mercredi 29 février 2012

Les épargnants jouent toujours à court terme

La Banque de France a rendu public les résultats de l'évolution de la masse monétaire au mois de janvier. Il e ressort une vive progression des dépôts à vue avec une hausse de 7,0 %.

L'encours des autres dépôts à court terme augmente de 9,3 %, après 8,8 %, en rythme annuel. Cette augmentation concerne en premier lieu les dépôts à terme de moins de deux ans (18,4 %, après 14,7 %).

Les titres d'OPCVM monétaires qui baissaient ces derniers mois fortement ont continué à diminuer mais moins fortement (- 5,4 %, après - 9,5 %).

La diminution des titres de créance à moins de deux ans détenus par les agents non financiers s'accélère (- 15,8 %, après - 4,2 %).La situation demeure toujours peu favorable à l'épargne longue.

Philippe Crevel sur France Info au sujet de la proposition de François Hollande d'instituer une tranche à 75 % pour l'IR

Philippe Crevel a été invité par France Info, le 28 février 2012 à commenter la proposition de François Hollande d'imposer les revenus supérieurs à 1 million d'euros au taux de 75 %.

Ecouter l'émission de France Info

Sur TF1 hier soir, le candidat socialiste a dit vouloir créer une nouvelle tranche d'impôt sur le revenu à 75%, pour les rémunérations supérieures à 1 million d'euros par an. Qu'en pensent les spécialistes en fiscalité et politique? Patrick Lelong rappelle que "le taux marginal d'imposition qui est le pourcentage sur la tranche la plus élevée de ce que vous gagnez alors que le taux moyen correspond à l'impôt que vous payez. Donc, 75% n'est pas le taux moyen mais le taux marginal…" Il estime donc que 3000 contribuables potentiels sont concernés. Selon Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants, "l'Etat ne fera pas fortune et si l'on gagne 500 à 600 millions d'euros, ce sera bien sachant que ces personnes sont extrêmement mobiles". Il note que "dans tous les pays européens, il y a une baisse du taux marginal de l'impôt sur les revenus". Stéphane Rozès, politologue, ajoute que "cette annonce de François Hollande se situe en phase avec l'opinion".

lundi 27 février 2012

La Réunion, malade de l'assistance

Les Réunionnais manifestent contre les prix trop élevés, un écart qui est de 12,4 % avec la métropole et près de 30 % pour l’alimentation. L’insularité n’explique qu’en partie les surcoûts que doivent supporter la population. L’absence de concurrence et surtout la politique de subventionnement généralisé constituent les deux grandes causes du calvaire de la Réunion. Le fait que l’économie de la Réunion soit avant tout tertiaire incite à l’inflation. En outre, toute la politique publique concourt à une envolée des prix. Ainsi, les primes dont bénéficient les fonctionnaires pour travailler à la Réunion, une majoration de 50 % de leur traitement de base génère une pression à la hausse sur les salaires limitant d’autant les possibilités de création d’emplois. Le taux de chômage atteint 29,5 % contre 9,3 % en métropole. Le nombre de bénéficiaires du RSA n’en finit pas d’augmenter, + 30 % ces derniers mois. Plus de 80 000 personnes touchent le RSA sur une population totale de 810 000 personnes.

Le cercle vicieux de l’assistanat s’est mis en place avec comme seul échappatoire pour les pouvoirs publics que d’accroitre les subventions et donc le désespoir. L’Ile qui doit faire face à une forte croissance démographique dispose d’atouts économiques non négligeables. Son agriculture avec la production du sucre de cannes, de café et de fruits exotiques pourrait avec une valorisation des produits être mieux utilisée tout comme le tourisme. Son positionnement dans l’Océan indien qui auparavant la mettait loin des routes touristiques devient, aujourd’hui, un atout avec le développement du pacifique et d’une partie de l’Afrique.

La Réunion n’est pas étanche, loin de là, à la croissance comme les années 90 et début des années 2000 l’ont prouvé. Il conviendrait non pas de déverser des flots de subventions mais d’agir structurellement afin d’asseoir une croissance plus pérenne capable d’absorber une population croissante. Il y a sans nul doute des moyens d’améliorer le transport au sein de l’Ile et poursuivre le programme d’amélioration de la route du Littoral. De même, il convient d’agir sur l’offre touristique qui est limitée par l’insuffisance des infrastructures de haut niveau, le nombre limité de voitures de location…

L’alignement des salaires et des prestations sociales sur la métropole peut se comprendre sur le plan de l’équité ; il a, en revanche, désorganisé complètement le système productif. Il apparaît donc nécessaire d’améliorer la productivité et de tirer vers le haut les prestations.

mercredi 15 février 2012

Allemagne tout va bien ou presque ?


L'OCDE, dans le cadre de sa dernière étude sur l'Allemagne, souligne que ce pays qui est devenu depuis quelques années un modèle pour la France, doit faire face à un certain nombre de menaces. La contraction du PIB allemand au 4ème trimestre souligne que ce pays n'échappe pas aux problèmes de la zone euro et que son destin lui est attaché.

L'OCDE inique clairement que l'Allemagne doit relever le défi du vieillissement de sa population et la faible demande interne. par ailleurs, la question énergétique se posera avec acuité compte tenu des choix opérés. L'Allemagne doit poursuivre son effort en matière d'investissement pour conserver son niveau de compétitivité.

Lire le rapport de l'OCDE

Croissance, heureuse surprise au 4ème trimestre pour la France


La France n'est pas en récession et l'année s'est mieux terminée que prévu. En effet, selon l'INSEE, le PIB a progressé de 0,2 % au quatrième trimestre  en volume après +0,3 % au troisième trimestre. 


En moyenne annuelle, la croissance est de 1,7 % en 2011, après +1,4 % en 2010. Ce taux de croissance a été obtenu grâce aux bons résultats du premier trimestre qui a permis de compenser l’essoufflement du second semestre. 


L'INSEE souligne que les dépenses de consommation des ménages ont faiblement progressé au dernier trimestre  (+0,2 % après +0,3 %). en revanche et cela constitue un point positif, la formation brute de capital fixe (FBCF)  s'est accru de 0,9 point contre 0,2  % au 3ème trimestre.


 Au total, la demande intérieure finale (hors stocks) contribue de nouveau positivement à la croissance du PIB : +0,3 point après +0,2 point. Les exportations augmentent au même rythme qu’à l’été (+1,2 %). Les importations ont diminué de 1,2 % quand elles avaient progressé de 0,7 % au 3ème trimestre. 


Le solde du commerce extérieur a donc contribué  positivement à la croissance : +0,7 point après +0,1 point.


Néanmoins, les variations de stocks ont joué négativement avec un recul de 0,8 point contre une contribution neutre au trimestre précédent.


Selon l'INSEE, la hausse de la production de biens et services a augmenté de 0,4 % contre 0,3 %.  La production s'est fortement accrue dans le secteur des matériels de transport (+4,6 % après –2,1 %), principalement aéronautiques, et en cokéfaction-raffinage (+3,9 % après –1,5 %). 


La  production a, en revanche, diminué dans les autres branches manufacturières et dans l’énergie-eau-déchets. En moyenne sur l’année, la production totale augmente de 2,2 % (après +1,6 % en 2010).


La consommation qui représente 80 % du PIB n'a augmenté que de 0,2 % au quatrième trimestre contre 0,3 % au troisième. Les dépenses d’énergie-eau-déchets ont diminué de 3,6 % après une augmentation de 5,7 % du fait du  climat doux. 


Les dépenses alimentaires ont poursuivi leur mouvement de baisse avec –0,1 % après –0,8 %). 


Les achats d’automobiles ont progressé contre toute attente à la fin de l 'année 2011. 


En moyenne sur 2011, les dépenses de consommation des ménages n'ont que très faiblement augmenté de 0,3 % après +1,3 %) et contribuent simplement pour +0,1 point à la croissance du PIB. La croissance française n'est plus portée par la consommation.


Si la France a échappé à une contraction de son PIB, ce n'est pas le cas de 6 pays de la zone euro dont le PIB a reculé de 0,3 % pour le PIB au 4ème trimestre. L'Italie, l'Espagne et  les Pays-Bas sont en récession. le Portugal, Chypre et la Grèce également. 


La  croissance de la zone euro s'est élevé à  1,5%, sur 2011. La France a obtenu un meilleur résultat que la moyenne de la zone. Les Etats-Unis ont enregistré une progression de 0,6 % au 4ème trimestre et la Chien a obtenu un gain de 2 %. Pour l'ensemble de l'Union européenne, le PIB est aussi en recul fin 2011 (-0,3%) et la performance sur l'ensemble de l'année est proche de celle de la zone euro (+1,6% en 2011). 

Le sondage 2012 du Cercle des Epargnants "les Français, l'épargne et la retraite"



Le Cercle des Epargnants a présenté sa dixième enquête, "Les Français, l'épargne et la retraite" le 15 février 2012. Ce sondage aborde les points suivants :

  • L'épargne des Français face à la crise

  • L'assurance-vie et les Français, amour ou divorce ?

  • L'avenir de notre système de retraite


Les résultats détaillés de l'enquête 2012
L'analyse de Jérôme Jaffré
Les slides présentées à la conférence de presse
Le communiqué de presse

Les points marquants de l’enquête « 2012 » du Cercle des Epargnants :

  • Les Français anticipent une baisse des pensions d’ici la cessation de leurs activités. Ils sont prêts à accepter un éventuel report de l’âge de départ à la retraite
  • La crise commence à modifier le comportement des épargnants français en pesant sur leur capacité d’épargne. Les Français entendent privilégier la sécurité et refusent tout engagement à risque à long terme
  • Les Français restent profondément attachés à l’assurance-vie qui demeure le principal support d’épargne pour la préparation de la retraite et ils sont favorables au maintien de son régime fiscal


***

LA RETRAITE, LES FRANÇAIS ENTRE PESSIMISME ET REALISME

La retraite, un sujet majeur de préoccupation pour les Français

La retraite comme les années précédentes reste en tête des priorités sociales des Français avec 10 points de plus par rapport à l’assurance-maladie et 20 points devant l’aide au logement. Néanmoins, fort logiquement, le chômage constitue une préoccupation croissante pour les Français.

Les Français anticipent une baisse future des pensions

63 % des Français pensent que les pensions diminueront pour ceux qui prendront leur retraite d’ici quelques années. 23 % pensent qu’elles resteront stables et 13 % qu’elles augmenteront.

Ce sont les jeunes actifs, les cadres et les indépendants qui sont les plus inquiets face à l’évolution des pensions. 78 % des indépendants pensent que les pensions diminueront contre 56 % pour les employés.

La sensibilité vis-à-vis des retraites est la plus forte chez les employés, les ouvriers et les retraités. Elle est plus forte que la moyenne chez les revenus moyens et aisés ainsi que chez les sympathisants de droite. La retraite est un sujet prioritaire chez les plus de 35 ans.

Degré d’inquiétude face à la retraite

Seulement 19 % des Français sont confiants quand ils pensent à la retraite contre 25 % en 2011 et 26 % en 2008.

60 % des Français se déclarent inquiets pour leur retraite contre 57 % en 2011 et 61 % en 2010.

La question des retraites ne semble pas réglée pour les Français et ils sont de ce fait inquiets face aux éventuelles solutions que les pouvoirs publics pourraient mettre en œuvre.

Les Français semblent admettre que la pérennité du système de retraite imposera de nouveaux efforts Les Français n’ont pas une vision très claire des évolutions envisageables pour notre système de retraite. Ils se partagent entre le statuquo, l’instauration d’un régime par points ou le développement d’un système mixte associant répartition et capitalisation. Les Français de 50 à 64 ans ainsi que le cœur des classes moyennes se prononcent en faveur du maintien du système actuel et expriment une crainte d’une remise en cause éventuelle de leur future retraite.

La réforme des retraites de 2010 semble actée par les Français
BR> Le principal point de la réforme 2010 était le report de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite et de 65 à 67 ans de l’âge de la retraite à taux plein. Les Français ne se font pas beaucoup d’illusion sur un éventuel retour de l’âge de la retraite à 60 ans en cas d’alternance au mois de mai prochain.

L’âge légal à 65 ans pourquoi pas

Cette acceptation du report à 65 ans a évolué de 2011 à 2012. Ainsi 58 % des sondés estiment que ce report sera nécessaire d’ici une dizaine d’années contre 30 % en 2011.

En 2011, 61 % des sondés jugeaient un tel report comme « pas nécessaire » contre 39 % au mois de janvier 2012.

EPARGNER POUR LA RETRAITE, UN OBJECTIF QUI RESISTE A LA CRISE

53 % des sondés déclarent épargner pour leur retraite contre 54 % en 2011. Le taux le plus élevé de ces sept dernières années avait été atteint en 2009 avec 59 %. Il y a une stabilité sur les intentions en la matière. En revanche, le fait d’épargner régulièrement a baissé passant de 22 à 17 % de 2006 à 2012. Il est resté stable par rapport à 2011 (16 %).

Ce sont les 25/34 ans qui déclarent le plus épargner (59 %) devant les 35/49 ans (56 %).

Ce sont les indépendants et les cadres supérieurs qui peuvent épargner pour leur retraite. 70 % de ceux qui ont une rémunération de plus de 4500 euros par mois déclarent épargner contre 37 % de ceux qui gagnent moins de 1000 euros par mois.

LES EPARGANTS FACE A LA CRISE

Les Français attentistes en 2012

Les Français, à 52 %, n’ont pas, en effet, l’intention, en 2012, de puiser dans l’épargne, ni d’accroitre leur effort d’épargne.

Les Français, des fourmis qui jouent la prudence

Les Français, face à la crise, sont assez conservateurs et n’ont pas l’intention de souscrire de nouveaux produits d’épargne.

Les intentions de souscription reculent quels que soient les produits à court ou long terme. Plus le produit d’épargne est lié aux actions, plus la réticence est forte. Ainsi, 83 % des sondés n’ont pas l’intention de souscrire un Plan d’épargne en actions contre 26 % pour les Livrets A.

Quels sont les meilleurs placements pour l’épargne ?

En période de crise, les Français plébiscitent les valeurs sûres : l’immobilier, le Livret A et l’assurance vie.

L’immobilier est choisi par les tranches d’âge de 25 à 49 ans avec un taux supérieur à 40 %. Les contrats d’assurance-vie sont préférés par les plus de 35/49 ans et les plus de 65 ans.

Les Français ne veulent pas une remise en cause de la fiscalité de l’assurance-vie En cette période de chasse aux niches fiscales, 41 % des sondés sont favorables au maintien des dispositifs en faveur de l’épargne à long terme (PEA, assurance-vie…) et 26 % au maintien des avantages fiscaux en faveur de l’épargne à court terme.

29 % indiquent que l’Etat ne doit encourager ni l’épargne à court terme, ni celle à long terme. Ce sont les jeunes qui sont les plus favorables au maintien des incitations en faveur de l’épargne à long terme.

90 % des Français sont pour le maintien du régime en faveur de l’assurance-vie et 82 % pour celui en faveur du PERP. Sans surprise, le Livret A fait l’objet d’un consensus avec 93 % des Français favorables au maintien de l’exonération. L’épargne salariale qui fait l’objet de remises en cause périodiques bénéficie du soutien de 95 % des Français.

PAS DE DIVORCE ENTRE LES FRANÇAIS ET L’ASSURANCE-VIE

La préparation de la retraite et l’assurance-vie, un couple solide

La retraite reste le premier motif d’épargne dans le cadre d’un contrat d’assurance-vie. 51 % des détenteurs d’un tel contrat mettent en avant ce motif devant la constitution d’une réserve d’argent pour aider sa famille (40 %) et la préparation de sa succession (26 %).

La motivation « retraite » arrive en tête pour toutes les classes d’âge sauf pour les plus de 60 ans qui sont par nature à la retraite.

Pas de rachats massifs en perspective

85 % des détenteurs de contrats d’assurance-vie n’entendent pas effectuer de rachats dans les prochains mois.

Parmi ceux qui pensent effectuer un rachat, seuls 2 % veulent le faire afin de placer leur épargne sur un autre produit financier.

mercredi 8 février 2012

Pour rééquilibrer son commerce extérieur, la France doit importer plus

Il y a dix ans, ; la France dégageait un excédent commercial de 3,5 milliards d’euros quand, en 2011, le déficit a atteint 69,6 milliards d’euros. Les parts de marché à l’exportation de la France à l’exportation ne s’élèvent plus qu’à 3,3 % soit une diminution de près de moitié en dix ans.

L’augmentation de la facture énergétique explique les trois quarts de la dégradation de notre balance commerciale mais elle ne saurait expliquer notre rapide recul en matière d’exportations. Certes, l’Allemagne a également reculé du fait de la percée des pays émergents mais ses pertes n’ont été que de 20 % en dix ans avec une stabilisation voire un léger rebond ces dernières années.

Le recul structurel de la France s’explique, en partie, par l’accroissement des coûts salariaux (avant tout les salaires plus que les charges) mais surtout par un tissu industriel anémié (par l’augmentation des coûts en relation avec les 35 heures). Notre tissu économique est composé de grands groupes internationalisés (plus nombreux que pour l’Allemagne) et qui ont pu se soustraire des contraintes nationales et de petites entreprises de taille trop réduite pour accéder aux marchés internationaux.

Le mode d’organisation des entreprises françaises est peu propice à l’exportation. Au contraire, il favorise les importations de produits finaux. Les entreprises françaises ne tirent pas suffisamment profit de la spécialisation internationale pour valoriser la production dite nationale.

La France n’est pas malade de ses importations mais de la faiblesse de ses exportations. Il faut, à ce titre, souligner que notre ouverture sur l’extérieur est plus faible que l’Allemagne ou la moyenne des pays de la zone euro. Les importations et les exportations représentent 44 % du PIB en Allemagne contre 35 % en France et 42 % dans la zone euro.

L’Allemagne a su mieux utiliser les avantages procurés par le commerce international. Ainsi, l’Allemagne importe au total 73 % de plus que la France. Avant 2009, le taux de croissance des importations allemandes n’était supplanté que par celui de l’Espagne. La part des importations issue des pays à bas salaires progresse plus vite en Allemagne que chez ses partenaires : +12 % de 1994/2006 contre + 11 % en Espagne et + 8 % en France

L’Allemagne importe 45 % de plus de biens intermédiaires que la France. Elle importe des biens sophistiqués fabriqués dans les pays de l’Europe de l’Est ou en France. Elle joue à plein la théorie des avantages comparatifs. Elle profite du niveau de formation élevé dans les PECO à la différence de la France qui externalise des fabrications à faible valeur ajoutée.

Les entreprises françaises ont choisi de délocaliser l’ensemble des structures de production quand les entreprises allemandes ont opté pour l’importation des composants et le maintien du montage. L’Allemagne a obtenu par son mode de production une réduction de coûts de 20 points soit bien plus que les effets de la maitrise des coûts salariaux.

Le problème de la France est, certes, lié à un problème de coûts notamment salariaux et de marges mais il est avant la résultante d’un mauvais positionnement économique.

La France n’a pas su élever son niveau de production. Les produits français ne sont pas faiseurs de prix, ils ne sont pas la référence. Les acheteurs choisissent les produits français selon un critère de coût et non parce qu’ils sont les meilleurs. De ce fait, les entreprises françaises sont plus sensibles que leurs homologues allemandes à l’appréciation de l’euro. Pour lutter contre leurs concurrents, elles sont obligées d’aligner les prix voire d’être moins-disantes et donc rogner leurs marges. Or, la contraction des marges entraînent bien souvent la réduction des investissements ce qui nuit à la compétitivité des entreprises. Les marges bénéficiaires ont augmenté sur moyenne période en Allemagne, sont restées stables en Espagne mais ont baissé en France et en Italie.

Les entreprises françaises n’ont pas réussi à compenser l’augmentation des coûts salariaux par des gains de productivité suffisants à la différence des entreprises suédoises.

Un niveau de gamme élevé permet de compenser un coût salarial élevé comme en Suède ou en Allemagne à la différence de la France.

Les entreprises françaises n’ont pas réussi à se positionner sur le premium du fait de tradition ou par manque d’investissement. Il faut souligner que les secteurs sur lesquels la France a une position de premium, résistent à la concurrence internationale. Il s’agit du luxe et de l’aéronautique.

L’arrêt de l’hémorragie industrielle passe par une montée en gamme, condition également sine qua non de l’amélioration de la balance commerciale.

La plus grave erreur à commettre serait de se réfugier dans un pseudo-protectionnisme. En effet, c’est en jouant sur les complémentarités que les entreprises françaises pourront regagner des parts de marché. Il convient de ne pas oublier que 50 % de la valeur ajoutée d’un Airbus dépend de sous-traitants extérieur à la zone euro et que 40 % de celle d’un Boeing Dreamliner dépend de sous-traitants extérieurs aux USA.

Par ailleurs, si un I Phone fabriqué en Chine et exporté, rapporte brut 179 dollars aux fabricants chinois, la valeur de l’assemblage effectué par la Chine est de 6,50 dollars soit moins de 4 % u total du prix final. L’apport du Japon sur l’ensemble du process est en revanche de 34 %, pour l’Allemagne de 17 %, pour la Corée 13 % et pour les Etats-Unis 6 %.

L’instauration de protections en Europe n’est possible que s’il y a possibilité de substitution ce qui est loin d’être le cas. Les exportateurs chinois ou des pays émergents ont la possibilité de fixer les prix car il n’y a pas de concurrents locaux. La première victime du protectionnisme serait le consommateur.

TVA sociale, quel impact ?

Philippe Crevel a été interviewé sur l'impact économique de la  TVA sociale par RMC. Il est intervenu en particulier sur le sujet de  l'éventuelle augmentation des prix du fait du relèvement de 1,6 point du taux normal de TVA décidé au Conseil des Ministres du 8 février avec une application prévue au mois d'octobre 2011.

Du fait de la compression des marges des entreprises et malgré la diminution des charges patronales, il est fort probable que les prix augmentent de 0,5 à 0,6 point sur les neuf mois suivant l'introduction de la TVA sociale.

Aller sur le site de RMC

mercredi 1 février 2012

La lettre du Cercle des Epargnants N° 67 - février 2012

Au sommaire de la lettre N° 67 du Cercle des Epargnants :
  • L'édito du Secrétaire général "L'épargnant est-il fou ?"
  • L'Asie/Pacifique n'échappera pas à la question des retraites
  • La City de demain sera-t-elle moscovite ?
  • To be or not to be rich ?
  • L'Afrique, le nouvel eldorado des épargnants ?
  • la France gagnée par une inflation de centenaires
  • les taux d'intérêt doivent remonter
  • L'immobilier face au freinage du crédit
Lire la lettre N°67-février 2012