Après la perte du triple A, une nouvelle étape semble être franchie avec
la mise sous surveillance de l’Europe. Chronique d’une annonce attendue, elle
n’est pas neutre en terme de symbole. Que le deuxième pays de la zone euro soit
en difficulté n’est pas sans conséquence en termes politiques et économiques.
La mise sous surveillance renforcée était incontournable
Dans le cadre de l'examen des comptes publics prévu par le traité budgétaire
de 2012, la Commission européenne a décidé de placer la France sous
surveillance renforcée, après avoir une nouvelle fois souligné son manque
de compétitivité, son coût du travail et le niveau élevé de sa dette qui
devrait atteindre plus de 97 % en 2015. Selon les prévisions de l'Union européenne,
elle devrait passer de 93,9% en 2013 à 96,1% en 2014 et 97,3% en 2015. Par
ailleurs, cette décision fait suite à la réévaluation des déficits publics
prévus en 2014 et 2015, 4 et 3,9 % contre 3,6 et 2,8 %.
La Commission européenne note que la France souffre de nombreux
déséquilibres macroéconomiques qui n'ont pas été suffisamment corrigés. Elle a
donc décidé de la placer sous surveillance qui est également
appliquée à l'Espagne et à l'Irlande, deux pays qui viennent tout juste de
sortir de leur plan d'assistance financière. La France, deuxième économie de la
zone euro est ainsi aux côtés de pays qui ont été en grande difficulté au plus
fort de la crise de la zone euro et ont eu besoin d'un plan d'assistance
financière.
Les ministres de l’Economie, Pierre Moscovici, et du Budget, Bernard
Cazeneuve, ont promis de « poursuivre
les efforts » de
redressement des finances publiques et de « soutien à l’offre productive ». « Le
gouvernement est engagé à poursuivre son effort de rétablissement des comptes
publics jusqu’à la fin du quinquennat, en faisant porter l’intégralité des
efforts sur la réduction de la dépense publique à partir de 2015, avec au moins
50 milliards d’euros d’économies prévues sur la période 2015-2017 ».
Ils ont répété qu'ils étaient
par ailleurs « déterminés
à poursuivre [leurs] efforts de soutien à l’offre productive ».
La commission de Bruxelles met en avant comme points noirs pour
la France : le manque de compétitivité, le coût du travail trop élevé et
la dette publique en progression. Parmi les 17 pays européens surveillés
par la Commission, quatorze d’entre eux souffrent de déséquilibres, dont la
Croatie, la Slovénie et l’Italie sont, selon Bruxelles, en plus mauvaise
situation que la France.
Les conséquences de la mise sous surveillance renforcée
Cette mise sous surveillance
pourrait amener les investisseurs à demander une prime de risque un peu plus
élevé et conduire les agences de notation à dégrader la France.
Au niveau du Gouvernement,
cette mise sous surveillance n'est pas une mise sous tutelle. Néanmoins, elle
place les autorités françaises en situation de faiblesse par rapport à l'Europe
et à ses partenaires. Elles devront sans nul doute justifier davantage les
décisions économiques et accélérer l'engagement du programme d'économies de 50
milliards d'euros promis par le Gouvernement tout comme le pacte de
responsabilité.
Cette mise sous surveillance
indique clairement que les autorités européennes ne croient pas que la reprise
de l'économie mondiale et européenne suffira à résoudre les problèmes français.
Elles soulignent que des réformes structurelles doivent être prises pour
revenir dans le cadre budgétaire prévu. Le Gouvernement français, depuis deux
ans, compte sur la reprise de la zone euro et des Etats-Unis or, elle est plus
faible que prévu et les incertitudes de ce début d'année ne font que renforcer
cette tendance. La perte de compétitivité de la France l'empêche
d'augmenter ses exportations d'autant plus que l'Espagne et le Portugal sont
redevenus de véritables concurrents. Bruxelles ainsi critique la position
d'attente conjoncturelle que le Gouvernement avait choisie. Le changement de
discours économique depuis la fin de l'année 2013 ne s'étant pas encore traduit
dans les faits et encore moins dans les résultats, l'Europe n'avait guère
d'autre choix au vu des principes du traité de 2012 de placer la France sous
surveillance.
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