C’est malheureusement l’histoire d’une chronique maintes fois annoncée ; la France entre en récession. La Banque de France a annoncé, le 9 novembre, que le PIB devrait reculer de 0,1 % au 3ème et au 4ème trimestres. Depuis le début de l’année, la France était sur la corde raide avec une croissance nulle au 1er et au 2ème trimestres. La France qui jusqu'à maintenant flirtait avec la récession y entre de plain pieds.
Du fait du contexte européen et des plans de réduction des déficits mis en œuvre, la France ne pouvait guère espérer renouer avec la croissance en cette fin d’année.
Plusieurs de ces grands partenaires sont en récession déjà depuis plusieurs trimestres comme l’Espagne et l’Italie ce qui pèse sur les exportations. L’Italie devrait enregistre une diminution de son PIB de 2,3 % et l’Espagne de 1,4 %. Le Royaume-Uni, autre grand client de la France est en récession (-0,3 %). Même l’Allemagne commence à être impacté avec un taux de croissance qui ne devrait pas excéder 0,4 % cette année.
L’autre grand facteur de contraction du PIB est la dégradation du pouvoir d’achat des Français. Les mesures Fillon annoncées en 2010 aboutissaient à une augmentation des prélèvements d’une dizaine de milliards d’euros auxquels il faut ajouter les mesures prises cet été par le nouveau Gouvernement et par celles en cours d’adoption dans le cadre du PLF et du PLFSS 2013. Une trentaine de milliards d’euros seront ainsi ponctionnés.
L’augmentation rapide du chômage depuis le début de l’année, conséquence du ralentissement l’autoalimente.
Quelles conséquences ?
Le taux de croissance de 2012 avait été revu à la baisse à 0,3 % contre 1,2 % initialement revu dans un premier temps à 0,8 %. Il pourrait être encore plus faible avec à la clef moins de rentrées fiscales.
L'acquis de croissance pour 2013 sera nul voire négatif rendant très improbable l'atteinte de l'objectif de 0,8 % du Gouvernement. Le manque à gagner fiscal devrait tourner autour de 5 à 6 milliards d'euros.
Les incertitudes américaines
L’année 2013 dépendra de la politique économique et budgétaire américaine. Logiquement, un important plan de réduction du déficit fédéral doit s’appliquer avec une remise en cause de nombreux avantages fiscaux et la réduction des dépenses. Une loi a été votée en 2010 pour graver dans le marbre l'objectif de réduction du déficit de 1 200 milliards de dollars sur 10 ans, à partir de 2013. Le déficit budgétaire est de 1326 milliards de dollars. Une commission spéciale, réunissant démocrates et républicains, est chargée d’établir ce plan de réduction Pour 2013, il pourrait porter sur 300 milliards de dollars.
Le Congrès devra également dans les prochaines semaines réétudier le relèvement du plafond de dettes fixé à 16 394 milliards de dollars. La dette américaine est de 16 190 milliards de dollars à fin octobre soit 100 % du PIB.
La mise en œuvre du plan de réduction pourrait avoir raison de la croissance américaine qui devrait être de 2,2 % en 2012 même si cette croissance repose sur des bases relativement saines (compétitivité retrouvée par maîtrise salariale et réduction de la facture énergétique).
Les Etats-Unis étant avec l’Union européenne, le principal centre de consommation, l’économie mondiale aurait du mal à résister à leur entrée en récession. C’est pourquoi il y a un relatif consensus sur le fait que l’assainissement des comptes publics américains soit étalé.
Il n’en demeure pas moins que la zone euro ne pourra pas bénéficier de la croissance américaine pour compenser la faiblesse de son activité intérieure.
2013, les tensions sociales remplaceront-elles les tensions économiques ?
La Grèce pourrait sortir du trou noir dans lequel elle est plongée depuis plus de cinq ans. Le PIB pourrait renouer avec la croissance en 2014 avec 0,6 %. Depuis le début de la crise, le PIB pourrait être amputé de plus de 15 %. Le chômage continuera à concerner le quart de la population active et l’endettement public devrait se situer à 180 % du PIB. Les tensions avec l’Union européenne restent vives.
L’Espagne devrait rester en récession en 2013 avec toujours un fort chômage. En revanche, la compétitivité de son économie s’améliore avec une reprise des exportations. Même si l’Italie sera toujours en récession, il est attendu une amélioration en fin d’année prochaine.
Compte tenu du niveau sans précédent ou presque du chômage et des mesures de réduction des dépenses publiques, des tensions sociales pourraient s’accroître l’année prochaine.
L’Europe attendra les élections allemandes de l’automne 2013
Les élections allemandes marqueront l’année 2013. Il est évident qu’Angela Merkel pour ne pas hypothéquer ses chances de réélection devra maintenir un discours orthodoxe sur les finances publiques et sur les engagements de l’Allemagne à l’égard de ces partenaires.
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