuge qui peut rapidement se fissurer surtout si quelques grands émetteurs faisaient faillite. Certes, a priori, les grands Etats ne peuvent pas faire faillite ce qui explique le succès des bons du Trésor américains qui aspirent des volumes croissants de capitaux en provenance de Chine et des autres pays émergents en particulier. Il y a en la matière un consensus implicite américano-chinois. Le financement de l’économie américaine est indispensable pour éviter que le vélo chinois ne tombe d’un coup. Le mode actuel de développement de la Chine repose sur les exportations ; si le marché américain se tarit, ce sont des dizaines de millions de Chinois qui risquent d’errer à la recherche d’un emploi ou de subsistances. Les autorités chinoises craignent par dessus-tout une agrégation des mécontentements sociaux et politiques. Le régime tient avant tout par sa capacité à assouvir la soif de consommation d’une part croissante de la population. Le passage de la croissance de plus de 12 à moins de 5 % constitue une tragédie qui a pour conséquences le lancement d’un plan de soutien sans équivalent à l’échelle mondiale de l’économie.
La montée aux extrêmes n’est pas à exclure. Depuis une quinzaine d’années, l’occident a accepté une désindustrialisation avec en contrepartie l’obtention de gains de pouvoir d’achat liés à l’importation d’un volume croissant de produits bon marché. En période de crise, la tentation protectionniste est naturelle ; elle l’est aujourd’hui encore plus que le nombre des concurrents s’est accru avec la mondialisation et la diffusion rapide des techniques. La dernière décennie a vu la banalisation de productions autrefois exclusivement réservées aux pays occidentaux. Les voitures peuvent être indifféremment produites en France, aux Etats-Unis, au Japon, en Chine ou en Slovénie. Il en est de même pour les trains, les produits pharmaceutiques, l’informatiques et bientôt pour les avions. La guerre entre les sociétés pour capter une part des marchés des pays émergents a favorisé les transferts de connaissance. Il en résulte une baisse des coûts. La multiplication de centres de production dans les pays à faibles coûts ne peut avoir que des conséquences sur l’emploi des pays occidentaux tant que ces pays n’ont pas réussi à développer un marché intérieur. Par ailleurs, illusionné par les gains financiers et les gains de coûts générés par les importations, les entreprises occidentales ont peu investi dans la recherche développement ces dernières années. La preuve en est fournie par l’automobile. Malgré la pression écologique et les perspectives à moyen terme d’épuisement des ressources pétrolières, les firmes occidentales n’ont que faiblement investi dans de nouveaux modes de propulsion. Elles se sont contentées d’améliorer le vieux moteur à explosion en lui greffant des puces électroniques. L’introduction de nouveaux matériaux reste limitée aux modèles haut de gamme. Le secteur de l’aviation a plus investi dans la recherche développement car il avait été lourdement frappé par les précédentes crises. La rentabilité des compagnies aériennes est toujours très fragiles obligeant les constructeurs d’avions a proposé des modèles de plus en plus économes. L’informatisation des modes de production et la généralisation des commandes numériques comme des matériaux composites ont modifié en profondeur le processus de production des avions sans pour autant révolutionner le secteur. L’échec du Concorde a marqué la fin d’un cycle. De nombreuses techniques arrivent à maturité et sont donc en voie de vulgarisation. Enfants de la seconde guerre mondiale, elles ont permis de changer le monde et aboutissent aujourd’hui à engendrer un nouvel équilibre économique international.
L’absence de nouveaux gisements de croissance est en soi porteur de récession et de déflation. L’absence de perspectives de gains à venir peut contribuer à renforcer le courant de dépréciation des actifs.
Le retour des Etats-Unis sur le devant de la scène dans les années quatre-vingt s’était construit, du moins au niveau de la symbolique, sur le projet de la guerre des étoiles de Ronald Reagan. Derrière ce projet, un chantier mondial de recherche avait été lancé offrant des perspectives à de nombreux laboratoires de recherches et de nombreuses entreprises.
En cette fin de première décennie du 21ème siècle, le défi écologique se pose à tous les Etats. Nous sommes pleinement conscients que la cohabitation pacifique de 9 milliards d’habitants d’ici quelques années suppose une révolution économique et technologique. Produire plus et mieux, tel est l’objectif à atteindre. Le G 20 en s’inspirant de la démarche de Ronald Reagan devrait lancer un plan de recherche sur les nouvelles énergies, sur l’agriculture mais aussi sur la lutte contre certaines maladies liées à l’âge. Tous les grands pays et la Chine, en premier, seront confrontés au vieillissement de la population et de la dépendance or en l’état actuel nul ne sait comment régler les problèmes que cela génèrent. Au lieu de jeter de relancer par la demande, il convient de redonner un sens, un espace de développement à l’économie mondiale.
Inflation ou dépression et si on décidait de ressusciter Ronald Reagan
Face à la première grande crise économique du 21ème siècle, les experts hésitent entre deux scénarios, le retour de l’inflation ou l’enfermement dans la déflation.
Tout concourt à ce que les réactions des pouvoirs publics pour circonvenir la crise financière engendrent de l’inflation. En effet, jamais autant de liquidités n’ont été mises sur le marché. Les Banques centrales ont injecté des centaines de milliards de dollars pour éviter un blocage complet du marché interbancaire ; elles ont abaissé leurs taux d’intervention à des niveaux sans précédent et, surtout, elles ont été contraintes à se devenir banquier en prêtant directement de l’argent. La fameuse planche à billets est ainsi de retour. Jusqu’à maintenant, les liquidités sont stérilisées du fait de l’absence de confiance au sein de la sphère financière. Les autres entreprises et en premier lieu les PME n’ont plus accès au financement bancaire. Pour éviter l’étranglement, les grandes entreprises émettent des obligations à des taux élevés surtout si en prenant en compte les taux des Banques centrales. Du fait de leurs besoins en trésorerie et de l’intégration d’un facteur de risque lié à une éventuelle faillite, le taux des obligations d’entreprises atteignent 7 à 8 %. Le service de la dette s’en trouve d’autant accru. Or, en période de récession, un surcroit de charges ne peut que se traduire que par une réduction des marges et des restructurations.
De ce fait, les Etats pour éviter des faillites en chaine sont obligés de prêter en bonifiant plus ou moins les taux d’intérêt aux banques et à certaines entreprises, en particulier celles appartenant au secteur automobile (en France et aux Etats-Unis). Il en résulte une progression sans précédent de l’endettement public.
Cette double montagne de dettes et de liquidités doit avec la multiplication des plans de relance se muer en inflation. Pour certains, le retour de l’inflation constituerait une bonne nouvelle car il signifierait que la récession serait derrière nous. Pour d’autres, ce serait la seule solution pour effacer rapidement les milliards d’euros ou de dollars de dettes.
Le retour de l’inflation serait favorisé par les plans de relance qui devraient provoquer un afflux d’argent pour certains secteurs d’activités, en particulier, les travaux publics. Par ailleurs, il y a une forte pression sociale de revalorisation des salaires. A tort ou à raison, les salariés considèrent qu’ils ont été les principales victimes de la mondialisation. Même si la crise se traduit par une recrudescence du chômage, les revendications salariales demeurent comme en témoignent les grèves dans les départements et territoires d’outre mer. La focalisation du débat sur les bonus, les rémunérations des traders et des PDG s’inscrit dans ce processus. Les banquiers et les chefs d’entreprise sont accusés d’être les responsables de la crise actuelle. Du fait que le chômage est au cœur des débats depuis un quart de siècle et que la politique de désinflation compétitive soi disant en vigueur depuis 1983 aurait échoué, il y a une attente forte pour une augmentation des salaires et rattraper le retard accumulé depuis vingt ans.
Pour sortir de la stagflation des années soixante dix, les pouvoirs publics ont instauré des politiques globales de désindexation et de libéralisation des secteurs dits protégés (télécommunication, transports, énergie…). Si dans les années soixante, le partage de la valeur ajoutée a été favorable aux salariés, il n’en a été pas été de même dans les années quatre-vingt et dans la première partie des années quatre-vingt-dix. Pour contrecarre cette stagnation relative du pouvoir d’achat, les deux catégories de pays peuvent être distinguées : d’un côté les pays anglo-saxons, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui ont facilité l’accès au crédit des ménages ; de l’autre côté, les pays européens qui ont privilégié le maintien d’un système élevé de protection sociale en recourant à l’endettement public. A l’endettement privé des Etats-Unis répond l’endettement des pouvoirs publics en Europe à cette nuance près qu’avec la guerre en Irak, l’Etat fédéral américain est devenu fortement emprunteur.
Le grippage de ce modèle est intervenu avec la remontée des taux d’intérêt en liaison avec les menaces inflationnistes générées par la hausse des cours des matières premières à la fin de l’année 2007 et au premier semestre 2008 et par la saturation du marché immobilier américain. L’incapacité des Américains les plus pauvres à rembourser leur prêt immobilier s’ajoutait à celle des Etats européens de gérer avec plus de rigueur leurs finances publiques.
Pour sortir de ce marasme, des experts prônent une augmentation de la demande par les salaires au risque d’enclencher une spirale inflationniste. Le plan américain comportant d’importantes baisses d’impôt peut être un facteur déclencheur. Il pourrait du fait de l’ampleur des déficits publics et du déficit récurrent de la balance commerciale entraîner une dépréciation du dollar qui tout à la fois serait source d’inflation mondiale et également générateur de crise pour les pays de la zone euro.
Ce scénario n’est pas celui qui rencontre le plus d’adeptes. Compte tenu de la méfiance généralisée des acteurs économiques, de la lenteur du cantonnement et de l’effacement des actifs dits toxiques, les partisans d’un cycle de déflation à la japonaise sont nombreux.
Malgré la succession de plans, malgré l’abaissement des taux d’intervention des banques centrales, malgré les prêts des Etats ou la nationalisation de certains établissements financiers, les bourses sont toujours orientées à la baisse. De financière, la crise est devenue économique. Faute de crédits et en raison de surproduction (automobile, aluminium, sidérurgie), des secteurs entiers se sont arrêtés nets au quatrième trimestre 2008. Jamais depuis cent ans, le passage de la croissance à la récession n’avait été aussi rapide. Cette absence de transition est certainement imputable au développement des nouvelles techniques de communication qui permettent un suivi en direct des marchés et de la flexibilité développée ces dernières années dans les processus de production.
L’alliance de la méfiance et de la récession peut provoquer une bulle dépressive. La dépréciation des actifs incite les ménages à les reconstituer en maintenant un taux élevé d’épargne. De même, l’endettement accru des Etats aboutit à capter une part croissante de l’épargne mondiale. Il n’est pas garanti que les Etats soient les mieux placés pour effectuer une allocation optimale des actifs. Si la spirale récessionniste n’est pas cassée, la montée du chômage ne pourra conduire qu’à peser sur les prix et à augmenter l’endettement. L’incapacité d’un nombre croissant d’acteurs à rembourser leurs dettes pourra également contribuer à plonger l’économie dans la dépression. Après la crise du marché interbancaire, certains spéculent sur une crise du marché obligataire. Le maintien de taux élevé sur ce marché peut provoquer une véritable défiance et une dépréciation des vieux portefeuilles obligataires. Aujourd’hui, les obligations sont devenues une valeur refuge qui peut rapidement se fissurer surtout si quelques grands émetteurs faisaient faillite. Certes, a priori, les grands Etats ne peuvent pas faire faillite ce qui explique le succès des bons du Trésor américains qui aspirent des volumes croissants de capitaux en provenance de Chine et des autres pays émergents en particulier. Il y a en la matière un consensus implicite américano-chinois. Le financement de l’économie américaine est indispensable pour éviter que le vélo chinois ne tombe d’un coup. Le mode actuel de développement de la Chine repose sur les exportations ; si le marché américain se tarit, ce sont des dizaines de millions de Chinois qui risquent d’errer à la recherche d’un emploi ou de subsistances. Les autorités chinoises craignent par dessus-tout une agrégation des mécontentements sociaux et politiques. Le régime tient avant tout par sa capacité à assouvir la soif de consommation d’une part croissante de la population. Le passage de la croissance de plus de 12 à moins de 5 % constitue une tragédie qui a pour conséquences le lancement d’un plan de soutien sans équivalent à l’échelle mondiale de l’économie.
La montée aux extrêmes n’est pas à exclure. Depuis une quinzaine d’années, l’occident a accepté une désindustrialisation avec en contrepartie l’obtention de gains de pouvoir d’achat liés à l’importation d’un volume croissant de produits bon marché. En période de crise, la tentation protectionniste est naturelle ; elle l’est aujourd’hui encore plus que le nombre des concurrents s’est accru avec la mondialisation et la diffusion rapide des techniques. La dernière décennie a vu la banalisation de productions autrefois exclusivement réservées aux pays occidentaux. Les voitures peuvent être indifféremment produites en France, aux Etats-Unis, au Japon, en Chine ou en Slovénie. Il en est de même pour les trains, les produits pharmaceutiques, l’informatiques et bientôt pour les avions. La guerre entre les sociétés pour capter une part des marchés des pays émergents a favorisé les transferts de connaissance. Il en résulte une baisse des coûts. La multiplication de centres de production dans les pays à faibles coûts ne peut avoir que des conséquences sur l’emploi des pays occidentaux tant que ces pays n’ont pas réussi à développer un marché intérieur. Par ailleurs, illusionné par les gains financiers et les gains de coûts générés par les importations, les entreprises occidentales ont peu investi dans la recherche développement ces dernières années. La preuve en est fournie par l’automobile. Malgré la pression écologique et les perspectives à moyen terme d’épuisement des ressources pétrolières, les firmes occidentales n’ont que faiblement investi dans de nouveaux modes de propulsion. Elles se sont contentées d’améliorer le vieux moteur à explosion en lui greffant des puces électroniques. L’introduction de nouveaux matériaux reste limitée aux modèles haut de gamme. Le secteur de l’aviation a plus investi dans la recherche développement car il avait été lourdement frappé par les précédentes crises. La rentabilité des compagnies aériennes est toujours très fragiles obligeant les constructeurs d’avions a proposé des modèles de plus en plus économes. L’informatisation des modes de production et la généralisation des commandes numériques comme des matériaux composites ont modifié en profondeur le processus de production des avions sans pour autant révolutionner le secteur. L’échec du Concorde a marqué la fin d’un cycle. De nombreuses techniques arrivent à maturité et sont donc en voie de vulgarisation. Enfants de la seconde guerre mondiale, elles ont permis de changer le monde et aboutissent aujourd’hui à engendrer un nouvel équilibre économique international.
L’absence de nouveaux gisements de croissance est en soi porteur de récession et de déflation. L’absence de perspectives de gains à venir peut contribuer à renforcer le courant de dépréciation des actifs.
Le retour des Etats-Unis sur le devant de la scène dans les années quatre-vingt s’était construit, du moins au niveau de la symbolique, sur le projet de la guerre des étoiles de Ronald Reagan. Derrière ce projet, un chantier mondial de recherche avait été lancé offrant des perspectives à de nombreux laboratoires de recherches et de nombreuses entreprises.
En cette fin de première décennie du 21ème siècle, le défi écologique se pose à tous les Etats. Nous sommes pleinement conscients que la cohabitation pacifique de 9 milliards d’habitants d’ici quelques années suppose une révolution économique et technologique. Produire plus et mieux, tel est l’objectif à atteindre. Le G 20 en s’inspirant de la démarche de Ronald Reagan devrait lancer un plan de recherche sur les nouvelles énergies, sur l’agriculture mais aussi sur la lutte contre certaines maladies liées à l’âge. Tous les grands pays et la Chine, en premier, seront confrontés au vieillissement de la population et de la dépendance or en l’état actuel nul ne sait comment régler les problèmes que cela génèrent. Au lieu de jeter de relancer par la demande, il convient de redonner un sens, un espace de développement à l’économie mondiale.
lundi 9 février 2009
La lettre de Conseils Privés
De manière indépendante et avec l'appui de quelques spécialistes de l'économie et du droit, je publie, à compter de ce mois de février, une lettre d'information dénommée "Conseils Privés"
L'édito de la première lettre est consacrée aux risques liés aux excès de liquidités. Elle comprend par ailleurs plusieurs news sur le secteur de l'aluminium, sur le secteur de l'automobile ou sur celui du disque.
lire la lettre de Conseils Privés
L'édito de la première lettre est consacrée aux risques liés aux excès de liquidités. Elle comprend par ailleurs plusieurs news sur le secteur de l'aluminium, sur le secteur de l'automobile ou sur celui du disque.
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