lundi 7 septembre 2015

Au-delà de l’éthique, faut-il avoir peur économiquement des migrants ?



Au-delà de l’éthique, faut-il avoir peur économiquement des migrants ?

Faut-il donner raison à Michel Rocard quand il disait que « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! » ou reprendre un vieux slogan du Front National « «1 million de chômeurs, c'est 1 million d'immigrés en trop. Les Français d'abord.» Ironie économique de l’histoire, les pays qui ont fermé les frontières ont toujours périclité.

Dans les années 70 et 80, nous avons accueilli 120 000 vietnamiens (boat people) quand bien même nous étions confrontés aux chocs pétroliers. Cela n’a pas occasionné de problèmes majeurs.

Les migrants ce sont avant tout des jeunes actifs qui cherchent à travailler. D’ailleurs, ils cherchent avant tout à rejoindre l’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Europe du Nord. Ces migrants qui ont pris des risques importants pour franchir les frontières sont, en règle générale, mus par un fort instinct de survie et donc une volonté de réussir plus forte que la moyenne.

De nombreuses études économiques issues notamment de l’OCDE soulignent que les travailleurs immigrés rapportent plus qu’ils ne coûtent. Le montant des impôts qu’ils acquittent est supérieur au montant des prestations qu’ils perçoivent.

Les migrants sont des consommateurs à fort potentiel. Il ne faut pas oublier que nous sommes avant tout consommateurs entre 0 et 35 ans. Après, notre niveau de consommation stagne puis baisse. Les migrants n’ayant rien ou presque doivent s’équiper. Cela a un impact positif pour la croissance.

La France a connu ses meilleures années de croissance dans les années 60 quand nous avons accueilli plus d’un million de Français d’Algérie et plusieurs millions de travailleurs immigrés.

Mais ces migrants, ne vont-ils pas prendre le travail des nationaux ?

La réponse est loin d’être évidente. En effet, en France, il y a 500 000 emplois vacants. Peu de résidents souhaitent travailler dans la restauration ou dans le bâtiment. L’apport de nouveaux actifs a plutôt tendance à dynamiser le marché du travail.

La France est au regard de sa population un des pays qui accueille le moins d’immigrés en Europe, autour de 80 000 par an contre plus de 500 000 en Allemagne. Or, le taux de chômage ne baisse pas en France.

Nous ne pouvons pas comparer la situation de la France et de l’Allemagne. L’Allemagne avec sa dénatalité et son plein emploi a besoin des travailleurs immigrés à la différence de la France.  

Oui, la situation allemande diffère de celle de la France. Le taux de chômage est de 6,4 % contre 10,3 % en France. Il y a un manque d’actifs dans de nombreux secteurs d’activité. L’Allemagne doit faire face à une dénatalité. Quand en France, le taux de fécondité est de près de 2 ; il est de 1,3 en Allemagne Sans l’apport des travailleurs immigrés, la population allemande reculerait.

Néanmoins, la France vieillit également. Les personnes de plus de 60 ans représenteront le tiers de la population en 2040 contre 25 % aujourd’hui. La population active devrait diminuer après 2020. Or, nous devons financer nos dépenses de retraite, nos dépenses d’assurance-maladie. L’apport de jeunes actifs est donc loin d’être inutile pour assurer la pérennité de notre système de protection sociale.


Il n’y a donc pas de contradiction entre l’éthique et l’économie. Les Allemands l’ont bien compris en acceptant l’implantation de nombreux migrants. La question à se poser, c’est de savoir comment nous pouvons les accueillir pour éviter les échecs passés en matière d’immigration. 

Aucun commentaire: