Au mois de novembre, la mode était aux primaires ; même certains élus UMP considéraient l’exercice incontournable pour désigner le bon candidat. Cet enthousiasme est-il justifié au regard des expériences passées en France ou aux Etats-Unis. Pas si sûr.
Ainsi, Outre-Atlantique, la tradition veut que le Président sortant qui est désigné automatiquement par son parti l’emporte sur son challenger issu des primaires de l’autre grand parti. Certes, il y a des exceptions à cette règle. Ainsi, Gérald Ford fut battu par Jimmy Carter. Mais, il ne faut pas oublier que Gérald Ford avait succédé, en cours de mandat, à Richard Nixon. Il n’a pas été élu mais désigné du fait de la démission du Premier Vice-Président de Richard Nixon. Enfin, doté d’un faible charisme, il a touché par le scandale du Watergate.
Jimmy Carter fut également battu par un candidat issu des primaires, Ronald Reagan. Cette défaite est également imputable à la faible envergure politique du Président sortant qui fut accusé de faiblesse au moment de la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran. Il symbolisa le déclin américain.
Le dernier cas est le moins explicable car il s’agit de la défaite du Georges Bush père qui n’arriva pas à capitaliser la victoire américaine sur l’Irak dans le cadre de la première guerre du Golfe. Les problèmes économiques eurent raison de sa réélection. Il avait, par ailleurs, en face de lui un candidat démocrate très charismatique. Il y avait aussi le fait que Bush père avait succédé à Reagan très populaire et qu’il apparaissait assez fade.
En revanche, Ronald Reagan, Bill Clinton et Georges W Bush fils furent réélus sans problème. Nul ne voit aujourd’hui, Barack Obama battu au regard des premiers résultats des primaires américaines.
En France, les primaires n’ont pas porté jusqu’à maintenant aux candidats qui en sont sortis vainqueurs. Ainsi, le PS n’a pas réussi depuis François Mitterrand à gagner l’élection présidentielle. En 1995 et en 2007 dans le cadre de primaires réservés aux militants, Lionel Jospin et Ségolène Royal furent battus. En 2002, Lionel Jospin, candidat naturel, le fut aussi.
En 1981, François Mitterrand aurait-il gagné s’il avait dû passer par le crible des primaires ? Il aurait du se battre comme un chiffonnier contre Michel Rocard ou contre Jean-Pierre Chevènement. Il aurait certainement gagné car il dirigeait alors le parti d’une main de fer mais il en serait sorti affaibli et fatigué. Les primaires essorent, nivellent les candidats.
François Hollande échappera-t-il à la malédiction des primaires ? Réponse le 6 mai mais force de constater que le candidat socialiste éprouve les pires difficultés à se renouveler. Il apparaît usé avant l’heure décisive. Du fait de l’âpre compétition au sein du PS, François Hollande donne l’impression que sa victoire face à Martine Aubry était son graal et que la présidentielle est moins importante à moins qu’il ne pense que les portes de l’Elysées sont plus faciles à franchir que celles de Solferino.
Ségolène Royal avait manqué la dernière marche par arrogance et par la conjonction des opposants au sein du PS. Les battus des primaires constituent plus une 5ème colonne que des alliés sûrs. Barack Obama avait su se prémunir de ce risque en installant Hilary Clinton au cœur de son dispositif politique.
Les primaires ne garantissent pas le succès à l’élection présidentielle en raison de la banalisation du candidat, elle élimine tout effet de surprise obligeant le candidat désigné à gérer son capital voix et à faire le grand écart entre les promesses faites au sein de son parti et celles qu’il fait pour tous les Français. Gagner un parti n’est pas gagné la France ; capter les voix des militants et des sympathisants même s’ils sont un ou deux millions n’est pas rassembler une majorité des électeurs, une quinzaine de millions de citoyens.
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