Une croissance contrariée par le commerce extérieur
Le PIB n’a augmenté, en France, que de 0,3 % au premier
trimestre 2017 faisant suite à une hausse de 0,5 % au dernier trimestre de l’année
dernière. Plusieurs facteurs ont contribué à ce résultat décevant. La
consommation a été en recul quand la production industrielle a nettement marqué
le pas. Le solde extérieur a, de son côté, pesé lourdement sur la croissance
française en raison de la contraction des exportations et de la vive
augmentation des importations. Heureusement, l’investissement a en partie
compensé l’impact du commerce extérieur.
Déception sur le
front de la consommation
La consommation des ménages n’a progressé que de 0,1 % au
cours du premier trimestre contre +0,6 % au 4e trimestre. Les ménages
ont moins acheté de biens (-0,4 %) mais ont maintenu leur consommation de
services qui progresse de 0,5 %.
Le relèvement des prix de l’énergie a pesé sur le pouvoir d’achat.
Par ailleurs, les ménages face à la multiplication des incertitudes nationales
et internationales ont maintenu un fort d’épargne.
La consommation d’énergie se replie fortement (−3,8 % après
+3,7 %) : les températures de l’hiver 2017 ont été plutôt douces pour la
saison, après un automne 2016 frais. Les achats en biens fabriqués ralentissent
(+0,4 % après +1,0 %), principalement du fait d’un repli des achats de
véhicules. En revanche, la consommation alimentaire rebondit légèrement (+0,3 %
après −0,3 %).
L’investissement, la
bonne nouvelle du trimestre
L’investissement a vivement progressé au cours du premier trimestre,
+0,9 % contre +0,6 % au 4e trimestre 2016. L’investissement des
entreprises a augmenté de 1,3 %. Cette hausse concerne tous les domaines,
Ainsi, la formation brute de capital fixe est en augmentation de 1,2 % pour les
services marchands, de 0,3 % pour la construction et de 1,5 % pour la
production manufacturière. Cette hausse de l’investissement est évidemment une
bonne nouvelle. Elle ne peut que contribuer à fortifier la croissance. Elle est
la condition sine qua non de l’amélioration de la compétitivité de l’économie
française.
L’investissement des ménages est de son côté, également en
hausse de 0,9 % soit le même rythme qu’au 4e trimestre 2016. Les
achats immobiliers sont toujours en progrès et bénéficient toujours des taux d’intérêt
bas.
La contrainte
extérieure se rappelle à la France
Le commerce extérieur est toujours le talon d’Achille de l’économie
française. Le déficit de la balance commerciale qui a atteint 48 milliards d’euros
en 2016 ne semble pas être sur le point de se résorber. En effet, au cours du
premier trimestre, les exportations ont diminué de 0,7 % et les importations
ont progressé de 1,5 %. DE ce fait, le
solde extérieur a pesé négativement de 0,7 point sur la croissance. La France n’arrive
toujours pas à regagner des parts de marché du fait d’un positionnement
toujours trop gamme moyenne. L’amélioration du taux de marge des entreprises constatée
depuis 2016 met du temps à se faire ressentir sur les exportations. Les
entreprises ont avant tout amélioré leur profitabilité afin de pouvoir
investir. En la matière, la progression de l’investissement pourrait permettre
une amélioration du commerce extérieur d’ici quelques mois.
La production en
souffrance
La production totale de biens et services a faiblement
augmenté au cours des trois premiers mois de l’année, +0,3 % après +0,6 %).
La production de biens s’est contractée de 0,6 %. La
production industrielle française n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant
crise. Elle peine à se redresser du fait du sous-investissement accumulé ces
dernières années.
La production accélère dans la construction (+0,6 % après +0,2
%) et augmente de 0,6 % pour les services marchands.
Les entreprises ont
reconstitué leurs stocks
Après les fêtes, les entreprises ont reconstitué leurs
stocks. De ce fait, la contribution des variations de stocks à l’évolution du
PIB est de 0,6 point (après −0,2 point fin 2016). Elles augmentent notamment
dans les matériels de transport et les autres produits industriels (chimie,
pharmacie, plasturgie). Cette augmentation des stocks prouve que les
entreprises ont confiance dans l’avenir et qu’elles pensent que la croissance
se maintiendra dans les prochains mois à un niveau correct.
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La croissance française demeure toujours modeste. Les
derniers résultats concernant le nombre de demandeurs d’emploi et la production
industrielle ne permettent pas malgré la publication de nombreux indicateurs de
confiance encourageants d’anticiper une accélération de l’activité économique. La
demande intérieure reste peu dynamique et nos capacités à accroître nos parts
de marché à l’exportation sont, pour le moment, limités. Le calendrier
électoral ne permet pas en outre de lever rapidement certaines incertitudes. Il
faudra, en effet attendre, le second tour des élections législatives prévu le
18 juin pour connaître réellement les contours de la future politique
économique française. L’objectif de croissance de 1,5 % fixé par l’actuelle
majorité est ambitieux. Au rythme actuel, un taux de 1,1 à 1,3 % apparaît
plus crédible.