Pourquoi Air France est-elle au bord du gouffre et que
certains de ses salariés semblent prêts à la politique de la terre brûlée. Comment
expliquer ce gâchis au moment où le trafic aérien explose ?
Oui, la situation est surréaliste. Le trafic aérien dépasse
6 milliards de passagers par an contre 4,7 milliards il y a 10 ans.
En 2020, il devrait y avoir plus de 8,4 milliards de
passagers et en 2013, plus de 12 milliards. C’est pour cette raison que les
carnets de commande d’Airbus et de Boeing sont pleins pour de très nombreuses
années.
Air France qui est une des plus anciennes entreprises du
secteur et qui est présente sur tous les continents devrait tirer profit de
cette expansion d’autant plus que la France est le premier pays touristique du
monde avec plus de 80 millions de touristes étrangers.
Mais Air France n’est pas une société comme les autres. Elle
s’est toujours considérée comme un porte-étendard de la France. Elle se voit
comme un ambassadeur du génie français à l’international. Air France, c’est un
peu une administration avec des ailes.
L’Etat, l’actionnaire de référence d’Air France, a souvent
chargé la barque en l’obligeant à reprendre des salariés de compagnies
françaises en faillite, ce fut le cas avec Air Inter en 1997, avec Air Liberté
ou AOM.
Par ailleurs, toujours sur pression politique, les
dirigeants d’Air France ont du exploiter des lignes non rentables en province.
De même, ils ont du accepter de titulariser des salariés ayant vocation à
travailler qu’en période estivale.
Enfin Air France est pénalisée par les fortes redevances qu’elle
paie à Aéroports de Paris.
Quand le trafic aérien était complétement réglementée, quand
l’avion était réservé à une élite, tout cela pouvait être supportable ; la
question de la rentabilité était subalterne et Air France pouvait survivre
Aujourd’hui, le marché aérien est de plus en plus
concurrentiel. Les Low cost ont modifié les règles de fonctionnement avec du
personnel polyvalent, avec des rotations d’avion rapides….
Les vieilles compagnies éprouvent les pires difficultés à changer
de logiciel. La PAN NAM ou TWA ont disparu. La situation de la Lufthansa n’est
pas évidente non plus.
Air France peut-elle périr ?
Nul n’imagine la fin d’Air France du fait des symboles qu’elle
porte !
Les risques sont l’attrition, la fin d’une compagnie
mondiale capable de desservir tous les pays du monde. C’est ce qui est pratiqué
quand on prévoit la réduction de 10 % des activités, de la mise au rebus de 14
avions….
Air France est mal positionnée. Elle est concurrencée sur
tous les fronts. Au niveau des lignes intérieures, le TGV lui prend des parts
de marchés sachant que ce dernier bénéficie d’aides publiques importantes.
Sur les moyens courriers, les low cost ont gagné la
bataille. Sur les longs courriers, les compagnies du Golfe ou d’Asie sont de
plus en plus agressives.
Air France n’a pas été capable de se positionner sur le haut
de gamme. Elle est restée une entreprise de transport généraliste de gamme
moyenne. L’incapacité de développer sa filiale low cost du fait du corporatisme
de son personnel naviguant.
Quelles solutions pour Air France ?
Il y a l’obligation de retisser des liens sociaux et de
générer un projet qui ait du sens. Le bâton ne peut pas être se seul guide d’action
pour une entreprise de plus de 50 000 salariés.
La question du maintien de la structure actuelle peut se
poser.
Il faut sans nul doute accélérer la filialisation des vols
intérieurs voire procéder à leur cession. Autrefois ils étaient amenés du
trafic sur le hub parisien. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Il faut repositionner sur le haut de gamme la compagnie.
Il faut sans nul doute créer des hubs autres que Paris pour
maintenir un positionnement international.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire