Seuls 15 pays avaient jusqu’au 16 décembre
2011 préservé un rating AAA
q
Singapour
(ratio dette publique sur PIB à 112% en 2010)
q
Canada
(84%)
q
Allemagne
(83%)
q
France
(82%)
q
Royaume
Uni (80%)
q
Autriche
(72%)
q
Pays-Bas
(63%)
q
Finlande
(48%
q
Norvège
(45%),
q
Danemark (44%),
q
Suisse (40%),
q
Suède (40%),
q
Nouvelle Zélande (39%),
q
Luxembourg (18%)
q
Australie (14%)
Les agences de notation retiennent de nombreux indicateurs
afin de noter les emprunteurs et en particulier les Etats : données
économiques, données liées aux finances publiques, données liées à la
gouvernance…
L’impact de la perte du triple A est d’ordre psychologique,
économique et financier. Il a déjà été fortement intégré par les acteurs
internationaux.
La question est aujourd’hui plus de sortir de la crise que
de s’épancher sur la perte du triple A. Il est à regretter que l’Europe n’est
pas une vision à moyen terme de l’économie et les moyens de soutenir des Etats
en difficulté.
I.
Quels sont les critères retenus par les
agences de notation ?
Les agences de notation ont recours à de nombreux critères
économiques, sociaux et de gouvernance pour établir leur classement. Ces
critères donnent lieu à une pondération en fonction du degré d’importance qui
leur est octroyé.
- la dette publique
Le niveau de la dette et son évolution passée et à venir
sont pris en compte. Le fait pour la France de se rapprocher des 90 % de PIB
constitue un signe de faiblesse évident. Le ratio de 60 %marque le passage
d’une dette facilement réversible à une dette qui peut s’emballer et soumis à
l’aléa de la
croissance. Au-delà de 90 %, la dette obère les
capacités de croissance de l’Etat en question.
Les agences ne prennent pas exclusivement le niveau total de
la dette mais également le poids annuel de la dette qui prend en compte la dette
venant à maturité et déficit budgétaire de l’année. Ce critère permet de
mesurer le besoin de financement réel du pays. Ce poids réel est ainsi de 50 %
du PIB au Japon, 25 % aux Etats-Unis et en Grèce, 23 % en Italie, 20 % en
France, 16 % au canada, 10 % en Allemagne et 3 % en Australie.
La dette est également appréciée en fonction des revenus de
l’Etat. Ainsi, le stock de dette représente 2 ans de revenus en France comme en
Allemagne, 3 en Italie, 3,5 aux Etats-Unis, 5 en Grèce et 7 au Japon.
Les agences mesurent également les efforts à mener pour
réduire le stock de dette.
Ainsi, pour revenir en 10 ans à un niveau de 60 % de dette
publique, le surplus primaire (déficit-service de la dette) devrait atteindre
13 % au Japon, 11,5 % aux Etats-Unis, 8 % pour l’Espagne, 6 % pour la France et
2 % pour l’Allemagne.
Son solde primaire est négatif de 3 % soit plus que
l’Italie, le Portugal et l’Allemagne.
Le surplus le plus important est celui de la Norvège avec de
6 %.
- les critères de finances publiques
Les agences prennent en compte la capacité des Etats à
réduire leur déficit et à maîtriser leurs dépenses publiques. La France qui est
en déficit depuis 1973 et dont les dépenses publiques ont une propension à la hausse
est à ce titre mal notée.
Le niveau de dépenses publiques et de prélèvements
obligatoires est également intégré.
Les agences de notation prennent en compte la capacité des
Etats à lever des impôts et à récupérer effectivement les recettes.
La France est pénalisée par son haut niveau de prélèvements
obligatoires mais son administration fiscale et sociale est réputée pour son
efficience.
Les agences prennent en compte l’évolution de la population
et des charges à venir, en particulier en matière de retraite.
- les critères de croissance
La croissance permet tout à la fois de réduire ou de
maîtriser les dépenses publiques et d’augmenter les recettes publiques. Une
faible croissance rend plus difficile le retour à l’équilibre. Les agences
étudient tout à la fois la croissance en temps « t » mais aussi la
croissance potentielle. Or, la France enregistre une diminution de sa
croissance potentielle avec une contraction de ses gains de productivité. Les prévisions
de récession pour 2011/2012 ne font qu’accentuer cette situation.
Le plan de restauration des équilibres publics tablaient sur
une croissance de moyenne période de 2 %. Or, depuis 2008, la croissance de
moyenne période est tombée à 1.
Un point de croissance de moins représente une perte pour
les finances publiques de 10 milliards d’euros.
L’INSEE vient de souligner que la France pourrait être en
récession fin 2011 et début 2012. La prévision du Gouvernement d’un taux de
croissance de 1 % en 2012 apparaît en l’état difficile voire impossible à
réaliser.
La croissance française est impactée par trois
éléments :
Ø
La crise financière avec à la clef le resserrement
de l’accès au crédit
Ø
Les plans d’assainissement des comptes publics
qui créent un choc récessionniste
Ø
L’incertitude qui incite les acteurs économiques
à reporter leurs décisions
- la situation de la balance courante
Un déficit signifie la nécessité d’attirer des capitaux
étrangers et de vendre des actifs.
La balance commerciale française est depuis 2003
déficitaire. La balance des paiements courants qui intègrent les services est
déficitaire de 1,7 % du PIB.
- le taux d’épargne et d’endettement des
autres acteurs
Les pays à fort taux d’épargne peuvent accumuler de la dette
comme le prouve le Japon.
Une dette détenue par les résidents est moins sensible aux
aléas du marché. En revanche, l’épargne ainsi utilisée ne finance pas les
entreprises ce qui fragilise la croissance. 70 % de la dette publique française
est détenue par des non-résidents contre 6 % au Japon ou 52 % aux Etats-Unis.
Des ménages faiblement endettés et épargnants est un élément
pris en compte mais ne constitue pas un remède sur le long terme.
Le taux d’épargne des Français est de 16 % du revenu
disponible brut avec un taux d’endettement qui tout en progressant reste
mesuré.
- la gouvernance
Un Etat solide avec un pouvoir stable reposant sur un large
consensus a plus de chances d’avoir une politique budgétaire saine qu’un Etat
faible.
Les divisions entre Républicains et Démocrates ainsi qu’au
sein de l’Union européenne jouent contre les Etats-Unis et les Etats membres de
la zone euro.
La France possède d’un Etat bien administré mais reposant
sur un faible consensus social et avec en perspective des élections. La
capacité à réformer est également un facteur à analyser.
II.
LES CONSEQUENCES DE LA PERTE DU TRIPLE A POUR LA
France ?
- une image dégradée
La perte du triple A constitue une dégradation de l’image
d’un pays et a un impact psychologique qui peut être plus important que l’effet
réel (surtout quand cette perte est prévue de longue date comme ce fut le cas
pour les Etats-Unis).
La France sort du club fermé des pays les plus solides de la
communauté internationale. Les Etats-Unis l’ont précédé mais à la différence de
ce pays, la France ne dispose pas de la première monnaie internationale.
Une fois perdu, un triple A nécessite du temps pour être
recouvré.
- une augmentation relative des taux
d’intérêt pour l’Etat
Les agences par leur système de notation visent à faciliter
le travail des investisseurs en classant les emprunteurs en fonction de la
qualité de leur signature.
La perte du triple A signifie une dégradation de la
signature de la France avec par voie de conséquence une augmentation de la
prime de risque demandée. L’Etat devra emprunter avec un taux un peu plus élevé
mais cette hausse restera mesurée.
L’écart de taux avec l’Allemagne qui est d’un point traduit
déjà la perte du triple A. Compte tenu de la politique mise en œuvre et des
fondamentaux de l’économie française, il y a peu de risque que les spreads
s’envolent après la dégradation de la note française.
- des conséquences pour l’ensemble de
l’économie
Les banques et les compagnies d’assurances ont déjà
enregistré une dégradation de leur notation. En règle générale, quand les Etats
sont dégradés, les institutions financières le sont aussi avec comme principe
qu’une banque ou une compagnie d’assurance ne peut pas avoir une note
supérieure à celle de son Etat de référence.
Les institutions financières comme pour les Etats devront
emprunter à un taux plus élevé et veiller à leur solvabilité.
Pour les autres acteurs économiques, il peut en résulter un
accès plus difficile pour accéder au crédit. Il faut souligner que cette
problématique est de toute façon présente depuis plusieurs mois.
La perte du triple A est une pression sur l’Etat afin
d’accomplir des efforts pour assainir les comptes publics. Il en résultera de
nouvelles hausses pour les prélèvements obligatoires et la nécessité de réduire
les dépenses publiques ou du moins de les maîtriser.
Pour les épargnants, il y a un aspect négatif en termes de
perspectives économiques et fiscales. Il y a, en revanche, la possibilité de
rendements plus importants en matière de placements à taux fixes (obligations,
fonds euros de l’assurance-vie…). Le marché « actions » dépendra des
projections de croissance et de la capacité des entreprises à résister à la
crise.
Conclusion :
pour un programme européen d’investissements
Le point clef pour sortir du cyclone de la crise et de la
perte du Triple A est la
croissance. Les Européens qui ont du mal à
s’entendre sur la résorption de la crise grecque ont encore plus de difficulté
un bâtir un plan commun de sortie de crise.
La création d’eurobonds semble reportée sine die.
Elle pose une série de problèmes :
Ø
Quelle autorité serait compétente pour attribuer
des quotas d’émissions et selon quelles conditions ?
Ø
Ces eurobonds permettrait-il de racheter de la
dette sur le marché secondaire avec de ce fait une prime au mauvais
gestionnaire ?
Ø
Quelles seraient les contreparties, pouvoir de
contrôle, et avec quels transferts de pouvoirs budgétaires et fiscaux ?
Les Etats les plus vertueux seraient amenés à garantir les
plus laxistes avec comme conséquence un surcoût pour les premiers.
La logique serait de
doter la zone euro de fonds d’actions conjoncturelles et structurelles pour
faire face à des chocs asymétriques.
Le budget européen représente 1 % du PIB et est affecté à 45
% au budget agricole. Les sommes disponibles pour endiguer une crise sont quasi
inexistantes. Il conviendrait comme cela existe aux Etats-Unis pouvoir
mobiliser des fonds afin de réaliser des dépenses structurantes au profit
d’Etats en difficulté.
L’Europe est confrontée à un sous-investissement. Il serait
judicieux pour soutenir l’activité que l’échelon européen puisse financer des
dépenses d’investissement dans l’énergie renouvelable, dans les transports,
dans la recherche, dans la protection de l’environnement, dépenses qui seraient
réalisées dans les Etats en difficulté en priorité. Ces dépenses profiteraient
aux entreprises de l’ensemble de la zone et en premier à celles de l’Allemagne.
Ces dépenses pourraient être financées par l’Union ou la
Zone euro à travers l’émission d’emprunts dont les taux seraient faibles du
fait de la mutualisation.
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