De nombreuses
incertitudes pèsent sur la croissance de l’Europe. La menace de sortie du
Royaume-Uni de l’Union européenne, le ralentissement économique des pays
émergents, l’impact de la remontée du prix du pétrole, la stagnation du
commerce international et les doutes sur l’activité aux Etats-Unis pourraient
remettre en cause la fragile reprise qui se dessine depuis l’année dernière.
Pour autant, l’INSEE croit en une auto-alimentation de la croissance grâce à la
vigueur de la consommation et de la progression de l’investissement.
Un contexte économique en demi-teinte
Pour les pays
avancés, l’INSEE prévoit une hausse modérée du PIB, 0,5 % au deuxième trimestre
et 0,4 % par trimestre au cours du second semestre. Il s’attend à un rebond de
l’activité aux Etats-Unis avec une croissance de 0,7 % au deuxième trimestre.
Cette amélioration serait imputable à une reprise de l’investissement. En
revanche, au Royaume-Uni, la menace de Brexit conduit à un attentisme qui
pèsera sur les résultats de la croissance durant plusieurs trimestres même en
cas de maintien dans l’Union européenne.
Pour les pays de la
zone euro, la croissance devrait bien résister grâce à la consommation et à la
progression de l’investissement. En raison de l’arrivée des migrants,
l’investissement dans le secteur de la construction, en Allemagne, augmente.
Par ailleurs, la baisse des taux se fait ressentir sur la demande de crédits
depuis la fin de l’année 2015. Le taux de croissance de la zone euro devrait
être de 0,3 % au deuxième trimestre puis de 0,4 % pour chacun des deux
derniers trimestres. Une convergence des taux de croissance serait constatée
entre les grands pays de la zone euro (France, Allemagne, Italie). Sur l’année,
la croissance serait de 1,6 % après 1,7 % en 2015. La croissance espagnole
resterait forte même si un petit tassement est attendu. Elle devrait être de 3
% cette année contre 3,2 % en 2015. En Allemagne, la croissance est attendue en
hausse à 1,7 % contre 1,4 % l’année dernière quand elle devrait être de 0,9 %
en Italie (0,6 % en 2015). Les effets de la dépréciation de l’euro commencent à
se dissiper sur les exportations d’autant plus que le commerce international
s’accroît à petite vitesse.
Au Japon, la
croissance resterait très modeste en raison de la faiblesse de l’investissement
et des débouchés extérieurs. Ainsi, l’INSEE pronostique une croissance de 1,7 %
en 2016 pour les pays avancés contre 1,9 % en 2015.
Les pays émergents
devraient avoir atteint un point bas cette année. La croissance si elle
poursuit son ralentissement en Chine, resterait soutenue en Inde, en Turquie et
dans plusieurs pays d’Europe centrale. Le Brésil et la Russie commenceraient à
sortir de la crise.
L’institut
statistique français souligne que les importations des pays émergents
n’augmenteraient que de 0,1 % en 2016 contre une moyenne de 8,5 % entre 1991 et
2011. Néanmoins, cette petite hausse fait suite à une contraction de 1,4 % en 2015. Le commerce mondial enregistrerait,
cette année, une petite hausse, 1,7 % contre 1,9 % en 2015, progression
très éloignée des taux obtenus avant 2007.
Le taux de croissance de la France atteindrait
1,6 % en 2016
La croissance
française résisterait assez bien non seulement grâce à la consommation mais
aussi à l’investissement.
Les salaires
devraient progresser de 1,5 % en 2016 après 1,6 % en 2015. Cette augmentation
serait imputable, en partie, à la fonction publique du fait de l’impact de la
revalorisation du point d’indice à compter du 1er juillet et des
différentes mesures catégorielles qui ont été prises.
L’INSEE, en raison
de la hausse des prix du pétrole, prévoit que le taux de l’inflation puisse
atteindre 0,7 % d’ici la fin de l’année contre un taux de -0,1 % en mai.
L’inflation sous-jacente (taux ne prenant pas en compte les biens et services à
forte volatilité comme l’énergie) demeurerait faible à 0,5 %.
Dans ces conditions
le pouvoir d’achat des ménages progresserait de 1,7 % (1,6 % en 2015 et 0,7 %
en 2014. Les ménages bénéficieraient également de l’amélioration du marché de
l’emploi. Le taux de chômage devrait revenir à 9,5 % d’ici la fin de l’année
contre 9,9 % au cours du premier trimestre (France métropole). Le plan
formation qui monte en puissance permettrait un gain de 0,1 point sur le taux
de chômage.
La consommation
devrait rester un moteur puissant de la croissance en France. L’INSEE note que
cette dernière a enregistré au cours du premier trimestre sa plus forte
croissance de ces 10 dernières années avec un taux de 1 %. Cette augmentation
est liée à des reports de dépenses faisant suite aux attentats du mois de
novembre dernier. Par ailleurs, la consommation a été dopée par les achats de
postes de télévision du fait du changement de standard de réception et par
l’’Euro de football. Par ailleurs, cette compétition génère des dépenses
touristiques supplémentaires (achats de billets, réservation d’hôtels, de
transports…). Par ailleurs, en fin d’hiver, les dépenses d’énergie ont
progressé avec la baisse des températures.
Baisse du taux d’épargne des ménages attendue
L’INSEE s’attend à
une baisse du taux d’épargne des ménages au cours de l’année 2016 de 0,6 point.
Il passerait de 14,9 % à 14,3 % du revenu disponible brut.
L’investissement des entreprises à la hausse
L’INSEE considère
que le taux de marge des entreprises françaises qui était de 31,7 % en
2015 devrait encore s’améliorer en 2016 grâce à la baisse du prix du pétrole,
au CICE et au pacte de responsabilité. Il devrait atteindre 32,4 % en fin
d’année. Il s’approcherait de son niveau moyen d’avant crise.
Depuis le début de
l’année 2015, une amélioration est perçue sur le front de l’investissement des
entreprises qui s’est amplifié en fin d’année. La baisse des taux, le
dispositif de suramortissement de 40 % et l’amélioration de l’activité en zone
euro ont eu un impact positif. Si un repli de l’investissement est néanmoins
attendu au deuxième trimestre, il serait passager et serait le contrecoup du
dispositif d’incitation fiscale. Au cours du second semestre, l’investissement devrait
progresser de 0,5 à 0,6 % par trimestre. Sur l’année, une hausse de 4,7 % est
attendue soit le taux le plus élevé de ces dix dernières années.
L’investissement
des ménages qui est en recul depuis plusieurs années devrait se stabiliser en
2016 (+0,2 % contre -0,8 % en 2015). Cette stabilisation est une bonne nouvelle
pour le secteur du bâtiment qui a dû faire face tout à la fois à la réduction
des achats de la part des particuliers et à la réduction des budgets
d’investissement des collectivités locales.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire