L’Allemagne en tant que première puissance économique et principal contributeur aux plans de sauvetage des pays en difficulté, n’entend pas perdre le contrôle de ses ressources. L’Allemagne est impliqué à plusieurs niveaux : l’Etat en tant qu’acteur public qui participe au financement du Fonds européen de stabilité financière et du Mécanisme européen de soutien financier ainsi que de la BCE ; les investisseurs qui prêtent à partir des abondante réserves de changes liées aux surplus commerciaux aux pays endettés. La zone euro, depuis dix ans, repose sur le recyclage des capitaux allemands. L’Allemagne ne veut pas être le dindon de la farce et craint un effacement des dettes. C’est pourquoi elle met en avant l’assainissement et le rééquilibrage des balances commerciales.
La France veut gagner du temps pour assainir ses comptes et réduire le poids de sa dette. Fidèle à leur tradition keynésienne, les autorités publiques considèrent que le retour d’une croissance même artificielle réalimentera les caisses et permettra de réaliser sur plusieurs années les réformes de structure. Par ailleurs, la France craint les transferts de souveraineté au profit d’une Europe de plus en plus gouvernée par le Nord et donc par l’Allemagne.
Si la France est souvent à l’origine des avancées fédérales, elle est également fréquemment responsable de leur enlisement ou de leur abandon. Il en fut ainsi avec a Communauté européenne de défense en 1954 et plus récemment en 2005 avec le Traité constitutionnel.
La zone euro en tant que sous ensemble informel de l’Union européenne à 27 n’est pas tenable en période de gros temps. Il est admis que face à la BCE il faut un pouvoir politique. Une banque centrale n’a pas la compétence, ni les moyens de jouer les pompiers. Face à une crise asymétrique touchant une partie des Etats membres, la BCE ne peut pas mettre en œuvre des plans de restructuration des économies. S’il est convenu qu’il faut un plan d’investissement pour améliorer la compétitivité de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal voire de l’Italie ou de la France.
L’Allemagne considère qu’elle n’a pas vocation à financer à perte les pays en difficulté. Dans un Etat fédéral comme les Etats-Unis, une telle situation est possible. Un des échecs de l’euro a été l’incapacité de générer une identification au sein des peuples. La décision d’imprimer des billets sans aucune référence concrète marque bien le refus implicite des autorités de créer des symboles d’attachement. En France, les billets avaient comme noms ceux des femmes et des hommes qui y étaient représentés, Delacroix, Berlioz, Pascal, Curie… Les pays de la zone euro devraient donner une âme et des émotions à leur monnaie faute de quoi l’adhésion restera très superficielle.
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