lundi 15 avril 2013

Choc d'investissement


Les dépenses publiques devraient cette année atteindre 56,9 % du PIB et les prélèvements obligatoires 46,5 % du PIB, plaçant en la matière notre pays au sommet de l’OCDE.

Avec un déficit public de 4,7 % du PIB en 2012 et de 3,7 % en 2013, la France n’est pas entrée dans l’ère de la rigueur. Actuellement, les ménages qui doivent subir des plans d’augmentation d’impôt sont avec les entreprises les premiers touchés par la tentative de réduction des déficits. En deux ans, ce sont une trentaine de milliards d’euros qui seront prélevés en plus sur les Français. La première conséquence est un recul des dépenses de consommation ce qui constitue une rupture. Néanmoins, il reste du chemin à parcourir pour mettre un terme à une dérive vieille de quarante ans.

Avec une dette publique de plus de 90 % du PIB et un déficit commercial de plus de 65 milliards d’euros, la France doit relancer son économie avec d’importants boulets accrochés à ses jambes. La croissance potentielle, la croissance hors impact des aléas de la conjoncture, s’est considérablement affaiblie notamment du fait de la faiblesse des gains de productivité. Les pouvoirs publics l’estiment entre 1,2 et 1,5 % de 2013 à 2017 ce qui est sans nul doute très optimiste.

Le moteur économique français s’est anémié avec la perte de parts de marché à l’intérieur et à l’extérieur des frontières. L’économie française est une économie de consommation et de services.

Or, la consommation et le tourisme ne sont pas des vecteurs de gains de productivité à la différence de l’industrie. Certes, il est possible d’améliorer le montant des dépenses des touristes étrangers en augmentant notre qualité de service mais il n’en demeure pas moins que le potentiel en termes de gains de productivité est réduit.

La France a loupé le virage de la mondialisation en ne montant pas en niveau de gamme, en préférant les importations de produits finies en lieu et place des importations de biens intermédiaires à assembler sur le territoire. La mondialisation est subie plus qu’organisée ou construite.

Au-delà des chocs de simplification ou de moralisation, la France a besoin d’un choc d’offre en mettant l’accent sur la modernisation, sur l’investissement. Le crédit d’impôt recherche est un bon outil mais réservé à un nombre limité d’entreprises. Il faut encourager les PME, les entreprises de taille intermédiaire non pas à faire de la recherche mais de pouvoir acquérir les machines leur permettant d’élever le niveau de leur production. Les entreprises françaises achètent quatre fois moins de robots que leurs homologues allemandes, les firmes italiennes investissent plus…

Choc d’offre et choc de marges ; les entreprises françaises se caractérisent par un très faible taux de marge ce qui les empêche d’investir et de se repositionner. Sans une augmentation du taux de marge, il n’y a pas de possibilité de lancer un cercle vertueux.

Le Gouvernement français devrait s’inspirer des exemples anglais ou allemand en favorisant l’investissement. Il faudrait, par exemple, à titre exceptionnel, élargir le champ de l’amortissement dérogatoire avec une accélération des calendriers. Certes, les rentrées d’impôt sur les sociétés baisseraient la première année, mais le surcroît de croissance serait une source durable de recettes fiscales.

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