mardi 6 octobre 2015

Faut-il sauver le soldat Air France ?


Pourquoi Air France est-elle au bord du gouffre et que certains de ses salariés semblent prêts à la politique de la terre brûlée. Comment expliquer ce gâchis au moment où le trafic aérien explose ?

Oui, la situation est surréaliste. Le trafic aérien dépasse 6 milliards de passagers par an contre 4,7 milliards il y a 10 ans.

En 2020, il devrait y avoir plus de 8,4 milliards de passagers et en 2013, plus de 12 milliards. C’est pour cette raison que les carnets de commande d’Airbus et de Boeing sont pleins pour de très nombreuses années.

Air France qui est une des plus anciennes entreprises du secteur et qui est présente sur tous les continents devrait tirer profit de cette expansion d’autant plus que la France est le premier pays touristique du monde avec plus de 80 millions de touristes étrangers.

Mais Air France n’est pas une société comme les autres. Elle s’est toujours considérée comme un porte-étendard de la France. Elle se voit comme un ambassadeur du génie français à l’international. Air France, c’est un peu une administration avec des ailes.

L’Etat, l’actionnaire de référence d’Air France, a souvent chargé la barque en l’obligeant à reprendre des salariés de compagnies françaises en faillite, ce fut le cas avec Air Inter en 1997, avec Air Liberté ou AOM.

Par ailleurs, toujours sur pression politique, les dirigeants d’Air France ont du exploiter des lignes non rentables en province. De même, ils ont du accepter de titulariser des salariés ayant vocation à travailler qu’en période estivale.

Enfin Air France est pénalisée par les fortes redevances qu’elle paie à Aéroports de Paris.


Quand le trafic aérien était complétement réglementée, quand l’avion était réservé à une élite, tout cela pouvait être supportable ; la question de la rentabilité était subalterne et Air France pouvait survivre

Aujourd’hui, le marché aérien est de plus en plus concurrentiel. Les Low cost ont modifié les règles de fonctionnement avec du personnel polyvalent, avec des rotations d’avion rapides….

Les vieilles compagnies éprouvent les pires difficultés à changer de logiciel. La PAN NAM ou TWA ont disparu. La situation de la Lufthansa n’est pas évidente non plus.

Air France peut-elle périr ?

Nul n’imagine la fin d’Air France du fait des symboles qu’elle porte !

Les risques sont l’attrition, la fin d’une compagnie mondiale capable de desservir tous les pays du monde. C’est ce qui est pratiqué quand on prévoit la réduction de 10 % des activités, de la mise au rebus de 14 avions….

Air France est mal positionnée. Elle est concurrencée sur tous les fronts. Au niveau des lignes intérieures, le TGV lui prend des parts de marchés sachant que ce dernier bénéficie d’aides publiques importantes.

Sur les moyens courriers, les low cost ont gagné la bataille. Sur les longs courriers, les compagnies du Golfe ou d’Asie sont de plus en plus agressives.

Air France n’a pas été capable de se positionner sur le haut de gamme. Elle est restée une entreprise de transport généraliste de gamme moyenne. L’incapacité de développer sa filiale low cost du fait du corporatisme de son personnel naviguant.

Quelles solutions pour Air France ?

Il y a l’obligation de retisser des liens sociaux et de générer un projet qui ait du sens. Le bâton ne peut pas être se seul guide d’action pour une entreprise de plus de 50 000 salariés.

La question du maintien de la structure actuelle peut se poser.

Il faut sans nul doute accélérer la filialisation des vols intérieurs voire procéder à leur cession. Autrefois ils étaient amenés du trafic sur le hub parisien. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Il faut repositionner sur le haut de gamme la compagnie.

Il faut sans nul doute créer des hubs autres que Paris pour maintenir un positionnement international.


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