Les
électeurs des États-Unis, de l’Allemagne et de la France seront amenés dans les
prochains mois à désigner leurs dirigeants. Si depuis la fin des années
soixante, le rajeunissement de la classe politique est un thème majeur force
est de constater que ce ne sera pas obligatoirement le cas pour les échéances à
venir.
Ainsi,
aux États-Unis, les principaux candidats ont plus de 60 ans voire plus. Donald
Trump est né en 1946. Hilary Clinton a 69 ans. Son principal concurrent au sein
du parti démocrate est Bernie Sanders âgé de 74 ans. Nous sommes loin de John
Fitzgerald Kennedy élu à 44 ans, en 1961, Président des États-Unis. En
Allemagne, la chancelière, Angela Merkel qui en est à son troisième mandat a 61
ans. Son concurrent au sein de son parti et au sein du Gouvernement Wolfgang
Schäuble a 73 ans. En France, le champion des sondages à droite est Alain Juppé
70 ans. Les autres candidats potentiels au second tour, François Hollande,
Nicolas Sarkozy ou François Fillon ont plus de 60 ans. Seule Marine Le Pen a
moins de 60 ans. Certes il y a des exceptions notoires avec Matteo Renzi ou
David Cameron qui avec leurs 41 et 49 ans, font figures de benjamins de la
classe politique européenne.
Est-ce qu’une
question de hasards ou est-ce une évolution plus structurelle ? L’âge des
dirigeants a-t-elle vocation être plus élevé ?
Quelles sont les raisons
qui peuvent conduire au choix de dirigeants plus âgés ?
La composition du corps
électoral
La
composition du corps électoral est un facteur à prendre en compte. Les
retraités, en France, représentent 35 % de la population inscrite sur les
listes électorales. En outre, ce poids est d’autant plus important que les
retraités s’abstiennent moins que les jeunes. L’âge médian de la population
française est désormais supérieur à 40 ans quand il était de 37 ans au début du
siècle. Cet âge augmente de 2 à 3 mois chaque année. Les électeurs se trouvent
donc chez les plus de 40 ans voire chez les plus de 50 ans. Les candidats
ressemblant à leur électorat ont donc tendance également à être de plus en plus
âgés.
Des
années 60 aux années 90, tout gouvernement qui se respecte est angoissé par la
question jeune. Les manifestations d’étudiants sont fréquentes et peuvent
provoquer la démission de nombreux ministres (Alain Devaquet, Lionel Jospin…).
Aujourd’hui, les manifestations sont bien plus rares et bien plus pacifiques
(les dernières en date ont concerné le CPE sous Dominique de Villepin).
La logique de la
conservation du pouvoir et l’effet des sauts générationnels
Les
générations des baby-boomer tentent de conserver le pouvoir. Ils s’appuient sur
les structures des partis politiques dont les représentants sont plus âgés que
la moyenne de la population. Par absence d’appétence, par manque de temps, les
jeunes sont sous-représentés au sein des partis. De ce fait, les trentenaires
et les quarantenaires sont plus rares.
Par
ailleurs en France, à l’exception de Valéry Giscard d’Estaing qui a été élu à
48 ans, l’accession aux responsabilités a été, de tout temps, un long
cheminement sur plusieurs décennies. Il convient de signaler que si VGE a été
élu jeune, il avait une expérience de plus de 15 ans au sommet de l’État.
Pour
atténuer cette analyse, il faut prendre en compte que le renouvellement au sein
de la classe politique s’effectue par saut générationnel. Une génération
d’hommes et de femmes politiques a tendance à bloquer l’accès à la génération
qui lui succède et préfère promouvoir des personnes ayant 20 ans de moins
qu’eux. Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac ont ainsi freiné les
carrières des François Léotard, Alain Madelin, Philippe Séguin… Il en est de
même à gauche avec François Mitterrand. Aujourd’hui, le processus semble se
reproduire avec François Hollande et Nicolas Sarkozy même si avec les problèmes
économiques et leur faible popularité leur mainmise sur leur camp est plus
fragile que celle qu’avait leur prédécesseur.
Le principe de précaution
électorale
Avec le
vieillissement et les crises économiques depuis 2008, l’électorat a besoin
d’être rassuré. L’expérience est donc une valeur en hausse. Les thèmes de
campagne sont de plus en plus centrés sur les questions de sécurité au sens
large du terme (environnement, sécurité intérieure…).
Ce
sentiment de précaution est en conflit avec le principe « de sortir les
sortants », principe qui a toujours le vent en poupe en période de crise.
Les dernières élections en Grèce ou en Espagne ont été marquées par une montée
des partis extrémistes dirigés par de jeunes responsables. Entre expérience et
nouveauté, les électeurs semblent hésiter…
Quelles conséquences pour
les programmes politiques ?
Compte
tenu de l’âge des candidats et de la composition électorale, les mesures qui
pourraient impacter les retraités sont très difficiles à prendre. Les
dispositions fiscales sur les pensions ou touchant au patrimoine qui est, en
France, possédé à plus de 50 % par les plus de 50 ans sont évidemment
électoralement très coûteuses.
Reculer
l’âge de la retraite à 63 ou 65 ans, modifier le code du travail ne concernent
pas les retraités. En revanche, les candidats sont en règle générale plus
silencieux concernant l’éventuelle harmonisation de la CSG des retraités sur
celle des actifs ou la suppression de l’abattement de 10 % dont bénéficient ces
mêmes retraités…
Les
thèmes de la sécurité au sens large du terme occuperont une place de plus en
plus importante dans les programmes.
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