Avec les Trente Glorieuses, avec la révolution verte qui a permis dans de nombreux pays en voie de développement de vaincre la famine, avec les nouvelles technologies, Malthus avec sa loi des rendements décroissants, avec sa théorie de la stagnation faisait pale figure face à Schumpeter qui avait placé au cœur de sa théorie la progrès technique.
Daniel Cohen, dans son dernier ouvrage, « la prospérité du vice » nous amène à nous réinterroger sur les réflexions de Malthus. En redécouvrant que le principe de rareté s’applique à tout et à notre environnement, que la prospérité des uns ne fait pas le bonheur des autres, le match semble réouvert entre les deux économistes.
Si le pessimisme est de retour dans le monde économique, cela est en grande partie à cause de la stagnation des gains de productivité en occident. Les pays industrialisés vivent de leur rente de situation et dilapide le trésor accumulé depuis 200 ans.
La chute de l’empire soviétique, ou plutôt son implosion, est d’ordre certes politique mais également et avant tout d’ordre économique. La même histoire peut se répéter…
Les Etats-Unis avaient du milieu des années soixante aux années quatre-vingt enregistré des taux de croissance plus faibles que ceux des pays européens. Certains experts imaginaient même que l’Europe pourrait à l’aube du XXIème siècle surpasser les Etats-Unis. Or, la révolution technologique provoquée par les nouvelles techniques de l’information et de la communication ont permis aux Etats-Unis de distancer l’Europe et le reste du monde, le Japon y compris qui d’est enfoncé dans une stagnation depuis près de 20 ans.
Cette nouvelle révolution technologique a offert aux Etats-Unis le statut d’hyperpuissance, de pays dont la dette publique était faible et le budget excédentaire.
L’éclatement de la bulle Internet, les attentats du 11 septembre 2001, les deux guerres, Afghanistan et Irak, ont eu raison de leur puissance.
Le réveil chinois amorcé dès 1978 par Deng Xiaoping qui a prolongé et amplifié celui des dragons asiatiques a eu pour conséquences des transferts massifs de production au détriment des pays anciennement industrialisés. A la différence des précédentes vagues de transferts, l’Occident n’a pas été capable de hausser son niveau de compétitivité. Les firmes multinationales ont encaissé la rente générée par les gains de coûts issus de la production en Chine mais n’ont pas été à la base d’un choc d’offre. Les innovations financières tout comme la spéculation ont masqué la stagnation, voire l’ont favorisé.
Malthus rode avec la bataille des matières premières qui s’engagent avec la Chine qui avec ses 1,3 milliard d’habitant en aura besoin de toujours plus.
La terre comptera 9 milliards d’habitants d’ici 2050 soit un nombre que jamais Malthus n’aurait pu imaginer. En revanche, il apparaît de plus en plus que sans nouvelle révolution technologique de grande ampleur, le cap soit difficile à franchir.
Les gains issus des nouvelles technologies semblent s’épuiser. Elles ont été utilisées pour tayloriser les services, pour automatiser des taches administratives. Aujourd’hui, un défi s’impose aux pays développés, celui de mieux exploiter les compétences de leurs actifs. Le niveau éducatif s’est élevé fortement depuis 50 ans sans pour autant que le travail se soit enrichi à du concurrence pour une grande majorité de salariés. La déshumanisation du travail en relation avec la destruction des liens sociaux provoque de nombreuses insatisfactions professionnelles accrues par un sentiment dominant d’injustice sociale/
La meilleure utilisation du capital humain est une clef de la sortie de la crise actuelle. Redonner aux salariés l’envi d’enrichir leur travail et leur entreprise est une condition sine qua non pour restaurer une croissance durable.
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