Il y a dix ans, ; la France dégageait un excédent commercial de 3,5 milliards d’euros quand, en 2011, le déficit a atteint 69,6 milliards d’euros. Les parts de marché à l’exportation de la France à l’exportation ne s’élèvent plus qu’à 3,3 % soit une diminution de près de moitié en dix ans.
L’augmentation de la facture énergétique explique les trois quarts de la dégradation de notre balance commerciale mais elle ne saurait expliquer notre rapide recul en matière d’exportations. Certes, l’Allemagne a également reculé du fait de la percée des pays émergents mais ses pertes n’ont été que de 20 % en dix ans avec une stabilisation voire un léger rebond ces dernières années.
Le recul structurel de la France s’explique, en partie, par l’accroissement des coûts salariaux (avant tout les salaires plus que les charges) mais surtout par un tissu industriel anémié (par l’augmentation des coûts en relation avec les 35 heures). Notre tissu économique est composé de grands groupes internationalisés (plus nombreux que pour l’Allemagne) et qui ont pu se soustraire des contraintes nationales et de petites entreprises de taille trop réduite pour accéder aux marchés internationaux.
Le mode d’organisation des entreprises françaises est peu propice à l’exportation. Au contraire, il favorise les importations de produits finaux. Les entreprises françaises ne tirent pas suffisamment profit de la spécialisation internationale pour valoriser la production dite nationale.
La France n’est pas malade de ses importations mais de la faiblesse de ses exportations. Il faut, à ce titre, souligner que notre ouverture sur l’extérieur est plus faible que l’Allemagne ou la moyenne des pays de la zone euro. Les importations et les exportations représentent 44 % du PIB en Allemagne contre 35 % en France et 42 % dans la zone euro.
L’Allemagne a su mieux utiliser les avantages procurés par le commerce international. Ainsi, l’Allemagne importe au total 73 % de plus que la France. Avant 2009, le taux de croissance des importations allemandes n’était supplanté que par celui de l’Espagne. La part des importations issue des pays à bas salaires progresse plus vite en Allemagne que chez ses partenaires : +12 % de 1994/2006 contre + 11 % en Espagne et + 8 % en France
L’Allemagne importe 45 % de plus de biens intermédiaires que la France. Elle importe des biens sophistiqués fabriqués dans les pays de l’Europe de l’Est ou en France. Elle joue à plein la théorie des avantages comparatifs. Elle profite du niveau de formation élevé dans les PECO à la différence de la France qui externalise des fabrications à faible valeur ajoutée.
Les entreprises françaises ont choisi de délocaliser l’ensemble des structures de production quand les entreprises allemandes ont opté pour l’importation des composants et le maintien du montage. L’Allemagne a obtenu par son mode de production une réduction de coûts de 20 points soit bien plus que les effets de la maitrise des coûts salariaux.
Le problème de la France est, certes, lié à un problème de coûts notamment salariaux et de marges mais il est avant la résultante d’un mauvais positionnement économique.
La France n’a pas su élever son niveau de production. Les produits français ne sont pas faiseurs de prix, ils ne sont pas la référence. Les acheteurs choisissent les produits français selon un critère de coût et non parce qu’ils sont les meilleurs. De ce fait, les entreprises françaises sont plus sensibles que leurs homologues allemandes à l’appréciation de l’euro. Pour lutter contre leurs concurrents, elles sont obligées d’aligner les prix voire d’être moins-disantes et donc rogner leurs marges. Or, la contraction des marges entraînent bien souvent la réduction des investissements ce qui nuit à la compétitivité des entreprises. Les marges bénéficiaires ont augmenté sur moyenne période en Allemagne, sont restées stables en Espagne mais ont baissé en France et en Italie.
Les entreprises françaises n’ont pas réussi à compenser l’augmentation des coûts salariaux par des gains de productivité suffisants à la différence des entreprises suédoises.
Un niveau de gamme élevé permet de compenser un coût salarial élevé comme en Suède ou en Allemagne à la différence de la France.
Les entreprises françaises n’ont pas réussi à se positionner sur le premium du fait de tradition ou par manque d’investissement. Il faut souligner que les secteurs sur lesquels la France a une position de premium, résistent à la concurrence internationale. Il s’agit du luxe et de l’aéronautique.
L’arrêt de l’hémorragie industrielle passe par une montée en gamme, condition également sine qua non de l’amélioration de la balance commerciale.
La plus grave erreur à commettre serait de se réfugier dans un pseudo-protectionnisme. En effet, c’est en jouant sur les complémentarités que les entreprises françaises pourront regagner des parts de marché. Il convient de ne pas oublier que 50 % de la valeur ajoutée d’un Airbus dépend de sous-traitants extérieur à la zone euro et que 40 % de celle d’un Boeing Dreamliner dépend de sous-traitants extérieurs aux USA.
Par ailleurs, si un I Phone fabriqué en Chine et exporté, rapporte brut 179 dollars aux fabricants chinois, la valeur de l’assemblage effectué par la Chine est de 6,50 dollars soit moins de 4 % u total du prix final. L’apport du Japon sur l’ensemble du process est en revanche de 34 %, pour l’Allemagne de 17 %, pour la Corée 13 % et pour les Etats-Unis 6 %.
L’instauration de protections en Europe n’est possible que s’il y a possibilité de substitution ce qui est loin d’être le cas. Les exportateurs chinois ou des pays émergents ont la possibilité de fixer les prix car il n’y a pas de concurrents locaux. La première victime du protectionnisme serait le consommateur.
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