Toute campagne électorale d’importance a un effet anesthésique en France. Certes, en 2012, il y a une nouveauté, la surenchère fiscale remplace les cadeaux fiscaux des précédentes campagnes. La crise des dettes publiques a trouvé ses bouc-émissaires, les riches qui au nom de la solidarité doivent verser leurs oboles au rétablissement des comptes publics.
2012 marque le grand retour de Marx et de Keynes. Retour donc vers le passé, la France a beau être le pays le plus socialisé de la planète avec un taux de dépenses publiques a fait pâlir tous les communistes étrangers, 56 % du PIB, avec un taux de prélèvements obligatoires de 44 % du PIB, avec un écart entre riches et pauvres qui compte parmi les plus faibles de l’OCDE, nombreux sont ceux qui rêvent de reprendre la bastille et de mettre sur des pics quelques patrons.
Aucun candidat n’ose, comme en Espagne, en Allemagne, en Suède, au Canada, affirmer qu’il est plus que temps de lancer une réduction des dépenses publiques, dépenses qui ont continué à augmenter sous Nicolas Sarkozy. Aucun candidat n’ose, à l’exception peut-être de François Bayrou mettre en parallèle augmentation des impôts et diminution des dépenses et encore ce dernier ne précise que faiblement les dépenses qu’il réduira.
L’économie est mise en parenthèse, la récession a beau frappé à la porte, rares sont les propos de campagne sur le renforcement de l’offre, de l’investissement. Quand il est question d’économie, c’est pour évoquer les recettes du passé, recettes qui ont toujours échoué, le protectionnisme ou l’interventionnisme. Pour réindustrialiser, les candidats proposent de créer une banque de l’Industrie, d’orienter l’épargne… Faute de moyens, l’Etat entend capter l’épargne des Français en l’affectant à la mise en œuvre de sa politique. Faut-il se remémorer les désastres du Crédit Lyonnais, du Crédit Foncier, de France Telecom…
Après la socialisation par les dépenses publiques, les candidats de Mélenchon à Sarkozy se prononcent plus ou moins implicitement pour la nationalisation de l’épargne. Après entraîné au bord du précipice l’Etat, ils veulent désormais user de l’arme monétaire via les concours de plus en plus larges de la Banque centrale européenne et l’arme de l’épargne pour tenter de survivre quelques heures avant que le bourreau décide de fermer définitivement les vannes. Il n’y a pas d’autre solution qu’une réelle maîtrise des dépenses et leur décrue. Cela signifie d’arrêter le développement aux niveaux national et local de l’interventionnisme ; cela signifie la nécessité de rendre au privé certaines activités, dans le sport, la culture… Cela signifie un autre partage des responsabilités entre dépenses sociales obligatoires et dépenses sociales facultatives. Cela nécessité une redéfinition de la solidarité qui ne doit pas être confondu avec l’égalité. L’accès pour tous à des soins gratuits est une illusion, il faut cibler l’intervention des pouvoirs publics sur les risques les plus lourds et en faveur de ceux qui n’ont pas les moyens. Il faut cesser avec l’automaticité des aides sans contrepartie, en particulier dans le domaine du logement. La France est championne d’Europe pour la construction de logements sociaux sans que cela améliore l’accès à l’habitat d’un grand nombre de Français. Le secteur privé est anémié créant des goulets d’étranglement et un engorgement du secteur social. Il faut créer de la fluidité entre les différents parcs de logements.
Au-delà des dépenses sociales, la question est de renforcer l’économie en fortifiant l’offre et non en taxant plus les entreprises dont, il faut le rappeler, leur taux de marge a diminué ces dernières années. Les entreprises françaises dégagent au regard de leurs chiffres d’affaires plus faibles que leurs homologues allemandes. Il faudrait favoriser l’investissement et non inciter les entreprises à épargner pour investir dans des titres publics.
La bataille de l’économie française se joue sur le positionnement et non sur les coûts des salaires. Il faut améliorer le niveau de gamme des produits français et cela ne passe pas par une taxation accrue des biens importés mais bien par une élévation de la qualité et par la recherche de nouveaux créneaux.
La campagne électorale est gagnée par le populisme, l’Europe et l’économie en sont les principales victimes. L’Europe a mauvaise presse ; elle partage le rôle de bouc-émissaire avec les banquiers et les marchés financiers. Or, c’est par l’Europe et le fédéralisme que nous arriverons à surmonter la crise dans laquelle se débat la France depuis quatre ans.
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