Face à une crise économique, les agents économiques sont censés ajuster leur comportement à la nouvelle donne et rechercher un nouvel équilibre. Ces ajustements prennent la forme de correction sur les principales variables économiques. Ainsi, le prix du capital peut être amené à baisser afin d’améliorer sa rentabilité, il en est de même avec le coût du travail et le prix des biens et services. Or, en France, tel n’est pas le cas.
La rigidité à la baisse des prix concerne autant les biens et services que le capital et le travail. Ainsi, l’immobilier ne baisse pas ou très peu depuis le début de la crise de 2007. En fin d’année 2012, il est constaté une réduction forte des transactions, une augmentation du stock de logements invendus mais pas de baisse tangible des prix. Compte tenu de la stagnation voire de la diminution du pouvoir d’achat des ménages, il en résulte des difficultés accrues pour se loger. En outre, la part immobilisée dans la pierre est certainement trop importante et ne contribue pas à un financement optimal de l’économie. Chez nos partenaires, la crise s’est accompagnée d’ajustements importants au niveau de l’immobilier en particulier en Espagne ou aux Etats-Unis.
Cette rigidité à la baisse est également très nette en ce qui concerne les salaires. Il n’y a pas de corrélation entre chômage et coûts du travail, contrairement à ce qui est constaté aux Etats-Unis, en Espagne ou en Italie. De ce fait, les entreprises françaises ne peuvent pas améliorer leurs marges et investir pour élever leur niveau de gamme ou pour trouver de nouveaux marchés. Cette rigidité est accrue par le droit du travail protecteur pour les personnes ayant un emploi mais excluant ceux qui n’en sont pas dotés.
La faible variation des salaires a pour corollaire la rigidité des prix des biens et services. Faute d’avoir des marges d’ajustement sur les coûts, les entreprises ne sont pas incitées à revoir leur tarif même en période de crise. La faiblesse de la concurrence en matière de distribution et le poids des secteurs réglementés accentuent cette tendance à la rigidité.
Face à cette rigidité des facteurs de production souvent favorisée implicitement ou explicitement par les pouvoirs publics, la seule variable d’ajustement pour intervenir sur le cours de l’économie est de jouer sur les impôts. Ainsi, pour réduire le déficit commercial de la France, à défaut de restaurer la compétitivité, il est nécessaire de diminuer les importations et donc la capacité d’achat des ménages. L’augmentation des impôts, impôt sur le revenu ou TVA contribue à amputer le pouvoir d’achat et facilite ainsi le retour à l’équilibre de la balance commerciale.
Pour améliorer la compétitivité coût, les pouvoirs publics doivent effectuer des transferts de ressources en allégeant d’un côté le coût du travail (baisse de charges ou crédit d’impôt) et de l’autre augmenter les impôts sur les consommateurs.
Pour résoudre le surcoût de l’immobilier, les gouvernement n’ont comme solution que de mobiliser une partie de l’épargne des Français via le Livret A ou via des dispositifs fiscaux incitatifs comme le Scellier ou le Duflot. . Il en résulte la multiplication de programmes pas toujours rationnels et rentables.
La France souffre d’une insuffisance de concurrence que ce soit au niveau du financement qu’au niveau de la distribution des biens et des services mais aussi par l’existence d’un trop grand nombre de secteurs encore réglementés. L’économie reste très fortement administrée dans ses systèmes de régulation et dans son mode de fonctionnement. L’existence de très grands groupes internationalisés et la faiblesse des entreprises de taille intermédiaire concourent également à cette rigidité générale. Les ajustements sont, par nature, plus difficiles à mener dans des grands groupes qui ont, par ailleurs, entre leurs mains plus d’outils pour gérer des chocs conjoncturels.
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