mardi 17 novembre 2009

L'épargnant français face à la crise

En période de crise, les Français jouent à la fourmi en augmentant leur effort d’épargne. En 2008, ils auraient eu d’autant plus de raison à opter pour ce comportement que la baisse sans précédent des valeurs mobilières pouvait les inciter à vouloir reconstituer leur encaisse. Il faut souligner que pour la première fois depuis 30 ans le patrimoine a baissé en 2008 d’environ 3 %.

Or le taux d’épargne des Français n’a commencé à augmenter qu’à la fin de l’année 2008 en passant de 15 % du revenu disponible brut au mois d’août pour atteindre 16,7 % au mois de mai 2009 en passant par 15,8 % au mois de novembre 2008.

Cet attentisme peut s’expliquer par la méfiance que pouvait inspirer la sphère financière en pleine tourmente, puis la volonté de maintenir la consommation. Ce n’est qu’avec les garanties données par les Etats aux établissements bancaires et l’approfondissement de la crise que les Français ont accru leur effort d’épargne.

La crise a modifié leur comportement d’épargne en les conduisant à privilégier dans un premier temps les produits d’épargne sûre voire les liquidités. En 2008, pour la première fois depuis 1990, les Français ont privilégié en flux l’épargne liquide du fait de l’inversion des taux et de la chute du CAC 40 de 42,7 %.

La crise a été marquée au début par le boom du Livret A qui était rémunéré à 4 % au 1er août 2008 au moment où l’inflation s’effondrait. Le Livret A a été également dopé par le processus de libéralisation de sa distribution. Depuis le taux est de 1,25 % depuis le 1er août 2009.

De janvier 2008 à août 2009, l’encours du Livret A a progressé de 20 % passant de 123 à plus de 160 milliards d’euros.

Néanmoins, depuis le mois de mai 2009, une stabilisation et une décrue sont enregistrées. La décollecte a été, depuis le mois de mai, de 6,4 milliards d’euros.

Les comptes à terme qui avaient connu une vive progression sur les trois premiers trimestres de 2008 connaissent également une décollecte de plus de 28 milliards d’euros du 1er janvier au 31 août de cette année.

Depuis le 1er janvier, les comptes courants enregistrent un reflux alors qu’ils avaient fortement augmenté durant l’année 2008.

L’assurance-vie a pâti de la crise durant toute l’année 2008 et le début de l’année 2009 tant en raison de la méfiance générale que par la concurrence des produits d’épargne à court terme comme le Livret A. Depuis le mois de mars 2009, un renversement de tendance est constaté.

En 2008, les cotisations nouvelles versées sur les contrats d’assurance vie à adhésion individuelle et les bons de capitalisation enregistrent une baisse de 12 % par rapport à l’année 2007 pour atteindre 85milliards d’euros. Ce recul d’activité, qui concerne tous les trimestres de l’année, résulte de la poursuite en cours d’année de la dégradation de l’environnement économique et surtout financier déjà présente fin
2007.

Sur les huit premiers mois de l’année, l’assurance-vie progresse de plus de 39 milliards d’euros.

La désaffection sur les unités de compte se poursuit même si une stabilisation est constatée avec près de 5 milliards d’euros de flux net depuis le 1er janvier 2009. Le point bas en matière de cotisations pour les unités de compte a été atteint au mois de février avec une collecte de 855 millions d’euros pour une collecte mensuelle moyenne qui dépassait 3 milliards en 2007.

Les Français ont toujours tendance à aller à contretemps sur le marché des actions. Il faudra plusieurs mois afin que ce placement retrouve un intérêt pour les épargnants. Il faut néanmoins noter un léger retour tant sur les UC des contrats d’assurance-vie que sur les actions cotées (+3 milliards d’euros depuis le 1er janvier 2009 sur un encours total de 102 milliards d’euros). Les OPCVM généraux sont en revanche stables à 123 milliards d’euros.

Sinon, sur moyenne période, l’assurance-vie est devenue de facto le véritable produit d’assurance retraite des Français au-delà de son rôle de couteau suisse de l’épargne. En moyenne, depuis 1997, les Français ont investi 50 milliards d’euros dans l’assurance-vie chaque année avec une pointe à 100 milliards d’euros en 2006. Sur les 1200 milliards d’euros, 200 milliards d’euros sont investis en unités de comptes.

Le PERP qui depuis sa création ne rencontre qu’un succès relatif souffre en période de crise. Sur les six premiers mois de l’année, seulement 29 000 nouveaux plans ont été ouverts soit une baisse de 38 % par rapport à la même période de 2008. Sur le premier semestre, les cotisations ont baissé de 3 % et l’encours s’élève à 2,057 milliards d’euros en progression de 2 %. Le surplace du PERP est lié au refus des Français de s’engager dans un produit tunnel en période crise. L’aliénation du capital avec un dispositif contraignant de réversion est difficilement conciliable avec le souhait des Français de disposer d’une épargne de précaution afin de faire face en particulier au risque chômage.

Au début de la crise, l’épargne réglementée a été sans nul doute la grande gagnante, aujourd’hui les Français réorientent leur épargne vers l’assurance-vie. Dans les prochains mois, la question centrale sera l’existence ou non d’un risque d’inflation. L’injection de liquidités, les tensions sur les matières premières et la baisse du dollar ainsi que le niveau excessif de l’endettement public pourraient conduire à une spirale inflationniste. Néanmoins, l’excès d’offre sur les marchés des biens du fait de la montée en puissance en continu des pays émergents et le niveau élevé en occident du chômage pèsent durablement sur les prix. De ce fait, il y a certainement aujourd’hui une surestimation du risque inflationniste. Sur les cours de bourse, il y a après l’euphorie de ces derniers mois, un courant dominant pour penser que la sortie de crise sera longue et que la bourse mettra des années à retrouver ses niveaux d’avant 2007. Il faut prendre en compte que l’accroissement des dépenses de recherche développement autour de la planète et la montée de la concurrence devraient déboucher sur d’importants gains de productivité capables de générer un surcroît de croissance.

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