Le populisme se nourrit des crises. La France, depuis
plusieurs années, n’échappe pas malheureusement à la règle, avec la montée au
sein de l’opinion publique des vieilles recettes du repli sur soi et du bouc
émissaire. Des idées, encore marginales il y a dix ou quinze ans, deviennent
par lasse habitude, acceptables voire innovantes. Ces idées infusent l’ensemble
de l’opinion. La démocratie nous protège mal de ces déviances comme le passé le
prouve ; le système démocratique n’a pas de colonne vertébrale, il se
croit roseau mais en réalité, il est constitué de porcelaine qui se brise au
moindre choc.
L’étranger est le coupable idéal de tous nos maux. Ainsi,
face à la compétition économique internationale, le protectionnisme est
claironné non seulement par l’extrême droite mais également par de nombreux
responsables issus des autres partis politiques.
Le terreau est favorable à la diffusion rapide des idées
protectionnistes. Les Français n’ont pas la culture du libre échange
commercial. Pourtant, les deux périodes durant lesquelles la France a connu l’essor
le plus important correspondent à une intégration dans le commerce international,
sous Napoléon III et durant les Trente Glorieuses. Rien ne sert de répéter que
tous les pays qui ont décidé de se protéger ont connu le déclin, la tentation
de fermer les frontières revient régulièrement sur nos côtes.
En 2011, la menace serait chinoise après avoir été japonaise
dans les années 80. Il faut taxer les produits à bas coûts afin de maintenir
notre système de protection sociale et punir ses travailleurs chinois,
vietnamiens de nous voler notre travail. Nos idéaux de développement des pays
autrefois appelés tiers monde se sont vite évaporés.
Ces slogans sont vains, pernicieux ; ils ne reposent
sur aucun fondement tangible. En effet, il y a bien longtemps que nos textiles,
que nos téléviseurs et autres pièces électroniques sont fabriqués en dehors de
nos frontières. Les importations en provenance des pays à bas coûts ont
contribué à la croissance de ces dernières années à travers des gains de
pouvoir d’achat tout comme le recours à la dette publique. Une taxation accrue
des importations, illégale par ailleurs, ponctionnerait les ménages français
sans pour autant améliorer la situation de l’emploi. L’engrenage du
protectionnisme aboutirait au contraire à des destructions d’emploi et à un
appauvrissement généralisé.
Le problème de la France, ce n’est pas le niveau des
importations qui est plus faible que celui de l’Allemagne mais celui de ses
exportations qui reculent depuis une dizaine d’années.
L’Allemagne utilise bien mieux que nous les principes de la
spécialisation en matière d’échanges internationaux. En effet, les entreprises
allemandes importent essentiellement des pièces détachées pour effectuer les
opérations d’assemblage sur le sol allemand. De ce fait, à notre différence,
les Allemands privilégient l’euro fort pour réduire le coût de leurs
importations et pour valoriser au mieux la qualité allemande.
Le protectionnisme ne concerne pas que les biens et
services. Il s’immisce partout. Le refus de l’autre s’illustre également par la
limitation du nombre d’étudiants étrangers en France. Evidemment, accueillir
des jeunes venant étudier a un coût mais cela constitue un des fondements de l’université.
Par ailleurs, former des étudiants étrangers en France constitue un vecteur
important pour accroître la diffusion de nos valeurs et favoriser les échanges
économiques et culturels.
Autre symbole du retour du populisme, c’est la tentation de
nommer des bouc-émissaires. Ainsi, si la France a des problèmes, c’est la faute
des agences de notation. Si la France est en crise, c’est la faute des Etats-Unis
et du dollar. Or, a priori, ce ne sont pas les États-Unis qui sont responsables
de notre déficit budgétaire qui depuis près de 40 ans ronge les bases de notre
économie. La crise des subprime a peu impacté nos finances publiques, les prêts
aux banques ayant été depuis remboursé. C’est bien la dette publique qui a
servi à masquer la dérive des dépenses publiques qui est responsable de la
spirale du déclin dans laquelle nous nous débattons. Depuis dix, vingt voire
plus, de nombreux experts ont répété que la dette n’était pas soutenable à long
terme. Est-ce la faute des Etats-Unis, si les fruits de la croissance des
années 1997/2000 ont été redistribués quand bien même le budget de l’Etat était
déficitaire. La France n ’a
jamais mené à son terme tous les programmes d’assainissement de ses finances
publiques depuis 1981. Faut-il alors s’étonner que les agences de notation
doutent de la capacité des gouvernements de réussir l’actuel plan selon lequel
nous devons passer de 5,7 % de déficit public à 0 % de 2011 à 2016 ?
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