La Corse a ses dernières années enregistré une croissance
supérieure à celle des autres régions française, 2,5 % de 1990 à 2010 contre
1,1 % pour l’ensemble de la France. Ce surcroît de croissance repose sur quatre
grandes raisons :
Ø
La faible dépendance au secteur industriel qui
est confronté à une lourde contraction sur le continent
Ø
Le Plan d’Equipement et d’Investissement qui a
généré une augmentation de l’activité en particulier dans le BTP (plus de 900
millions d’euros engagés de 2002 à 2010)
Ø
Le secteur touristique et résidentiel
Ø
L’augmentation des transferts financiers de la
part des particuliers du fait de l’augmentation du nombre de retraités ainsi
que de celle de la population
Certains de ces facteurs sont relativement déconnectés des
cycles conjoncturels, expliquant la bonne résistance de la Corse en 2009. En
revanche, ces facteurs n’empêchent pas une contraction de l’activité depuis
2012. La fin du programme d’investissement et les anticipations négatives sur
l’immobilier peuvent peser sur le taux de croissance. A moyen terme, les
transferts publics sous forme de subventions et de d’emplois publics ont
vocation à se contracter en raison de la nécessité d’améliorer le solde public.
L’évolution de l’activité touristique est plus délicate à
prévoir. Les problèmes politiques dans le Nord de l’Afrique devraient inciter à
certains nombres de touristes d’opter pour des destinations occidentales. En
revanche, la stagnation des revenus voire les baisses du pouvoir d’achat
joueraient défavorablement.
I.
UN
NOUVEAU CONTEXTE ECONOMIQUE ET FINANCIER
1. Une période d’ajustement économique
La crise de 2009 et celle de 2011 pour la zone euro marquent
une rupture avec la période précédente d’endettement croissant. La France comme
tous les pays de l’OCDE pour contrecarrer la baisse tendancielle de la
croissance ont eu recours à un endettement que ce soit public ou privé.
La sortie d’une crise financière exige du temps. Il faut à
la fois opérer un processus de désendettement et restaurer la confiance. De
nombreux experts estiment que la croissance potentielle de l’Europe est entamée
jusqu’à la fin de la décennie. La croissance de la France pourrait se situer
entre 0 et 1 % en moyenne annuelle.
L’ajustement budgétaire en cours devrait entraîner un repli
de l’Etat et une remise en cause des dotations aux collectivités locales. De
même, les transferts sociaux devraient sur moyenne période reculer. Les
dépenses sociales représentent, en France, le tiers du PIB et concourent à
l’activité de nombreuses régions.
Il faut souligner que ces dix dernières années, ce sont les
régions ou les territoires qui ont bénéficié le plus des transferts sociaux et
des créations de postes publics qui ont obtenu les plus forts taux de
croissance. La remise en cause des politiques publiques devrait changer la
donne. Les collectivités locales qui ont été créateurs d’emplois devraient ne
plus jouer un rôle aussi actif à la fois en raison de la stagnation voire la
diminution des subventions et du niveau élevé des prélèvements.
La croissance des territoires dans les prochaines années
sera moins alimentée par l’argent public. Elle dépendra davantage du potentiel
intrinsèque des territoires. La diversification des activités et des facteurs
de richesses sera primordial pour éviter de subir la conjoncture. La question
du financement de l’investissement sera primordiale.
2. Les conséquences pour la Corse
La Corse, du fait de son activité fortement tertiaire et de
l’importance des transferts sociaux (retraite), n’a pas subi de récession en
2008/2009. Néanmoins, sa croissance s’est ralentie avec le fléchissement du
tourisme.
Depuis 2012, l’activité corse est en décroissance avec un
chômage en augmentation. Ce dernier tend à se rapprocher de la moyenne
nationale. Du fait de la structure de la population démographique de l’ile, ce
sont les seniors qui en sont le plus victimes.
La résilience de la Corse face à la crise s’explique par
l’importance du tertiaire non marchant qui assure 32 % de la valeur ajoutée de
la région pour une moyenne nationale, en 2011, de 22,7 %. La Corse est la
première région pour le poids du tertiaire non marchand devant la région
Limousin.
Le ralentissement prévisible des plans d’investissement
publics et de la création d’emplois publics devrait se faire ressentir sur le
secteur des TP. Il est également probable qu’un ralentissement de la
construction de logements devrait intervenir pour des raisons de prix et de
déficit de terrains constructibles. La densification de l’habitat devrait
aboutir à évolution du marché vers les immeubles collectifs.
Si l’activité touristique reste médiocre du fait de la
persistance de la crise dans l’Europe du sud, les tensions sociales et
politiques pourraient se renforcer.
II.
LA
DEMOGRAPHIE, UNE CONTRAINTE QUI EST UN ATOUT
1. L’augmentation de la population
Une croissance de la population est une source de croissance
potentielle. C’est à ce titre que la croissance potentielle de la France est
supérieure à celle de l’Italie. Ce qui vaut pour les Etats s’applique également
aux régions. L’accroissement de population nécessite la réalisation
d’investissement et génère un flux supplémentaire de consommation. L’afflux de
touristes obéit aux mêmes principes.
Ce qui a le plus fort impact pour la croissance, c’est
l’augmentation de la population active du fait que la formation a été financée
à l’extérieur et qu’elle génère un accroissement de richesses nettes. L’arrivée
de retraités a un moindre impact économique du fait qu’il s’agit d’un transfert
financier sans contrepartie directe en matière de création de richesses.
La population corse progresse deux fois plus vite que la
moyenne nationale. Le taux d’augmentation annuelle est de 1,2 % contre 0,5 %
pour la France de 2006 à 2012. De 1999 à 2006, le taux annuel de progression
était de 1,8 % contre 0,7 % pour l’ensemble de la France. Certes, ce flux est
gonflé (environ 20 %) par le résidentiel mais il n’en demeure pas moins que la
Corse profite d’un accroissement démographique relativement fort par rapport à
son histoire récente.
Cette augmentation est imputable aux flux migratoires. Le
solde des entrées/sorties explique la totalité de la progression quand le solde
lié au mouvement naturel (naissances-décès) est nul. L’ensemble de la France se
situe dans une situation opposée.
La progression devrait se ralentir du fait du vieillissement
global qui devrait aboutir à un solde naturel négatif. En revanche, les flux
migratoires devraient rester positifs. D’ici 2040, le taux de progression
devrait se situer entre 0,5 et 0,8 % par an.
La population base INSEE de la Corse est de 309 623 au
1er janvier 2013. En vingt ans, la population s’est accrue de
50 000. Un point bas au niveau de la population avait été atteint en 1982
à 240 000. Compte tenu du taux de croissance prévisionnel, la population
corse devrait atteindre 350 000 en 2040.
2. L’augmentation du nombre de retraités et
des transferts financiers associés
La Corse du fait de structure démographique et de l’accueil
de nombreux retraités est et sera confrontée à un fort vieillissement. Les plus
de 60 ans représentent 26 % de la population corse quand ils représentent 22 %
pour l’ensemble de la France. Les moins de 20 ans pèsent 21 % en Corse contre
24,6 % sur l’ensemble du territoire.
En 2040, une personne sur trois aura plus de 65 ans en Corse
contre une sur cinq actuellement. Cette population sera multipliée par un peu
moins de deux. L’âge moyen de la population sera de 49 ans soit cinq ans de
plus que la moyenne nationale. Au niveau du flux migratoire, les retraités
représenteront une part croissante, plus de 30 % en 2040. La Corse restera dans
les régions les plus âgées de France.
Des transferts financiers importants
Une proportion importante de retraités garantit un montant
des revenus du fait des pensions versées. Même si une érosion des pensions est
à attendre en raison des problèmes de financement, néanmoins, elles sont moins
tributaires de la conjoncture que les salaires ou les rémunérations des
dirigeants d’entreprise.
L’impact de l’implantation de nombreux retraités
L’implantation de nouveaux retraités génère une série de
dépenses : investissement avec l’achat ou la construction de logements,
consommation de services de proximité et consommation courante.
Certes, la propension à consommer d’un retraité est moindre
qu’un actif mais est plus générateur d’emploi avec un recours plus important
aux services.
Par ailleurs, le retraité est jusqu’à l’âge de 75 ans un
épargnant. La désépargne commence au-delà de 75 ans pour faire face à des
dépenses de santé (dépendance) et du fait de l’anticipation des successions
(donations).
De ce fait, il est important de pouvoir capter une partie de
l’épargne pour financer de l’investissement. Mais, les retraités sont en règle
générale peu portés sur le risque et cherchent des placements surs à faible
rentabilité.
III.
LE TOURISME,
UN SECTEUR CLEF MAIS FRAGILE ET PEU STRUCTURANT SUR MOYENNE PERIODE
1. Les flux touristiques de plus importants à
l’échelle mondiale
A l’échelle mondiale, le tourisme devrait, dans les
prochaines années, continuer de progresser à forte vitesse du fait de
l’accession aux classes moyennes d’un nombre grandissant d’habitants.
Aujourd’hui, près d’un milliard d’habitants appartiennent sur une population
totale de 7 milliards. Ce nombre devrait atteindre, compte tenu des taux de
croissance au sein des pays émergents, 3 milliards d’habitants autour de 2030.
En 2011, 980 millions de touristes ont franchi une frontière
internationale. Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, ce chiffre devrait
être de 1,8 milliard en 2030. Le tourisme international représente 30 % des
exportations mondiales de service. Ce secteur d’activité est un des plus
dynamiques avec un taux de croissance supérieur à 4 % l’an.
2.
Le
tourisme étranger en France a atteint un sommet
La France avec 80 millions de touristes étrangers est la
première destination mondiale. Le nombre de nuitées effectuées par des
touristes étrangers a été, en 2011 de 580 millions et le nombre d’excursionnistes
étrangers a été de 118 millions.
L’activité touristique connait de brutales fluctuations
liées à des circonstances politiques (Maghreb), géopolitiques (terrorisme),
naturelles (tempêtes, tremblement de terre), économiques (prix des transports,
pouvoir d’achat, crise en Italie…).
La France bénéficie de nombreux atouts : diversité
géographique et culturelle, stabilité politique, positionnement central à
l’échelle mondiale, climat, faibles risques naturels, infrastructures, …
De ce fait, le potentiel touristique français devrait rester
important avec une obligation d’améliorer le montant des dépenses réalisées par
les touristes sur le territoire ce qui suppose de développer des activités
marchandes de bon niveau.
Le tourisme est très sensible aux fluctuations
conjoncturelles, politiques ou liées à des aléas naturels ou météorologiques.
La France dispose d’un potentiel touristique hors de commun
mais des limites physiques à l’accueil des touristes peuvent se poser. La
saturation des moyens de transports et de certains sites peuvent avoir des
effets contreproductifs d’où la nécessité de se positionner sur du tourisme
premium à meilleure valeur ajoutée.
3.
Le
tourisme en Corse, une forte progression arrêtée par la crise
Environ 3 millions de touristes viennent en Corse dont les
trois quarts sont français. Le secteur emploie un cinquième de la population
active. Au niveau de la fréquentation des aéroports et des ports, 7,5 millions
de passagers sont enregistrés. De 2005 à 2010, le nombre de voyageurs
accueillis en Corse a progressé de 26 %. Du fait de la stagnation ces dernières
années des nuitées, le tourisme résidentiel a profité de cette augmentation.
La fréquentation touristique est concentrée sur quatre mois
de juin à septembre avec des taux d’occupation autour de 80 % pour les autres
mois se situer en moyenne à 30 %. Le tourisme est également concentré
géographiquement entre la Balagne et le Sud de l’Ile.
Le secteur touristique en Corse porte 18 000 emplois
correspondant à 7200 postes à plein temps soit 12 % des emplois à plein temps
de l’ile. L’emploi touristique a augmenté d’un tiers de 2005 à 2010.
L’hébergement et la restauration concentrent 71 % des emplois. 54 % des emplois
dans la restauration sont liés au tourisme et 20 % pour le commerce. Plus de la
moitié des emplois dans le tourisme sont saisonniers. 75 % des emplois
n’exigent pas de qualification. 14 000 emplois saisonniers sont créés
chaque année.
Sur la saison 2012, de mai à septembre, le nombre de nuitées
a été de 2,2 millions pour les touristes français et 1,3 millions de nuitées
pour les touristes étrangers, essentiellement Allemands, Italiens, Benelux et
Suisse.
En 2012, il a été noté une réduction du nombre de nuitées
par séjour et une baisse du panier de dépenses par estivant. La baisse des
nuitées a été de 0,7 % en 2012 après -4,2 % en 2011. Ce sont les hôtels qui
sont les plus touchés avec une baisse de la fréquentation de 2 %. Ce sont les
établissements haut de gamme, hôtels et campings, qui arrivent à obtenir les
meilleurs taux d’occupation. Le repli de la clientèle française au profit d’une
clientèle d’origine étrangère explique sans nul doute ce résultat.
Pour 2013, aucune amélioration n’est attendue du fait de la
crise en Italie. Néanmoins, un surcroît de touristes en provenance de
l’Allemagne est espéré.
4.
La
problématique de l’activité touristique
L’apport économique du tourisme est un sujet qui fait débat.
Ce secteur procure une rente mais est peu structurant. Il génère des effets inflationnistes
et des bulles spéculatives. Il détourne une partie du capital au profit d’un
secteur à faibles gains de productivité.
Mais, le tourisme permet un transfert de revenus, des touristes au
profit des différentes activités corses.
Le tourisme est consommateur d’emplois à faible valeur
ajoutée et de ce fait moyennement rémunérateur. Il n’offre pas en outre des
emplois sur l’ensemble de l’année. Il n’incite pas les jeunes à obtenir des une
formation supérieure par l’illusion monétaire qu’offrent quelques mois de
travail l’été.
L’étalement de la saison touristique qui logiquement repose
sur le développement du tourisme d’affaires a comme limite la réduction des
budgets des entreprises pour les évènementiels et le coût des transports. Par
ailleurs, sur les mois d’hiver et d’entre saison, la Corse est concurrencée par
des régions plus exotiques.
Néanmoins, l’étalement de la saison peut également reposer
sur le tourisme des seniors moins sujets aux fluctuations de l’économie et par
la recherche de nouveaux clients au-delà des frontières actuelles ce qui
suppose une conquête de marchés à l’international (touristes des pays
émergents).
Le tourisme doit intégrer une vocation culturelle et
historique. Les succès des musées Pompidou à Metz ou du Louvre à Lens tout
comme ceux des années de la culture à Lille ou à Marseille témoignent de la
vitalité du tourisme culturel en relation avec le vieillissement des touristes.
Ce tourisme offre l’avantage d’être moins dépendant des saisons estivales.
Il faut également citer le cas de La Vendée avec le Puy du
Fou ou le développement du tourisme vert dans plusieurs territoires français
dont en Corrèze.
La création d’évènements nationaux ou internationaux
(festival) deviennent de plus en plus importante pour suppléer la faiblesse du
tourisme d’affaires (séminaires…).
5. La problématique du développement du
résidentiel
En parallèle avec l’activité touristique classique (hôtel et
camping) s’est développée une activité d’implantation résidentielle.
Cette activité est multiforme. Elle comprend des résidences
secondaires, des logements destinés à la location saisonnière, des logements
occupés par des retraités en provenance du continent (originaire ou non de
Corse) et des logements à usage pluriel (résidence principale ou secondaire
+location).
Ce secteur a contribué à la forte activité du bâtiment ces
dernières années. Par l’accroissement de population qu’il génère, il favorise
la croissance des commerces et des services à la personne.
Moins saisonnière que l’activité touristique, ce secteur est
plus structurant que le tourisme même si son impact économique est plus diffus.
Il favorise l’ouverture des commerces au-delà de la pleine saison touristique.
Il nécessite le développement de filières de services à la personne en
particulier dans le domaine de la santé.
En revanche, il est comme pour l’activité touristique peu
génératrice de gains de productivité et contribue à l’appréciation des prix de
l’immobilier et le renchérissement des coûts du bâtiment. Il entraîne des
problèmes de logements pour les insulaires dont les revenus sont plus faibles
en moyenne que sur le continent en raison de la faiblesse des secteurs à forte
valeur ajoutée. Son développement accentue les déséquilibres entre les cotes et
l’intérieur de l’ile.
La multiplication des logements à vocation touristique
pourrait déboucher à une spéculation et à une saturation sur le modèle
espagnol.
En renchérissant le coût du foncier et en générant des
hausses dans les coûts de construction, le développement résidentiel mobilise
une part non négligeable des capacités disponibles d’investissement. Ce
raisonnement a comme limite que si les investissements immobiliers ne sont pas
réalisés, il n’est en aucun cas certain que l’argent disponible reste ou arrive
en Corse.
La croissance de ce secteur d’activité n’en demeure pas
moins créatrice de richesse par les flux financiers (les non-résidents corses
et les retraités transfèrent des revenus en provenance du continent au profit
des résidents corses).
Le marché de l’immobilier évolue en Corse depuis deux ans
avec une croissance plus forte des logements collectifs au détriment des
résidences individuelles. En 2012, il a été enregistré un recul de 32 % des
logements neufs mis en vente et une baisse de 27,5 % des logements vendus. Le
stock de logements disponibles s’accroit pour atteindre en fin d’année 1640.
Le secteur de la construction pèse plus en Corse que pour la
France, 11 % de la valeur ajoutée contre 6 %. La région Corse détient même la
première position ; les autres régions touristiques se situent entre 7 et
8 %. Cette importance est imputable à la faiblesse de l’industrie qui valorise
d’autant la filière construction.
La filière de la construction est peu structurante ; la
faible taille du marché freine la création ou l’installation de sous-traitants.
De ce fait, la grande majorité des composants et pièces nécessaires à la
construction est importée du continent. Une spécialisation sur des activités
liées aux spécificités de l’ile (ensoleillement, énergie renouvelable etc.).
Il est certain que le tourisme et le secteur résidentiel ont
favorisé un flux de capitaux positifs et des flux récurrents de revenus. Ils
ont été des moteurs importants de la croissance.
En revanche, ces activités mobilisent un fort volume de
capitaux pour un rendement moyen. Elles entraînent une spécialisation de la
Corse et donc une dépendance. En cas de retournement du marché immobilier ou de
crise du tourisme, l’impact sera relativement fort simplement compensé par les
transferts non marchands.
IV. LES AUTRES VOIES DE LA CROISSANCE
Une règle en économie
Pour la croissance, l’objectif n’est pas d’être le meilleur
dans un domaine particulier mais de se spécialiser dans les domaines où on est
le moins mauvais (théorie des avantages comparatifs).
La croissance repose, par ailleurs, sur les facteurs travail
et capital ainsi que sur le progrès technique. Du fait du vieillissement de la
population, même si aujourd’hui le chômage concerne plus de 10 % de la
population active, le facteur travail risque d’être à terme rare d’autant plus
que les activités de service en sont fortement consommatrice.
Le capital est relativement abondant mais son allocation
n’est pas optimale avec une surreprésentation de l’immobilier.
Dans les prochaines années, la composante « progrès
technique » sera incontournable. Les territoires pouvant générer de
nouvelles activités ou du trafic commercial seront gagnants.
Un territoire pour rencontrer la croissance doit se trouver
sur des axes de communication : ports, routes, croisements… Depuis les
phéniciens, il s’agit d’une constante.
1. Une valorisation des voies de communication
au sens large du terme
La Corse bénéficie d’atouts non négligeables avec deux ports
de bonnes capacités, un plus axé sur les croisières ; l’autre sur le
transport de marchandises et de quatre aéroports.
Au-delà des aéroports et ports, ce qui compte aujourd’hui,
c’est la logistique. Le développement du commerce sur Internet impose un suivi
permanent des marchandises, supervision qui s’effectue à distance et peut être
localisée à des endroits stratégiques ou offrant une qualité de vie.
La création de zones économiques autour des aéroports en
particulier ceux d’Ajaccio et de Bastia en relation avec l’agro-alimentaire
pourrait constituer une voie.
Parmi les tendances possibles de ces prochaines années, une
régionalisation des échanges est à prendre en compte permettant une meilleure
valorisation des produits locaux.
Le déploiement de la fibre optique à très haut débit
pourrait inciter des acteurs du numérique à s’implanter en Corse (Datacenter,
créations logiciels, création 3D…). A cet effet, la création d’une filière de
formation serait nécessaire.
Pour générer une croissance potentielle supérieure, il est
important également de disposer de centres de formation. Il ne s’agit pas
obligatoirement de centres de recherche mais de centres servant de base à la
valorisation de filières (agricoles, touristiques, logistiques…).
La croissance repose sur les échanges d’où l’importance de
favoriser la réalisation de pôles de transports combinés (ports et aéroports).
Dans les faits, ce sont les ports qui sont plus structurants même si en France
on a privilégié les modes de transports terrestres.
La croissance suppose à la fois une mobilité interne et
externe à la Corse.
Des partenariats entre universités et établissement
d’enseignement sont importants afin de favoriser les flux d’étudiants. Il est
aussi important de pouvoir générer des emplois à forte valeur ajoutée pour
exploiter les potentiels des étudiants formés en Corse et attirés ceux qui ont
été formés sur le continent.
2. L’illusion ou l’avenir industriel
L’industrie par les gains de productivité est considérée
comme un vecteur important de croissance.
En revanche, ce secteur nécessite des apports en capitaux
importants et est soumis à une forte concurrence internationale. Du fait de la
faiblesse du marché intérieur, de l’absence d’énergie à bas coût et d’un manque
de capital, l’industrie s’est faiblement développée en Corse comme dans les
autres iles.
La tentation de développer un secteur industriel est forte
afin d’améliorer le contenu de ses échanges extérieurs, de créer des emplois
mieux valorisés et d’améliorer le contenu en croissance.
Au moment où la France est en pleine désindustrialisation et
que la mondialisation aboutit à une spécialisation industrielle au sein des
pays émergents, il apparaît difficile de mener un processus d’industrialisation
en Corse.
L’industrialisation suppose d’avoir des avantages
comparatifs forts soit au niveau capitalistique, soit au niveau énergétique,
soit au niveau des compétences techniques.
L’ère des grandes chaines industrielles est peut-être en
voie de s’achever. Des ruptures technologiques peuvent, en effet, changer la
donne.
Exemple : le développement des imprimantes 3D devrait
permettre la production de biens industriels au niveau local. Il est déjà
possible de produire des objets via des imprimantes multicouches et via des
plans envoyés par Internet. Ce nouveau de mode de production change les
circuits de commercialisation.
Des ruptures dans le secteur énergétique peuvent donner un
avantage comparatif important à de nouveaux territoires. Ex
L’industrie, en Corse, représente 5,4 % de la valeur ajoutée
contre 12 % pour l’ensemble de la France.
3. La valorisation de la filière agricole
Du fait du nombre réduit d’exploitants et des surfaces
limitées, la filière agricole et agro-alimentaire doit viser des marchés de
niche et premium hors consommation locale.
L’industrie agro-alimentaire est faiblement concentrée. 645
structures appartiennent à ce secteur avec une forte présence logique de
boulangeries (345). Il y a 58 fabriques de produits de boulangerie et de pates
hors boulangerie, 57 charcuteries, 33 établissement spécialisés dans la
transformation des viandes (hors charcuterie), 33 entreprises en produits
laitiers, 27 entreprises dans les boissons et 15 spécialisées dans la
transformation et la conservation des fruits. Ce secteur enregistre une faible
croissance au niveau de la création d’entreprises mais elles sont plus pérennes
que dans les autres secteurs. Du fait de l’éclatement du secteur et de la
petite taille des entreprises, les ventes au-delà de l’Ile et encore plus en
termes d’exportations sont très limitées. Les exportations représentent 2 % du
chiffre d’affaires contre 11 % en moyenne nationale.
Néanmoins, selon une étude INSEE, les entreprises de la
filière arrivent à dégager des marges supérieures à la moyenne de l’Ile
Agen qui est une agglomération de 80 000 habitants est
coincé entre Toulouse et Bordeaux et a enregistré de nombreuses décennies de
déclin. Depuis quelques années, les pouvoirs publics locaux ont misé sur leur
filière agricole pour régénérer le tissu productif. Ils ont créé Agropole avec
des centres de recherche et des processus de labellisation. Ils ont accueilli
des PME spécialisées sur le secteur agro-alimentaire.
4. La valorisation de la filière nautique
La Vendée a réussi à connaître un fort développement depuis
plus de 20 ans grâce à une montée en gamme de son secteur touristique et à un
afflux de visiteurs avec le Puy du Fou mais aussi grâce à la croissance de son
secteur nautique positionné sur le haut de la gamme moyenne. Ce succès repose
sur la création d’un réseau très fort d’entrepreneurs et d’investisseurs locaux
qui ont joué pleinement les complémentarités.
Le développement du nautisme suppose la mise sur pied de
chantiers pour entretenir, réparer les bateaux et voiliers. Cette activité est
assez structurante du fait du nombre important de corps de métier qui
interviennent.
5. Les services, un fort potentiel à valoriser
dans le premium
Avec une population en augmentation et du fait de
l’évolution naturelle des sociétés avancées, le secteur tertiaire marchand
constitue la voie normale de croissance.
Les services sont en soi peu générateurs de croissance sauf
s’ils sont attachés à des activités à forte valeur ajoutée. Si le secteur
tertiaire classique est pourvoyeur d’emplois sous-qualifiés, il peut être
créateur d’emplois plus haut de gamme.
Il est fort probable que les services liés à la santé seront
créateurs d’emploi dans les prochaines années avec néanmoins un problème de
solvabilité de la demande. De même, pour les personnes dépendantes, les
questions de financement pourraient freiner le développement des services
attachés.
Le secteur du commerce devrait s’accroître avec l’augmentation
de la population et le maintien du secteur touristique.
La clef du développement est la multiplication des services
aux entreprises qui avec Internet peuvent s’affranchir de la contrainte de
l’éloignement. Pour fortifier ce développement, la création d’instituts
technologiques serait utile. Pour générer un phénomène d’amorçage, l’arrivée
d’une entreprise phare serait évidemment un plus.
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