vendredi 18 septembre 2015

Les cadres n'ont pas été à la fête en 2013



L’INSEE vient de publier les résultats définitifs de l’évolution des salaires en 2013. Ils soulignent que les salariés ont enregistré cette année-là une perte de pouvoir d’achat qui fait suite à celle de 2012. La suppression du dispositif d’exonération des heures supplémentaires a également contribué à la dégradation du pouvoir d’achat des salariés les plus modestes.

En 2013, les salariés du secteur privé ou d’une entreprise publique (hors apprentis et stagiaires) ont gagné en moyenne en équivalent temps plein 2 912 euros bruts par mois et 2 202 euros nets des prélèvements à la source). En euros courants, le salaire brut moyen augmente de 1,3 % par rapport à 2012 et le salaire net de 0,6 %, Cet écart entre rémunération brute et nette s’explique principalement par l’abrogation du dispositif d’exonération de cotisations salariales des heures supplémentaires dans le cadre de la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA). Cet écart est particulièrement prononcé pour les ouvriers, qui sont davantage concernés que les cadres et les professions intermédiaires par la prestation d’heures supplémentaires. Il s’explique aussi, mais dans une moindre mesure, par la hausse du taux de cotisations salariales pour la branche vieillesse au 1er  janvier 2013 (+ 0,1 point).

En 2013, le salaire net moyen en euros courants progresse moins vite qu’en 2012 (+ 0,6 % après + 1,6 %). L’inflation baisse également : en 2013, les prix à la consommation ont augmenté, en moyenne, de 0,9 %, après + 2,0 % en 2012. De ce fait, en euros constants, le salaire net moyen diminue de 0,3 % en 2013, soit à peu près autant qu’en 2012 (– 0,4 %).

En euros constants, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, le salaire net moyen baisse dans le tertiaire (– 0,6 %), mais progresse dans la construction (+ 0,5 %) et dans l’industrie (+ 0,4 %). Dans les services aux entreprises, dont relève l’intérim, le salaire moyen recule de 0,4 %. Hors intérim, il diminue plus nettement (– 1,9 % en euros constants), comme chez les intérimaires (– 1,8 %) : en effet, la part des intérimaires, dont les salaires sont en moyenne plus faibles, recule en moyenne annuelle, ce qui soutient le salaire moyen de l’ensemble des services aux entreprises.

Les revalorisations du SMIC ont permis une progression des salaires des catégories les moins qualifiées. Le SMIC a été revalorisé de 2 % (dont 0,6 % de « coup de pouce ») au 1er juillet 2012, puis de 0,3 % au 1er janvier 2013. En moyenne annuelle, le SMIC a augmenté de 1,3 % en euros courants. Néanmoins, l’évolution du SMIC n’a pas compensé, pour les ouvriers notamment, les effets de l’abrogation de la loi TEPA.

En 2013, le salaire net moyen des ouvriers diminue de 0,3 % en euros constants (après – 0,4 % en 2012). Il baisse de 0,4 % pour les ouvriers non intérimaires et de 2,0 % pour les ouvriers intérimaires. Le salaire net moyen des ouvriers qualifiés diminue légèrement (– 0,2 %), tandis que celui des ouvriers non qualifiés est en net repli (– 1,3 %). La part des emplois ouvriers les moins qualifiés diminue cependant tendanciellement, ce qui freine la baisse du salaire moyen des ouvriers.

Les cadres ne sont pas à la fête

En 2013, le salaire net moyen des cadres diminue davantage que celui des autres catégories (– 1,1 % en euros constants), et plus fortement qu’en 2012 (– 0,8 %). Contrairement à celui des autres catégories socioprofessionnelles, le salaire brut des cadres est également en baisse : il diminue de 0,5 % en euros constants. Ce recul peut s’expliquer en partie par l’évolution du volume d’heures supplémentaires (pour les cadres au forfait heure) et par celle des éléments variables de rémunération liés aux résultats de l’entreprise, comme les primes ou l’épargne salariale. Cette dernière est soumise au forfait social à la charge de l’employeur, dont le taux a augmenté de 8 % à 20 % en août 2012, modification qui joue pour la première fois en année pleine en 2013.

Le salaire net baisse cependant plus fortement que le salaire brut, du fait également de la fin des exonérations de cotisations salariales des heures supplémentaires et de la progression des autres cotisations salariales.

Le salaire médian baisse aussi

Le salaire net médian qui partage les salariés en deux groupes d’effectifs égaux, est de 1 772 euros par mois. Il est inférieur de 19,5 % au salaire net moyen et baisse de 0,1 % en euros constants, soit un peu moins que le salaire moyen (– 0,3 %). Les baisses de salaire sont plus prononcées à la fois dans la moitié basse et tout en haut de l’échelle salariale.

Les 10 % de salariés les moins bien rémunérés perçoivent un salaire net mensuel inférieur à 1 200 euros. Ce 1er décile (D1) est en baisse de 0,6 % en euros constants par rapport à 2012 (– 0,3 % chez les femmes et – 0,9 % chez les hommes). Tous les déciles de la moitié basse de l’échelle salariale reculent en euros constants. Ceux de la moitié haute restent stables, sauf le dernier qui recule de 0,2 %.

Les 10 % de salariés les mieux rémunérés perçoivent un salaire net mensuel supérieur à 3 544 euros (9ème décile). Les 1 % de salariés les mieux rémunérés perçoivent un salaire net mensuel supérieur à 8 061 euros (99ème centile). L’évolution du 99ème centile (– 0,5 % en euros constants) est négative pour les hommes (– 0,6 %), mais positive pour les femmes (+ 0,1 %).

Le rapport interdécile (D9/D1) entre les 9ème et 1er déciles de salaire progresse aussi légèrement (à environ 2,95). La part de masse salariale brute perçue par les 1 % des salariés les mieux rémunérés, un autre indicateur d’inégalité, continue de se replier légèrement en 2013. Elle atteint 6,1 %, après 6,2 % en 2012 et 6,3 % en 2011. Ce niveau est comparable à celui de 2004, mais reste supérieur à celui du milieu des années 1990.

En 2013, le salaire net moyen est stable pour les femmes tandis qu’il diminue pour les hommes (– 0,4 % en euros constants). À tous les niveaux de l’échelle salariale, les évolutions de salaire sont plus favorables aux femmes qu’aux hommes. Cela est dû tout d’abord à la hausse tendancielle de la part de cadres parmi les femmes salariées, ainsi qu’à une évolution du salaire moyen des femmes plus favorable que celle des hommes chez les employés et les cadres. Ainsi, entre 2012 et 2013, le salaire moyen des femmes employées augmente en euros constants (+ 0,2 %) alors qu’il stagne chez leurs homologues masculins. Le repli du salaire moyen des femmes cadres est nettement moins prononcé que celui des cadres hommes (– 0,6 % contre – 1,3 %). Pour les professions intermédiaires, les salaires diminuent de 0,2 % chez les femmes et de 0,3 % chez les hommes. Chez les ouvriers, en revanche, l’évolution des salaires en euros constants est plus favorable pour les hommes que pour les femmes (écart de 0,1 point au détriment de ces dernières).


Dans l’ensemble, l’écart salarial moyen entre femmes et hommes, en pourcentage du salaire des hommes, continue de baisser depuis 2008. Il diminue de 0,2 point entre 2012 et 2013, mais reste important. En 2013, une salariée gagne en moyenne, en EQTP, 19,0 % de moins que son homologue masculin. Cet écart varie de 8,0 % pour le 1er décile à 22,0 % pour le 9ème décile et 34,6 % pour le 99ème centile. Une partie de cet écart résulte d’effets de structure. À secteur d’activité, âge, catégorie socioprofessionnelle, condition d’emploi (temps complet, temps partiel) donnés, l’écart de salaire entre femmes et hommes diminue également entre 2012 et 2013 : il passe sous les 10 % (9,9 % en 2013).

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