Face à la crise grecque, l’idée de créer un Fonds Monétaire Européen a été avancée. Aujourd’hui, la Banque centrale comme la Commission n’ont pas les pouvoirs de prêter à un Etat membre sous condition.
Du fait de l’ampleur de ses déficits et des tentatives de maquillage des comptes, maquillage qui concerne de nombreux Etats, la Grèce est confrontée à un problème de refinancement qui fragilise l’euro. L’Allemagne qui est la première puissance économique de la zone ne veut pas endosser le rôle de prêteur en dernier ressort. Ce pays a construit sa force économique depuis la Seconde Guerre Mondiale sur la rigueur et les vertus de l’appréciation de la monnaie. L’introduction des critères de Maastricht était la condition sine qua non afin que l’Allemagne accepte d’abandonner le mark.
Aujourd’hui, l’Allemagne est confrontée à un dilemme : aider la Grèce revient à donner un chèque en blanc à un pays jugé mauvais gestionnaire et à créer un dangereux précédent ; ne pas aider au risque d’affaiblir la monnaie européenne.
La création d’un FME permettrait de sortir par le haut de cette crise et éviter à la Grèce l’humiliation de l’intervention du FMI. Ce dernier n’intervient pas qu’au profit de pays sous-développés ou de pays émergents. Le Royaume-Uni a fait appel au FMI dans les années soixante-dix et l’Islande a bénéficié d’une aide en 2009 afin de surmonter la banqueroute de son système bancaire et financier.
La création du FME qui par nature devait être indépendant tout en ayant de fortes chances d’être entre les mains des grands Etats de la zone euro supposerait un droit de regard sur les finances publiques nationales. En effet, le FME qui serait financé comme le FMI par des participations issues des Etats membres serait amené à intervenir au profit d’Etat devant faire face à des situations financières mettant en cause la stabilité de la zone ou pouvant mettre en cause le fonctionnement régulier de l’Etat.
Les prêts, les garanties, seraient conditionnés par la mise en œuvre de plans d’assainissement des comptes publics, par l’engagement de réformes structurels concernant par exemple la retraite, l’emploi public, la fiscalité…
La création du FME serait une révolution par rapport au système actuel mais ne serait pas sans conséquence du fait que les Etats européens seront dans les prochaines années confrontés à des engagements très lourds : retraite, santé, dépendance. Ces engagements sont des sources de tensions financières et donc des sources possibles d’intervention du futur FME.
La création du FME pourrait traduire l’incapacité des Etats européens à se réformer par l’interne et la nécessité de faire intervenir un arbitre au risque de faire monter le populisme et le sentiment anti-européen.
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