L’année 2016 a
été marquée par la fin du mouvement de baisse du cours du pétrole engagée en
2014. Un point bas à 27 dollars a été atteint au mois de février. Depuis, le
baril est remonté progressivement au-delà des 50 aidé en cela par l’accord
intervenu au mois de septembre au sein de l’OPEP, accord qui a été confirmé au
mois de décembre avec à la clef le ralliement de plusieurs pays non OPEP à la
réduction de la production.
Evolution du cours du baril
en dollars
La baisse à 30
dollars le baril avait contribué à l’affaiblissement de la croissance des pays
producteurs de manière plus marquée que prévu. Ces derniers en réduisant leurs
flux d’importation ont pesé sur le commerce international et sur la croissance
des pays avancés. Au niveau des marchés financiers, la baisse du cours du baril
a entraîné celle des actions des entreprises pétrolières et des banques qui ont investi dans ce secteur. Les bourses
ont regagné le terrain perdu durant le premier semestre à partir du moment où
les cours du pétrole se sont redressés.
Si, en cette fin d’année 2016, au niveau
financier, la hausse du pétrole est plutôt saluée, qu’en sera-t-il en
2017 ?
Une hausse du pétrole
diminue le pouvoir d’achat des ménages qui sont contraints soit de réduire leur
consommation ou de puiser dans leur épargne. Il devrait donc en résulter une
moindre progression de la demande intérieure ce qui pourrait amener un
affaiblissement de la croissance. Ce scénario est retenu par les différents
instituts de conjoncture qui ont revu à la baisse leurs prévisions de
croissance pour les pays européens.
La question
centrale est d’apprécier le potentiel de hausse du prix du pétrole. Le marché du
pétrole se caractérise par une élasticité-prix très faible de la demande à
court terme. Cela signifie que sur une courte période, une augmentation des
prix ne se traduit pas un changement de comportement des acheteurs. Un
relèvement du prix du baril de 10 % ne provoque qu’une diminution de la demande
de 0,3 à 0,5 %. Une régulation de la production si elle est respectée aurait
donc des effets réels et rapides sur le prix du baril. Néanmoins, les pays de
l’OPEP et la Russie ne peuvent pas trop jouer sur les volumes. En effet, en cas
de restrictions de production trop fortes, les prix augmenteraient fortement au
point de rendre rentables les producteurs de pétrole offshore, de pétrole
bitumineux, pétrole de schiste, etc. ce qu’ils gagneraient en prix, ils pourraient
à terme le perdre en parts de marché. Les pays de l’OPEP doivent donc veiller à
ce que les prix n’augmentent pas trop vite.
L’accord
intervenu au sein de l’OPEP suppose que tous les pays membres aient un
comportement responsable et qu’aucun ne joue le rôle de passager clandestin en
produisant plus que son quota en pensant que les autres ne le feront pas. Cette
situation pourrait se produire surtout en cas de demande faible. Les divisions
au sein de l’OPEP ne sont pas à négliger. L’Irak, l’Iran, la Libye voire le
Nigéria pourraient être tentés d’écouler du pétrole au-delà de leur quota de
production afin de faire face à leurs besoins financiers.
Les ruptures au
sein du cartel sont intervenues quand la demande était faible. Aujourd’hui, la
demande de pétrole est redevenue forte ; le cartel s’est donc réformé mais
l’équilibre demeure précaire. Certes de nombreux gisements américains ont été
fermés et de nombreux investissements visant à améliorer la productivité des
gisements ont été reportés, certes la demande en énergie continue d’augmenter
d’autant plus que le Brésil sort de récession mais plusieurs facteurs
pourraient contrecarrer la hausse du prix du baril. La baisse de la croissance
des pays consommateurs pourrait se faire ressentir plus vite que prévu. La
montée en puissance des énergies renouvelables ainsi que les efforts d’économie
d’énergie pourraient peser sur la demande.
Quel serait le bon prix pour l’OPEP ?
Le prix du
pétrole ne peut guère excéder 60 dollars le baril car au-delà il rentabilise
les pétroles dits chers. A 60 dollars, les producteurs de pétrole de schiste
peuvent revenir sur le marché mais pas ceux forant en zones difficiles ou
utilisant des techniques complexes. A 90 dollars le baril, l’OPEP court de
grands risques de perdre le contrôle du marché et du revenir à la case de
départ de 2014 qui avait conduit à la guerre des tarifs.
Le marché, en
2017, aura besoin des producteurs américains pour être équilibré ce qui permet
de supposer que le cours devrait donc se situer autour de 60 dollars. La
demande augmentant aujourd’hui de plus de 1,2 million de barils/jour chaque
année, et la production des autres formes de pétrole étant limitée par le recul
de l’investissement en Exploration-Production, ceci rend nécessaire la hausse
de la production de pétrole de schiste américain,
Coût marginal de production
Source : Agence Internationale de l’Energie
|
Prix du baril en dollars
|
Pétrole
conventionnel
|
25
|
Pétrole
russe
|
50
|
Offshore
plateau
|
41
|
Offshore
profond
|
52
|
Pétrole
de schiste
|
60
|
Brut
très lourd
|
86
|
Sables
/ bitumineux
|
70
à 115
|
Arctique
|
120
|
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