mardi 22 juin 2010

La France des mauvais jours

La France des mauvais jours

Quand la crise d’une équipe de football devient le sujet phare de la vie publique avec en toile de fond des relents poujadistes, quand les rumeurs sur la cupidité des uns et des autres devient le leitmotiv de la presse, quand les riches sont montrés du doigt, quand l’exigence d’égalité devient l’alpha et l’oméga de tous les papiers de la presse (à ce titre, les journalistes oublient de signaler qu’ils bénéficient d’un abattement fiscal spécifique mais cette niche fiscale est bien gardée…), il y a comme un parfum de malaise au sein de la société.

La France est un des pays les moins inégalitaires de l’OCDE. L’écart entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres est inférieur à 4 (3,6). Le système de redistribution sociale accapare près du tiers de la richesse nationale ; la France compte plus de 5 millions de fonctionnaires. Nous sommes loin de la pseudo jungle ultralibérale dépeinte par certains.

Il est stupéfiant de constater qu’une personnes gagnant, avant impôt plus de 4500 euros par mois ou un célibataire percevant plus de 69 000 euros sont considérés comme riches. Il est stupéfiant de constater que le bouclier fiscal qui vise à empêcher que les impôts directs excèdent 50 % des revenus perçus soit considéré comme un instrument d’iniquité.

Il est affligeant qu’un ministre soit mis en cause du fait d’agissements non avérés de sa femme ce qui semble nier la possibilité pour un conjoint d’un élu d’avoir une carrière professionnelle indépendante.

Il est étonnant de s’en prendre aux élus qui touchent leur retraite en même temps que la rémunération de Ministre quand la loi autorise le cumul emploi/retraite sans restriction depuis le 1er janvier 2009. Il est logique de dénoncer l’élu s’il bénéficie de passe droit sans relation avec l’exercice de ses fonctions ; il est anormal de le vilipender du fait qu’il respecte la loi. Il ne faudra pas s’étonner si la politique n’attire plus des talents à force d’être déconsidérée à ce point.

L’équipe de France de football désunie est à l’image du pays. Il est sidérant de l’incapacité de consensus sur les grands sujets de société. Ainsi, au moment où nous traversons la crise économique la plus grave depuis 1929, au moment même où la dette publique atteint des sommets et que le risque d’effondrement du système d’Etat providence n’est pas une chimère, la classe politique ne montre pas l’exemple de la nécessaire unité.

Comment comprendre qu’en quelques mois Martine Aubry passe d’un accord de principe sur le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à une opposition sans concession ? Bien évidemment, elle a besoin de se prémunir de la gauche de la gauche mais il y a des limites dans l’irresponsabilité.

De même, les divisions au sein de l’UMP, fruits de jalousie et de vieille rancœur caractérisent certes l’esprit de clocher cher à la France mais reflète avant tout un goût pour l’autodestruction.

Le soixante-dixième anniversaire de l’appel du 18 juin aurait du conduire les uns et les autres à réfléchir à la notion de nation et d’analyser les causes qui ont conduit à cet appel, criant symbole de la faillite de la 3ème République. Au-delà de la voix d’un Homme seul, il y avait surtout l’affaissement général d’un pays en proie aux divisions et au déclin. Il est urgent de retrouver le chemin de l’union et de croire en un avenir commun à tous les Français.

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