samedi 26 avril 2014

La lettre économique hebdomadaire N°72 : 26 avril 2014



Le coin des Epargnants

La bourse de Paris n’a pas franchi le cap des 4500 points. Elle s’est arrêtée à 4 443 points vendredi 25 avril. Sur la semaine, Paris a gagné 1,08 %. La fin de la semaine a été animée par les spéculations sur Alsthom
La bourse a bien accueilli le fait que Standard and Poors maintienne la note de la France à double A avec une perspective stable. Il en a résulté une baisse des taux demandés à la France. Le taux des emprunts à 10 ans est passé en dessous des 2 % à 1,989 %. L’Allemagne emprunte à 1,509 %. L’écart est revenu en dessous de 0,5 point entre les deux pays. Les taux d’intérêt dont bénéficie la France sont les plus bas depuis ces trente dernières années. Ils ne sont pas l’expression d’une bonne santé financière. Ils indiquent que les opportunités de placements sans risque sont assez réduites à l’échelle mondiale au regard de la quantité de capitaux disponibles.

Le commerce international en panne, changement d’époque ou nouvelle tendance

Logiquement, le commerce international croit plus vite que le PIB ; or depuis la grande crise de 2009, ce n’est plus le cas. Avec la crise de l’Europe et le léger essoufflement de l’Asie, le commerce internationale stagne voire recul. Ainsi, la moyenne sur trois mois est retombée, pour la première fois depuis octobre 2012, dans le négatif (à -0,7%), après un mois de janvier déjà très faible (+0,2%).

France, l’emploi du désespoir

Pas de répit sur le front du chômage, la France n’arrive pas avec une croissance qui demeure atone à contrecarrer le mouvement de hausse du chômage. Certes, la hausse a été faible au mois de mars mais compte tenu des moyens employés par les pouvoirs publics pour endiguer le chômage, elle traduit malheureusement la caractère structurel du chômage dans notre pays.

Compte tenu de la conjoncture, le Gouvernement ne pouvait pas s’attendre à des miracles au mois de mars. La progression du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A est de 1600 au mois de mars est un résultat assez logique. La consommation et la production industrielle sont assez étales depuis le début de l’année. Ainsi, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A s’élève à 3,349 millions. Pour l’ensemble des inscrits à Pôle emploi, ayant ou non travaillé dans le mois (catégories A, B et C), l’évolution est de +0,2%, (+11700). La montée en puissance des contrats d’avenir.

Le Gouvernement se félicite de la baisse du chômage des moins de 25 ans, -0,8 % en mars soit 4300 jeunes en moins. Il y a un phénomène saisonnier de ce chômage qui est à prendre en compte tout comme la montée en puissance du dispositif des contrats d’avenir. Néanmoins, en un an, de mars 2013 à mars 2014, le nombre de demandeurs de moins de 25 ans a diminué de 2,6%.

Si le chômage des moins de 50 ans a diminué en mars, les entreprises poursuivent à licencier les plus de 50 ans. Le nombre de demandeurs de plus de 50 ans s’accroit de +7300 en mars. Les entreprises réduisent leurs coûts sociaux en taillant dans les effectifs les plus âgés. Elles pratiquent ainsi une déflation salariale d’autant plus que les salaires des jeunes sont orientés à la baisse. Cet ajustement par l’emploi des seniors est une conséquence de la rigidité des salaires. Autrefois, c’était les plus de 55 ans qui étaient visés, désormais, les entreprises régulent leurs effectifs à partir de 50 ans.

L’Europe toujours entre deux eaux et la France à la traîne

L’Allemagne continue son petit bonhomme de chemin afin une croissance qui pourrait tendre cette année autour de 2 %. Le fait nouveau est la reprise des Etats d’Europe du Sud avec l’Espagne et le Portugal. En revanche, la France et l’Italie restent à la traine du mouvement de reprise.

La France est sur un faux plat. La croissance reste très modeste avec des indicateurs avancés peu encourageants.
Les enquêtes menées par l’INSEE soulignent que le climat des affaires a cessé de s’améliorer depuis près de huit mois pour se stabiliser à un niveau légèrement inférieur à sa moyenne historique. Dans ces conditions, l’objectif de croissance de 1 % semble difficile à atteindre.

L’Italie éprouve également les pires difficultés à sortir de son atonie et cela malgré des réformes plus énergiques qu’en France. Son marché intérieur est pénalisé par le déclin démographique. Par ailleurs, la traduction concrète des réformes engagée est longue à se traduire dans les faits.

La zone euro est bon élève à condition de ne pas regarder dans le détail

Eurostat a mentionné la semaine dernière que les déficits publics avaient été, en moyenne de 3 % du PIB en 2013 contre 3,7% en 2012.

Le fameux objectif des 3 % n’a été atteint qu’en moyenne et non Etat par Etat.

En Allemagne, les finances publiques étaient équilibrées l’an dernier, et, ce, pour la deuxième année consécutive. 

Du coup, le pays a pu poursuivre sa politique de réduction du ratio de dette publique, ramené à 78,4% du PIB en 2013 contre 82,5% en 2010.

Les autres pays du centre de la zone euro ont également pu réduire leurs déficits en les ramenant entre 1,5% et 2,6% du PIB en Autriche, en Finlande, en Belgique et aux Pays-Bas.

La France fait figure d’exception tant par son ampleur de son déficit public et du fait qu’elle n’a pas été réellement mise sous contrôle européen ou sous assistance. La taille du pays et les annonces récurrentes des pouvoirs publics indiquant que la situation était sous contrôle ont jusqu’à maintenant convaincus tant la Commission de Bruxelles que les marchés.

Le déficit budgétaire français excède largement la fameuse limite de 3% en se situant à 4,3% du PIB en 2013 et un déficit qui devait se situer autour de 4 % en 2014. L’Italie, malgré un déficit mieux maîtrisé avec un excédent primaire (avant paiement des intérêts) reste encore en zone rouge du fait d’une dette publique de plus de 132%.

Ces deux pays pèsent 35% du PIB de la zone euro ; or en cas de dérapage de l’un ou de l’autre, il y a un véritable risque de déstabilisation. Les deux pays qui se sont engagés dans une politique de maîtrise des déficits et de relance par l’offre doivent pour s’en sortir renouer au plus vite avec la croissance faut de quoi il faudra appliquer des recettes bien plus dures.

Etats-Unis, la faute au mauvais temps et à la pierre

Les Etats-Unis ont a priori passé un mauvais premier trimestre. C’est connu quand cela ne va pas, c’est à cause du mauvais temps… les frimas du mois de janvier ont eu raison du PIB. Il faut ajouter les réductions des injections de liquidité.

L’immobilier a été assez touché. Ainsi, dans l’ancien, les ventes ont été très médiocres durant tout le premier trimestre. La situation est encore plus mauvaise dans le neuf, les ventes ayant plongé encore plus vite en mars qu’en février. Les ventes totales de logements étaient de 4,478 millions d’unités au premier trimestre 2014, au plus bas depuis l’été 2012 et en baisse de 6,5% en glissement annuel et de 6,4% en rythme trimestriel annualisé.
Pour le moment, ces mauvais résultats n’ont pas eu de conséquences sur les prix qui restent orientés à la hausse. En glissement annuel, les prix de vente médians sont en hausse de 12,6% dans le neuf et de 7,4% dans l’ancien en mars.

Le haut de gamme résiste assez bien et pousse les prix vers le haut. Les ventes sont déprimées dans le segment des logements bon marché. Les ventes de logements anciens de plus de 1 million de dollars étaient en hausse de 7,8% en mars, alors que les biens d’une valeur comprise entre 100 000 et 250 000 dollars ont connu une chute de 9,9% des transactions.

Le marché de l’immobilier est le premier touché par le changement de la politique monétaire. Avec la baisse de l’inflation, les taux hypothécaires réels sont en hausse d’environ 120 pb ces dernières semaines.

A suivre, next week

Lundi 28 avril

Au Royaume-Uni, il faudra suivre les résultats du premier trimestre 2014 avec une croissance encore vive autour de 0,9 %. Le taux de croissance avait été de 0,7 % au dernier trimestre 2013 et de 0,8 % au troisième. Le PIB annuel devrait peut être franchir le cap des 3 %.

En Italie sera publiée la confiance des consommateurs qui devrait s’inscrire en baisse.

Mardi 29 avril

Pour la zone euro, il sera intéressant de regarder l’indice du climat économique du mois d’avril. Il devrait avoir augmenté. Il est à son point le plus haut depuis juillet 2011.
Il faudra suivre les résultats de l’évolution de la masse monétaire M3 de la zone euro ainsi que le volume des prêts. 
Avec l’inflation, ce sont les indicateurs clefs pour déterminer le risque déflationniste en zone euro. Ils devraient être relativement stables en ce qui concerne le mois de mars.

En Allemagne sera rendu publique l’inflation du mois d’avril qui devrait se situer en base annuelle à 1,3 % contre 1 % en mars

Mercredi 30 avril

Aux Etats-Unis, sera attendu le résultat du PIB pour le premier trimestre 2014. En rythme annualisé, le taux de croissance ne serait que de 1 %. Ce faible taux est imputable au mauvais temps et au contrecoup de la reconstitution de stocks à la fin de l’année 2013. Le deuxième trimestre devrait être mieux orienté.

Aux Etats-Unis, toujours il faudra suivre la réunion FOMC de la FED. Les achats mensuels de titres devraient se réduire à 45 milliards de dollars.

Au Japon, sera communiquée la production industrielle du mois de mars. Un recul est attendu.
Pour la zone euro, il faudra regarder le taux d’inflation du mois d’avril qui devrait s’inscrire en légère hausse. Il devrait être à 0,8 % contre 0,5 % en mars. Si la hausse est limitée, la BCE pourrait être amenée à infléchir sa politique monétaire

En Allemagne sera rendu public le rapport emploi du mois d’avril. Après avoir reculé en mars (-12K) pour le quatrième mois consécutif, le chômage devrait encore baisser en avril. Le taux de chômage devrait rester à 6,7%, au plus bas depuis plus de vingt ans.

En France, il sera important d’analyser les dépenses de consommation des ménages en biens pour le mois de mars. Une augmentation des dépenses de consommation des ménages en biens est attendue à hauteur de 0,6 %, la plupart des postes corrigeant la contre-performance de février, ce qu'indique aussi la forte remontée de la confiance des ménages.

En Italie sera publié le taux de chômage de mars qui devrait rester à 13 %. Il en sera de même pour l’indice des prix à la consommation qui en base annuelle devrait se situer à 0,5 % en avril contre 0,3 % en mars.

Jeudi 1er mai

Aux Etats-Unis, il faudra suivre l’indicateur ISM du mois d’avril. L'amélioration de la confiance dans les secteurs manufacturiers devrait se confirmer avec un ISM en hausse à 54,5 (après 53,7 en mars). La hausse, principalement de la production le mois dernier, devrait se faire ressentir sur l’emploi.
Au Japon sera publié le taux de chômage qui devrait être de 6 %.

Vendredi 2 mai

Aux Etats-Unis, sera publié le rapport emploi du mois d’avril. Logiquement, 200 000 emplois auraient été créés. Le rythme de création demeure insuffisant pour améliorer le taux d’emploi. Le taux de chômage devrait rester à 6,7 %.
Au Japon, il faudra regarder l’enquête sur les revenus et dépenses de ménages de mars. La consommation des ménages avait augmenté de 6 % en mars ; les ménages ayant anticipé la hausse de la TVA. De ce fait, une baisse est attendue pour avril. Toujours au Japon sera publié le rapport sur l'emploi de mars. Le marché du travail est resté porteur en mars tant grâce au commerce que grâce à l’industrie.
Seront publiés les indicateurs avancés Markit-PMI pour le mois d’avril en ce qui concerne l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne et l’ensemble de la zone euro. Ils sont attendus en hausse confirmant l’amorce d’une reprise.

La semaine économique est une publication réalisée par Lorello Eco Data, société d’études et de stratégies économiques dirigée par Philippe Crevel
Téléphone : 01 45 00 37 37 / 06 88 87 16 59
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