Les Etats-Unis et l’Europe sont en crise économique mais aussi politique. Même si les formes sont différentes, il n’en demeure pas moins que la gouvernance des deux principales zones économiques est en déliquescence.
Les pouvoirs ont cru trop vite pouvoir échappé au spectre de la grande crise en bâtissant le plus grand plan de soutien à l’économie et au secteur financier menacé d’implosion.
Les effets de la morphine s’estompent avec la fin des plans de relance et la nécessité de passer à la caisse pour régler les nombreux impayés.
L’économie occidentale droguée par le recours à la dette facile ne peut que boiter sans ses béquilles.
A l’exception de l’Allemagne qui est l’atelier des pays ateliers en lui procurant des machines outils et des biens industriels de luxe, les autres grands pays anciennement industrialisés ont du constaté au second trimestre l’évanouissement de leur croissance. Tant aux Etats-Unis qu’en France, le taux de croissance s’est amoindrit. En Espagne, en Italie, il n’avait pas eu le temps de décoller. Le taux de chômage reste de deux à quatre points au-dessus de son niveau d’avant crise. Il recommence à augmenter dans plusieurs pays.
De part et d’autre de l’Atlantique, la vie économique a été tenue en haleine par un double psychodrame. La crise de la dette grecque qui depuis deux ans mine l’Europe a été évité après des semaines de tergiversation du fait de l’absence de consensus au sein de la zone euro. Que la monnaie unique soit mise en danger par l’équivalent de trois départements Français et pour une dette de 350 milliards d’euros soit moins que le poids des dépenses sociales souligne l’absence de dispositifs de traitement des crises au sein de l’Union. Depuis l’avènement de la monnaie unique en 1999 et l’échec en 2005 du référendum, en France, sur le traité constitutionnel, l’Europe gère les affaires courantes. Premier espace économique mondial, l’Union européenne a perdu tout élan et toute ambition. Pourtant entre les Etats membres, les enjeux communs ne manquent pas ; en premier lieu en matière d’énergie et de lutte contre la pollution.
Aux Etats-Unis, le blocage institutionnel sur le plafond de la dette s’inscrit dans un processus de radicalisation de la vie politique qui s’est amorcée sous Bill Clinton. Ce dernier avait été harcelé durant ces mandats par les Républicains qui avaient usé de tous les moyens pour l’affaiblir. Le bipartisme américain était jusqu’alors très théorique du fait que les passerelles d’un camp à l’autre étaient nombreuses. Depuis quelques années, les marges extrémistes des deux camps se sont développés rendant de plus en plus difficile l’obtention d’un consensus. Le fait que les démocrates n’aient plus la majorité à la Chambre des Représentants depuis 2010 a affaibli le Président qui se trouve dans une situation de cohabitation.
Le fait que les Républicains ne disposent pas encore du candidat idéal pour, le cas échéant, battre Obama, favorise la montée aux extrêmes. Les Républicains ne veulent pas recommencer les mêmes erreurs que sous Bill Clinton. Ils considèrent que ce dernier avait profité des mesures fiscales adoptées par le Congrès majoritairement acquis à leurs causes pour se faire réélire.
Les Républicains veulent absolument faire passer le message que le Président Obama est responsable de la situation financière des Etats-Unis.
La crainte d’un défaut de paiement de la première puissance mondiale apparaît d’autant plus ahurissante que les Etats-Unis avec un taux de prélèvements très faible, autour de 30 % du PIB, disposent de marges pour assainir leurs comptes publics. En outre, la dette publique américaine, 14 000 milliards de dollars, est en grande partie possédée par les Etats ce qui limite le poids des investisseurs étrangers.
Les deux grandes puissances économiques peuvent connaître le destin du Japon qui depuis vingt ans lutte contre la stagnation et la dette publique qui atteint 200 % du PIB.
Les objectifs de court terme l’emportent sur les défis qui s’imposent aux Etats-Unis ou les Etats membres d l’Union européenne.
Jusqu’à l’avènement de la Chine comme puissance économique de premier plan, il était admis que seule la démocratie pouvait porter sur longue période croissance et égalité. La victoire sur l’Empire soviétique avait, entre 1989 et 1991, confirmé cette règle. Vingt ans plus tard, la léthargie semble de mise. La force de la démocratie, c’est l’obtention d’un consensus pour atteindre des objectifs décidés par une majorité ; or il y a de moins en moins d’objectifs et de consensus.
Les deux grandes zones économiques mondiales ne peuvent pas être gouvernées comme des assemblées de copropriétaires turbulents et d’accord sur rien. La crise n’est pas terminée, élection ou pas, elle amorce son deuxième assaut sur des économies anémiées.
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