lundi 16 juin 2008

Europe, it's a dream

L’EUROPE, IT’S A DREAM


L’Europe ne fait plus rêver. Après la France et les Pays-Bas, l’Irlande dit non à l’Europe. Dès que les peuples peuvent exprimer leur opinion, ils rejettent la construction européenne. C’est un signe fort envoyé aux gouvernements.

Dans les années cinquante, l’Europe était synonyme de paix, de réconciliation entre les ennemis d’hier, elle signifiait la fin des guerres allers-retours entre la France et l’Allemagne. Dans les années soixante et soixante-dix, l’Europe était synonyme de progrès, de croissance. Ces belles valeurs ont perduré dans les années quatre-vingt. Lé référendum français de 1992 sur le traité de Maastricht marque une rupture. 51 % des Français approuvent la monnaie unique pourtant soutenue par le PS, le RPR et l’UDF. L’Europe n’est plus un idéal, elle devenue une contrainte. Elle rime avec crise, chômage, réglementation… Les réminiscences de la seconde guerre mondiale s’affadissent. Les élargissements successifs ont désagrégé l’esprit européen ; il ne reste qu’un espace sans frontière géré de manière technocratique et désincarnée. A 12 ou à 15, tous les habitants de l’Union européenne étaient capables de tracer la carte de l’Europe et de citer presque tous les noms des capitales. A 27, l’Europe est une petite ONU d’autant plus que les règles de fonctionnement n’ont pas été adaptées pour tenir compte de l’augmentation du nombre de membres. Transformé en Etats-Unis d’Europe, cette dernière est toujours gérée artisanalement. Les scénaristes du projet européen ont oublié que leur légitimité dépendait du nombre de lecteurs et de croyants. Or, face à la multiplication des maux, les gouvernements nationaux ont trouvé en l’Europe un bouc-émissaire parfait. Si les Etats devaient augmenter les impôts, réformer leur système de retraite ou d’assurance-maladie, c’était de la faute de l’Europe, des fameux critères de Maastricht. Si les pêcheurs ne peuvent plus pêcher, ce n’est pas parce qu’il n’y plus de poissons mais c’est à cause de l’Europe. Il est étonnant qu’il y ait encore des avocats de l’Europe.

Pour gagner la bataille de l’opinion, l’Europe se doit de retrouver du sens, l’Europe doit de nouveau faire rêver. L’Europe ne doit plus simplement associer aux mots rigueur, chômage, délocalisation, taxes et contraintes. L’Europe doit retrouver du corps et de l’esprit. L’Europe ne doit pas se résumer à des batailles du pour ou contre la Turquie, du pour ou contre la libéralisation, du pour ou contre la déréglementation ; l’Europe doit porter des projets concrets. Faute de consensus, depuis la chute du mur de Berlin, la refonte des institutions a été reportée. Le fédéralisme est la seule solution pour un ensemble aussi grand composé de 27 Etats. Le refus d’admettre cette vérité aboutit à maintenir en fonction un système byzantin compréhensible que par les initiés, un système à plusieurs têtes, Conseil européen, Commission et Parlement. Ce système pouvait fonctionner en petit comité ; il ne le peut pas à 27.

Si le fédéralisme est récusé, la solution passera par une Europe à plusieurs cercles, à une Europe à plusieurs vitesses. La monnaie unique est le symbole de ce mode de gouvernance. Elle n’est certainement pas sans défaut. La monnaie unique est la première grande monnaie qui n’est pas associée à un pouvoir économique. Elle est suspendue au-dessus des Etats ce qui ne l’aide pas à asseoir sa légitimité.

L’Europe que ce soit à 27 ou à moins doit mobiliser ses habitants. Cela peut passer par la réalisation de projets de grande ampleur. L’Europe pourrait ainsi se lancer dans la conquête de Mars. Il faut des symboles forts. Cela pourrait être de relever le défi du développement durable en lançant un programme de recherche sur l’énergie demain. Il faut que l’Europe soit à même de se financer par emprunt et être autonome sur un plan budgétaire.

L’Europe est timorée en matière de grands investissements. Il est temps de construire le Canal de Suez ou le Canal de Panama du 21ième siècle. La création de lignes européenne à grande vitesse, la création de nouvelles universités avec des centres de recherche devraient être de la compétence de l’Union. Pourquoi l’Europe devrait se cantonner aux secteurs en crise, la sidérurgie, l’agriculture, la pêche.

L’Europe s’est construite sur le charbon et l’acier en 1951, elle a été aussi agricole avec le Marché commun. Aujourd’hui, elle doit épouser son temps en portant les technologies du 21ième siècle, les biotechnologies, les nanotechnologies. Elle doit être en phase avec les technologies de l’information. Il est assez surprenant qu’il n’y est pas de chaîne européenne de télévision, que le Parlement européen n’est pas comme l’Assemblée nationale et le Sénat de chaîne afin de retransmettre les débats. Il y a un espace juridique européen mais de voix européenne. Il y a une culture européenne mais de vecteur européen. Il y a bien une chaîne culturelle franco-allemande mais de chaîne de l’Union européenne. L’Europe passe par la création de sentiments d’appartenance communs au plus grand nombre.

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