dimanche 29 juillet 2012

La lettre N°73 du Cercle des Epargnants : août 2012


Au sommaire de la lettre du Cercle des Epargnants N°73 du mois d'août :

 - L'édito du Cercle, le plomb, l'or et l'alchimiste
 - Le relèvement du plafond du Livret A en question
 - La France entre épargne et consommation, il faut choisir
 - La réforme des retraites ou les 12 travaux d'Astérix


 

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mercredi 25 juillet 2012

la zone euro a-t-elle raison d'avoir peur du mois d'août ?


Jusque dans les années 90, le mois de tous les dangers, de la crise de 1929 au krach de 1987 en passant par le premier choc pétrolier en 1973 ou le second en 1979 était octobre. L’automne était propice aux dérèglements économiques et politiques en tout genre. La crise de 2008 a également pris tout son relief à partir des mois de septembre et octobre.

Est-ce l’été qui génère des prises de conscience, qui révèle les dysfonctionnements ? Et il faut noter que la montée vers les crises ont tendance à se rapprocher du mois d’août quand avant elle intervenait fin octobre. On peut y voir l’effet de l’accélération de la diffusion des informations.

La crise des dettes publiques européennes est devenue un feuilleton estival. En 2011, il a tenu en haleine spécialistes et journalistes durant tous le mois d’août. Cette année, une fois depuis, l’Europe risque d’être au cœur de l’actualité à son corps défendant.

Après la Grèce, est-ce l’Espagne qui sera en première ligne ? Le niveau d’endettement de ses banques et la raréfaction des ressources pour les régions du fait de l’effondrement du secteur immobilier.

Le plan de sauvetage décidé au mois de juin ne suffira pas pour résoudre les problèmes espagnols. L’Espagne est confrontée à une récession et à une progression très dangereuse de son chômage.

Face à la remontée des taux qui dépassent 7 % dans la péninsule ibérique et face à la menace de perte du triple A pour l’Allemagne du fait de son rôle de pompier de la zone euro, des rumeurs circulent sur une sortie de l’Espagne et de la Grèce de la zone euro en plein mois d’août.

De telles rumeurs sont assassines et irrationnelles. Une sortie de l’Espagne signifierait l’éclatement de la zone euro. Une zone monétaire repose sur la solidarité et la confiance. Si un des membres ne pouvait pas être sauvé du naufrage, les investisseurs ne croiraient pas en la possibilité des Etats membres de sauver un autre Etat en difficulté. La défiance s’installerait et exigerait de la part des Etats membres de l’Union de prendre des mesures radicales, c'est-à-dire d’aller à toute vitesse vers le fédéralisme faute de quoi la fin de l’euro s’avancerait à grande vitesse. Le refus d’aider un pays en difficulté aurait pour conséquences de forcer les Etats membres d’aller dans une direction qu’ils refusent. L’ironie, c’est qu’un départ d’un pays de la zone euro pourrait générer des politiques qui pourraient sauver la Grèce, l’Espagne et d’autres de l’effondrement. Mais un tel comportement est pyromane avec le risque d’un feu incontrôlable. Le prix à payer d’une disparition de l’euro est en état difficilement quantifiable ; certains l’ont évalué à 10 % du PIB de la zone.

Les oiseaux de mauvais augures seront donc attentifs à la date du 15 août qui est toujours charnière dans l’année. C’est un 15 août que Richard Nixon a mis fin à la convertibilité du dollar en or en 1971. Le 15 août est tout à la fois une fête religieuse et une date de fin de vacances estivales. Pour surprendre les marchés et les journalistes, il est fréquent de retenir cette date mais à force d’être utilisée, la ficelle est devenue un peu grosse. Surtout, il faut espérer que le psychodrame européen n’aura pas lieu. Il est après plusieurs années de tensions au sein de la zone euro que des solutions doivent être trouvées pour obtenir l’indispensable assainissement tout en offrant des perspectives de croissance.

L’Europe doit se réindustrialiser et doit se réconcilier avec le progrès. La croissance, c’est du capital, du travail et du progrès technique avec si possible de l’énergie à bon marché. L’Europe manque pas de capital et dispose d’un fort volant de force de travail inemployée. Il faudrait renouer avec ce qui a permis à l’Europe de devenir le centre du monde au 19ème siècle, les innovations. En matière d’énergie, la volonté européenne et surtout française de privilégier le principe de précaution au détriment du principe de réalité contribue à freiner la croissance. Plus de 20 % de la croissance actuelle des Etats-Unis s’explique par la baisse des prix de l’énergie liée aux gaz de schistes. Trouver les moyens d’exploiter le plus proprement possible ces gaz en lieu et place d’interdire toute exploitation s’impose au nom de la raison économique.

L’Europe ne peu se résumer à la réduction des déficits faute de quoi les peuples pourraient prendre parti pour les extrémismes quand ils ne le font pas déjà.

Le conflit entre l’Allemagne et la France sur la croissance est stérile car il repose sur deux visions économiques radicalement opposées. L’Allemagne juge nécessaire et prioritaire avant toute chose d’assainir les comptes car ce sont les épargnants allemands qui paient pour les consommateurs étrangers. Le Gouvernement français juge indispensable de relancer l’économie pour permettre aux Etats endettés de rembourser. Il faut donc que les Allemands et quelques autres continuent de payer pour espérer être remboursées. Les deux logiques se tiennent à la nuance près que la relance de l’économie ne doit pas aboutir à l’accélération du processus de désindustrialisation qui est en cours en Europe du Sud depuis 10 ans. Contrairement à une idée reçue, la désindustrialisation est la conséquence d’une spécialisation au sein de la zone euro, au Nord, les emplois manufacturiers, au sud, le tertiaire. La relance économique prônée par certains aurait comme impact l’augmentation des importations et des déficits des pays endettés. Il est impossible de substituer d’un coup de baguette magique une production nationale à une production étrangère. Le Gouvernement allemand a raison qu’une simple politique de relance n’est que cautère sur une jambe de bois. Faut-il pour autant rejeter toute idée de relance. Il est important de redonner du souffle, de lancer un new deal à l’européenne avec une mobilisation des capitaux afin de relancer l’économie non pas par la demande qui génère essentiellement des importations mais par l’offre et par les infrastructures qui sont sources de croissance à venir. L’Europe a déserté le terrain de l’avenir prisonnier qu’elle est par le phénomène du vieillissement et du zéro risque. Les pays membres doivent trouver des projets intégrateurs contribuant à solidifier les liens entre eux. Les transports, les universités, les centres de recherche, un projet spatial, un projet environnemental…. les pistes sont nombreuses avec des possibilités de forts effets de leviers.

mercredi 11 juillet 2012

Faut-il sauver l'épargne française ?


L’épargne française représente environ 16 % du revenu disponible brut des ménages, soit 212 milliards d’euros. Cette somme sert tout à la fois à rembourser le capital des emprunts immobiliers à hauteur de 120 milliards d’euros ; le reste, c'est-à-dire 92 milliards d’euros est placé en épargne financière.

L’ensemble des placements annuels des Français en produits financiers est inférieur au montant du déficit public. Or, cette épargne est sujette à bien des convoitises de la part des pouvoirs publics. Le principe à la mode est l’égalité de taxation des revenus du capital et de ceux du capital. Ce principe fait fit que les deux revenus sont de nature différente, que le capital a déjà été soumis à taxation au moment de sa constitution. Par ailleurs, cette taxation identique signifie qu’il faut que les revenus du patrimoine supportent les cotisations salariées et employeurs, la CSG et l’impôt sur le revenu…

Actuellement, à l’exception de l’épargne défiscalisée, livret A, LDD…, les revenus de l’épargne sont assujettis aux prélèvements sociaux à hauteur de 15,5 % depuis le 1er juillet. A ces prélèvements, il faut ajouter l’impôt sur le revenu. Ce dernier peut prendre la forme d’un prélèvement libératoire qui varie entre 21 et 24 % en fonction du produit. En cas d’application de l’impôt sur le revenu, le taux peut atteindre 41 %.

A l’automne, le barème de l’impôt sur le revenu comportera une tranche à 45 % et une à 75 %. Le Gouvernement a indiqué son souhait de limiter le recours aux prélèvements libératoires. Par ailleurs, il étudie la possibilité d’augmenter la CSG d’environ 3 points portant les prélèvements sociaux à 18,5 %. De ce fait, le taux de taxation globale pourrait atteindre 93,5 %. Pour les contribuables se situant au taux de 45 %, le taux de taxation serait de 63,5 %.

A de tels taux, l’intérêt d’épargner est nul. Au-delà de la recherche d’une justice fiscale, avec une augmentation rapide des prélèvements sur l’épargne, le Gouvernement entend adresser un message aux revenus aisés, "consommer" car de toute façon vous serez taxés. Ces derniers risquent d’entendre d’autres sirènes, celles les appelant à franchir les frontières. Il faut prendre en compte que l’effort d’épargne est concentré sur les 10 % des ménages les plus aisés.

En termes économiques, entre la volonté de relancer la consommation, la nécessité de réindustrialiser l’économie et l’objectif de justice sociale, les pouvoirs publics sont contraints à la schizophrénie. Il est admis que les entreprises françaises sont entravées par un faible taux de marge qui les empêche d’investir et de se positionner sur le haut de gamme. Elles sont pénalisées par des difficultés d’accès aux sources de financement bancaires. Le financement des entreprises s’effectue à plus de 80 % par les banques quand dans les pays anglo-saxons, ce taux est de 20 %. Or, à défaut d’inciter les Français à orienter leur épargne vers des placements longs dans le cadre d’un soutien à l’économie dite productive, il est pris acte que l’épargnant récuse le risque. De ce fait, il vaut mieux tuer l’épargne ou encourager l’épargne de court terme, à charge pour l’Etat via la Caisse des Dépôts, de porter le risque et de jouer le rôle d’intermédiation. C’est dans cet esprit que tous les candidats à l’élection présidentielle étaient favorables à la création d’une banque d’investissement public qui existe déjà plus que mois avec OSEO. Il n’est pas certain que l’Etat soit le mieux placé pour jouer ce rôle d’intermédiaire et que l’efficience soit au rendez-vous.

L’orientation de la politique prise par le Gouvernement est assez en phase avec leurs principes keynésiens. Il privilégie le multiplicateur de dépenses à celui de l’investissement. Par ailleurs, les responsables actuels considèrent que le financement par les bénéficies ou par l’épargne réinvestie n’est pas une source de croissance. La primauté est donnée à un effet de levier public. Or, dans le passé, cette politique a débouché sur quelques accidents graves. Il suffit de se remémorer le Crédit Lyonnais. Le banquier public est rarement plus prudent que le banquier privé. In fine, le contribuable est amené à payer.

Faut-il réformer la fiscalité de l’épargne ? Oui, mais pour inciter l’épargnant à prendre des risques et à placer son argent sur le long terme. Au-delà de la poche de l’épargne de proximité représentée par le légendaire Livret A, il conviendrait de créer des outils, des supports que ce soit par le Plan d’Epargne en Actions ou l’assurance-vie qui soient réellement productifs pour les entreprises européennes.

Osons le profit !


Le profit est un gros mot dans la langue française. En l’écrivant ou le prononçant, nous avons le sentiment d’enfreindre un interdit ; nous nous sentons obligé de nous justifier. Il est politiquement incorrect. Le profit, les bénéfices sont, en France, illégitimes. L’annonce au printemps des bénéfices des entreprises du CAC 40 ne sonne pas l’heure des félicitations en faveur des bons gestionnaires mais provoque un flot de critiques. Le profit n’est perçu que sous l’angle de l’exploitation des salariés par le patronat, comme un gain indu prélevé sur le travailleur ou le consommateur. Est-ce la traduction de notre culture catholique ou plutôt de réminiscences compte tenu du faible nombre de pratiquants réguliers ? Est-ce l’influence persistante du marxisme qui a imprégné, à défaut d’être lu, notre classe politique ? Est-ce notre jalousie, notre goût de l’égalitarisme qui nous amène à détester des revenus que touchent les actionnaires ? Il y a sur ce sujet une énigme française.

Le profit est assimilé au capitalisme et serait même son vice. Or, il est loin d’occuper le rôle principal de l’économie de marché que certains voudraient l’affubler. .

Le profit est depuis le début de la science économique moderne sujet à discussion. Pourtant, il y a une forte convergence entre les économistes libéraux dit classiques et les marxistes. Pour ces deux courants, le profit est voué à disparaître, à tendre vers zéro. Chez Schumpeter, c’est une phase transitoire liée à la rente procurée par l’innovation. Pour Marx, la loi des rendements décroissants a pour conséquence une disparition progressive mais inévitable du profit. .

Chez l’auteur classique, Ricardo, la baisse du profit est liée à l’augmentation de la population (Ricardo) et chez le père des libéraux, Adam Smith, c’est l’augmentation de la concurrence qui pèse sur les prix..

Mais, qu’est-ce que le profit ?.

Le profit, c’est l’inverse d’une perte. C’est la marque d’une entreprise qui peut poursuivre et développer son activité. Mais, au-delà de ces considérations, la notion de profit a toujours fait débat au sein des économistes. .

Pour les marxistes, le profit est généré par la plus-value apportée par le travail. Il symbolise l’exploitation du facteur travail. Pour Schumpeter, le profit est le fruit de l’innovation. Le profit disparaîtra à partir du moment où l’innovation se diffusera. Seules de nouvelles innovations permettent au profit de se maintenir. Certes, chez quelques classiques comme Marshall ou Say, le profit est le produit naturel de l’activité de l’entreprise ou de l’organisation. L’activité de l’entreprise est un facteur distinct du capital et du travail et doit être rémunéré en tant que tel. .

Le profit est l’expression d’une efficience globale de l’entreprise. Il nait à travers une bonne combinaison des facteurs de production, à travers la planification des objectifs et des moyens de l’entreprise. Il repose sur l’innovation et sur le dynamisme et il repose sur la prise de risque pris par l’entrepreneur, par l’actionnaire… Il est la conséquence d’un avantage d’ordre matériel, intellectuel ou moral qu’une personne ou qu’une collectivité peut tirer de quelque chose. Toute action est susceptible de générer un profit. .

Pour ces auteurs classiques, le profit est un indicateur et un outil. Le profit est un critère de choix, un instrument de décision. Le profit est un critère de l’efficacité relative des entreprises. .

Le financement des entreprises par des ressources longues nécessite des profits, des bénéfices. Mais, il ne faut pas oublier que le profit est un mécanisme d’accroissement du capital au profit de l’entreprise qui en est à l’origine mais aussi au profit d’autres entreprises en fonction des décisions pris par les actionnaires. Certes, le profit n’est pas exclusivement le résultat d’une efficience productive. Il peut être aussi le résultat d’une rente de situation ou d’un monopole. Il peut être généré par la cession d’actifs, par une réduction des coûts, par un dépeçage de l’entreprise... Il peut être généré par la corruption, par un trafic illégal ou par l’exploitation des salariés….

Mais faut-il condamner le profit au nom de quelques abus qui peuvent, par ailleurs, donné lieu à des poursuites pénales ou civiles. Les parties prenantes ou les ONG sont utiles pour dénoncer les comportements abusifs. Mais, il ne faut pas se tromper d’adversaire..

Le profit prend différentes formes. Il peut être assimilé à la différence entre le prix de vente et les coûts de production, c'est-à-dire l’excédent brut d’exploitation. Le profit est un solde résiduel entre les charges et les recettes d’exploitation. Il constitue alors les bénéfices de l’entreprise. Au niveau macro-économique et de la comptabilité nationale, le profit correspond à l’excédent brut d’exploitation. La part distribuée aux salariés est enlevée de ce profit. .

Quand les mots bénéfices ou profit sont prononcés, l’idée qui court derrière est celle d’actionnaires qui gagnent de l’argent en dormant. Il est ainsi oublié qu’ils ont porté une partie du risque de l’entreprise sur leur épaule. .

Par ailleurs, ce profit si détesté ne va pas entièrement dans la poche d’actionnaires endormis. Il sert à rembourser les dettes de l’entreprise, à payer l’impôt sur les sociétés, à financer l’épargne salariale (intéressement et participation), à l’autofinancement de l’entreprise et à verser un dividende aux actionnaires..

Le profit est un des éléments du processus de valorisation des entreprises ce qui permet à la fois de financer le développement des entreprises, d’organiser des fusions, des acquisitions, d’intéresser le personnel et de rémunérer les investisseurs..

Le profit est un indicateur de bonne santé de l’entreprise. Nous devrions nous réjouir quand les entreprises françaises battent des records de bénéfices. Plus le profit est élevé, plus l’entreprise pourra attirer de nouveaux investisseurs et conserver ses actionnaires. Une des plus belles entreprises françaises, Air Liquide, a toujours pris soin de ses actionnaires lui permettant d’avoir un développement régulier..

Certes, chez les classiques, l’autofinancement n’est pas une source d’efficacité car il n’est pas soumis aux principes de rentabilité. A la différence d’une dette ou d’une action, l’autofinancement est moins soumis à l’obligation de résultat. Certes, les actionnaires qui préfèrent que l’entreprise conserve une partie des bénéfices attendent une amélioration légitime du rendement de leurs actions. .

Marx comme Ricardo se sont trompés. Le profit a résisté aux crises du capitalisme et constitue toujours un indicateur efficace..

Le profit fait de la résistance car l’économie de marché est en adaptation permanente avec le maintien d’un fort courant d’innovations (produits, commercial…). La persistance des gains de productivité et la concurrence ont empêché la disparition du profit. Certes, nous avons assisté à une concentration accrue des entreprises, voire la formation d’oligopoles mais la capacité d’innovation l’a toujours emporté. Ainsi, récemment, la société Microsoft a détenu un quasi-monopole de fait dans la fourniture de logiciels (windows, suite bureautique). Contrairement au siècle précédent, les tentatives de démantèlement de ce monopole offrant une réelle rente de situation ont échoué. Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui ce monopole est remis en cause par le développement de nouvelles interfaces comme Androïd. Google a réussi à effriter la toute-puissance de Microsoft tout en instituant une situation de monopole de fait en matière de recherche sur Internet. Comme quoi, le combat n’est jamais fini. .

Il est de bonne guerre d’affirmer que le profit a augmenté au détriment de la rémunération des salariés. Il est répété que les fonds de pension imposeraient des retours sur investissement de 15 %. Or, la réalité est tout autre. Seules 16 % des PME, en France, versent des dividendes. Pour les grandes entreprises, les dividendes distribués représentent, en moyenne, 4,7 % de la valeur ajoutée. Pour un quart d’entre-elles, cette proportion dépasse 7 %. .

La répartition de la valeur ajoutée selon le rapport « partage de la valeur ajoutée, partage des profits et écarts de rémunération en France » rédigé en 2010 par Jean-Philippe Cotis (directeur général de l’INSEE) » est restée globalement stable. Certes, il faut souligner que l’autofinancement est en recul..

La contestation du profit doit amener à une réflexion globale sur la notion même de capitalisme. .

Le rejet du profit, en France, souligne l’existence d’un malaise qui ne peut pas être nié. Le rejeter au nom de son irrationalité ne résoudrait pas le problème. .

Avec la montée en puissance de la problématique du développement durable et la crise financière, de plus en plus de voix s’élèvent afin de remettre en cause ce fondement du capitalisme. .

Depuis plus de deux cent ans, la force du capitalisme provient de sa capacité d’intégrer des éléments qui lui sont a priori hostiles. Le fordisme permettant aux salariés d’acheter ce qu’ils produisent, la protection sociale offrant une couverture santé/vieillesse aux actifs puis à l’ensemble de la population n’allaient pas de soi mais sont devenus consubstantiels de l’économie de marché. Le modèle capitaliste est aujourd’hui critiqué tant comme sources d’inégalités sociales que par son rôle dans la dégradation de notre environnement. Le capitalisme est perçu comme un mécanisme d’exploitation de l’ensemble de la planète pouvant amener la disparition de l’espèce humaine. La surexploitation des matières premières, les émissions des gaz à effet de serre, la multiplication des déchets sont pointés du doigt pour souligner l’insoutenabilité du système économique. La formule d’Helmut Schmidt « les profits d’aujourd’hui, sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain » valable à court terme serait-elle bombe à retardement ? Le profit, expression de la myopie capitaliste serait contre-productif. Ian Davis de la société de conseil Mac Kinsey affirme que « le profit n’est pas une fin en soi mais un signal envoyé par l’entreprise à la société ». Keynes se serait-il trompé en privilégiant le présent en vertu de l’adage « demain, nous sommes tous morts » et nier qu’en raison de nos modes de production et de consommation« nous serons tous morts, demain ». .

A quoi bon de garantir aujourd’hui un profit si demain sa réédition se révèle impossible du fait de la disparition des matières premières, du marché solvable, des équipements et infrastructures matérielles et immatérielles qui l’ont rendu possible. Le capitalisme a un nouveau défi après le marxisme ; il doit faire face à la disparition des biens gratuits que sont l’air, l’eau. Il doit intégrer la notion de patrimoine commun. La notion de capital s’élargit. Elle intègre le capital humain (travail+intelligence+culture+savoir-faire), le capital financier, le capital fixe : infrastructure/machines/outils, le capital de connaissances et le capital naturel (matières premières, énergie, biodiversité…..

Le capitalisme par rapport à d’autres modes d’organisation comme le communisme a un atout de premier ordre : les notions de rareté est au cœur du paradigme. Le marché est un système qui permet d’apprécier la notion de rareté. C’est par le marché, par les prix que notre système de production se détournera des énergies fossiles..

Le débat de la décroissance est vain. La décroissance consiste à opter pour le déclin et à une acceptation des inégalités. Elle entérine le phénomène de rentes. Ceux qui ont déjà le nécessaire pour vivre convenablement peuvent accepter la décroissance ; les autres non.

lundi 9 juillet 2012

Et si la solution pour la France s'appelait le fédéralisme


La France arrive en deuxième position en matière de dépenses publiques au sein de l’Union européenne, derrière la Suède. En 2011, le taux de dépenses publiques atteint 56 % du PIB et le taux de prélèvements obligatoires, 43,9 % du PIB. A la différence de ses partenaires, la France n’a pas réussi à maîtriser ses dépenses et encore moins son déficit primaire.

La France souffre d’une sur-administration liée à m’empilement des structures et à une incapacité à les rationaliser. La suppression de la réforme de Nicolas Sarkozy sur les conseillers territoriaux marque l’avortement de la seule tentative, par ailleurs modeste, sur ce sujet.

La France s’est forgée contre les seigneurs au temps de la monarchie et contre les pouvoirs locaux depuis. De Louis XIV à François Hollande en passant par Napoléon et de Gaulle, il y a une grande continuité en la matière.

Les lois de décentralisation engagées depuis 1981 constituent un leurre aboutissant à une fausse redistribution des pouvoirs, à des doublons et à une surenchère de recrutements. Surtout, dans les faits, il s’agit d’un transfert de compétences organisé par le sommet au nom d’un impératif comptable. L’Etat s’est dessaisi d’une partie de ses compétences afin de réaliser des économies mais le pouvoir normatif est resté essentiellement dans les mains de l’exécutif.

Les lois de décentralisation au lieu de simplifier et de rationaliser ont compliqué la gestion politique et administrative du pays avec à la clef des surcoûts et une dilution des responsabilités. Le principe de subsidiarité a été battu en brèche avec la multiplication des financements croisés et l’intervention des différentes strates politiques et administratives. Au fil des années, les acteurs locaux accusent l’Etat de les appauvrir et de transférer des charges mais pas les recettes. Par ailleurs, ces acteurs locaux se plaignent d’un Etat quémandeur et tatillon. Il faut également souligner que la tradition du préfet tout puissant marque profondément les relations entre l’Etat et les collectivités locales. Ces dernières ont tendance à attendre la position de l’Etat pour caler les leurs. La disparition de la tutelle en vigueur jusqu’en 1982 n’a pas encore débouché sur une réelle autonomie.

La construction administrative et politique de la France repose sur le primat de l’exécutif central. Les départements ont été créés afin de permettre aux représentants de l’Etat de contrôler le territoire. Le préfet est tout à la fois le responsable des administrations de l’Etat et de l’ordre public. La préfecture qui était accessible à cheval dans la journée se voulait la représentation de l’Etat central. Les régions qui ont été créés en 1972 à partir des anciennes circonscriptions d’action régionale ne sont que des clones des départements. Au conseil général répond le conseil régional, au préfet départemental répond un préfet régional. La région, échelon de supervision et d’aménagement, est également échelon de gestion avec par exemple la construction et l’entretien des lycées.

Face à l’émiettement du local et à l’augmentation des besoins en services locaux, un échelon intercommunal s’est progressivement construit. Au départ, cette construction s’est opérée de manière pragmatique avec le développement des syndicats intercommunaux à intérêt unique ou multiple. Au fur et à mesure, l’échelon intercommunal s’est institutionnalisé avec la communauté de communes, les agglomérations de communes ou les communautés urbaines. Comme pour l’Etat, comme pour les départements et les régions, l’intercommunalité a débouché sur des transferts de compétences et des créations de postes publics. Il y a eu peu de transferts de personnels. En quarante ans, deux nouvelles strates publiques ont été ainsi crées auxquelles il faut ajouter la strate européenne qui est, par ailleurs, très faible même si elle est très décriée.

Ce mille feuille technico-politique génère des surcoûts et est contreproductive sur le plan économique. Il n’incite pas les responsables locaux à prendre leurs responsabilités. Il y a un gaspillage d’énergie.

La décentralisation n’est pas la bonne solution. Elle ne correspond qu’à la volonté de l’Etat de masquer ses déficits. Il faut passer à un réel système fédéral permettant une réelle prise en main par des autorités locales de la gestion des territoires.

La France doit changer de modèle et s’inspirer du modèle fédéral allemand ou américain. L’élection du Président de la République au suffrage universel direct et le passage du mandat présidentiel à 5 ans auraient du s’accompagner d’une nouvelle répartition des pouvoirs. La suprématie de l’exécutif, la majorité présidentielle devenant la règle au Parlement, devrait être contrebalancée par le renforcement des pouvoirs locaux. Or, ce renforcement ne passe que par le fédéralisme qui donne aux Etats fédérés des pouvoirs normatifs et en premier lieu des pouvoirs législatifs dans les domaines de compétences dont ils ont la charge. Le principe du fédéralisme repose sur la subsidiarité. Les compétences doivent rester à l’échelon où leur exercice est le plus efficient. L’Etat central doit disposer des pouvoirs régaliens, d’un pouvoir de régulation et d’intervention pour lutter contre des crises locales ou nationales. Il doit veiller à l’égalité des territoires à travers une péréquation des ressources.

Le fédéralisme ne signifie pas l’autonomie dans l’anarchie ; bien au contraire, elle s’accompagne d’instruments de solidarité. L’Etat central doit permettre à tous les Etats fédérés de disposer de ressources par habitant équivalentes. En Allemagne, le système de péréquation est très important. En prenant en compte le potentiel fiscal des Länder, il offre l’avantage d’être transparent à la différence de notre système qui s’assimile à un mille feuille. Les financements croisés sont légions en France ce qui n’est pas un gage d’efficience.

jeudi 5 juillet 2012

Quel épargnant êtes-vous ? Le nouveau quiz du Cercle


C'est l'été et les vacances et donc l'époque des quiz. Le Cercle vous propose, en répondant à quelques questions, de mieux apprécier votre tendance fourmi ou cigale. Vous saurez si vous êtes un épargnant dans l'âme, si vous aimez le risque, les actions, si vous épargnez par devoir ou passion...

A vous de jouer....

mardi 3 juillet 2012

Interview au JT de France 2 Lundi 2 juillet



Philippe Crevel a été interviewé au sujet d'une étude sur les entreprises du CAC 40 dans le cadre du 20 heures de France 2, lundi 2 juillet.

Voila la séquence  

dimanche 1 juillet 2012

La lettre du Cercle des Epargnants du mois de juillet N°72



Au sommaire de la lettre n°72 du Cercle des Epargnants :

- l'édito du Cercle
- le nouveau quizz épargne du Cercle
- les régimes complémentaires dans le rouge
- la victoire à la Pyrrhus
- les inégalités de revenus et de patrimoines
- France/Allemagne, le combat démographique
Lire la lettre