lundi 2 janvier 2012

L'Europe, combien de divisions en 2020 ?


Le Brésil a doublé le Royaume-Uni et se place au 6ème rang des puissances économiques derrière la France, l’Allemagne, le Japon, la Chine et les Etats-Unis. Le rang du Brésil n’a rien d’anormal compte tenu de sa taille, 8,5 millions de kilomètres carrés et de sa population, 192 millions d’habitants. A ce titre, il faut souligner que le Brésil est en matière de territoire et de population au 5ème rang. La vive progression de sa croissance ces dix dernières années a permis à ce pays de mettre son économie en phase avec sa puissance démographique et géographique.


 D’ici 2020, les pays de l’Union européenne auront disparu du peloton de tête de l’économie mondiale. Même l’Allemagne reculera dans les prochaines années. Les premières places seront accaparées par des pays asiatiques et d’Amérique. L’Inde, la Corée, le Mexique pourraient figurer dans le haut du classement. La Russie pourrait être la seule représentante du continent européen.


 Ce changement ne traduit pas en soi un déclin européen ; il marque l’avènement au rang de puissance des pays les plus peuplés avec un rattrapage rapide des pays autrefois qualifiés en développement.
 Sur chaque continent, quelques Etats domineront du fait de leur taille, la Chine, l’Inde, le Japon en Asie, les Etats-Unis, le Mexique, le Brésil en Amérique, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Congo en Afrique. En Europe, le morcellement étatique peut aboutir à une marginalisation de la zone. Les pays européens disparaissent du fait de leur petite taille et d’autant plus que leur population décroit pour un certain nombre d’entre eux comme l’Allemagne ou la Pologne.


 Quelles conséquences de cette disparition des écrans radar de la puissance économique ? Les Etats européens ne seront plus assez puissants pour faire prévaloir leurs droits et leurs idées sur la conduite de l’économie mondiale. Il faut imaginer un G 8 sans Etats européens, un G 20 auquel les pays européens joueraient les pots de fleurs.


 Pourtant, aujourd’hui, la première puissance économique mondiale, ce ne sont pas les Etats-Unis ou la Chine mais bien l’Union européenne avec plus de 16 000 milliards de dollars de PIB pour 8 % de la population mondiale. 33 % des grandes entreprises mondiales (les 500 premières) ont leur siège social en Europe contre 30 % aux Etats-Unis. Les dix sept pays de la zone euro font jeu égal avec la Chine et avec les Etats-Unis.


 Au-delà des vicissitudes de la crise des dettes publiques, la question du renforcement de l’Europe se pose faute de quoi la marginalisation économique est pour la fin de la décennie.
 La monnaie unique n’a jamais été une fin en soi mais simplement une étape sauf que, depuis dix ans, le surplace est la règle. Au sein des différentes organisations internationales, au FMI, à l’ONU comme c’est déjà le cas, pas sans mal, à l’OMC, l’Europe devra parler d’une seule voix. Il faudra également se poser la question de l’association avec la Russie qui en raison de ses richesses, de sa taille, est amenée à rejouer un rôle majeur d’ici quelques années.


L’intégration économique et financière constitue par ailleurs une obligation pour l’Europe avec à la clef des transferts de souveraineté. La difficile émergence des eurobonds est liée aux problèmes de transferts qu’ils imposent : quelle autorité les émet ou les autorise, quelle autorité exerce le pouvoir de contrôle et de sanction ? A défaut d’avoir résolu ces problèmes, il ne peut y avoir d’eurobonds. Il n’en demeure pas moins qu’au-delà d’obligations communautarisées, il faudra avancer dans la création de véritables outils budgétaires permettant de répondre à des crises asymétriques ou à des chocs économiques de toute nature. Aujourd’hui, le budget européen est un budget à plus de 40 % agricole. L’autre grand poste est destiné aux fonds européens visant à réduire les écarts entre les régions européennes. Il faut, en outre, ne pas oublier que le budget européen ne représente que 1 % du PIB européen quand les dépenses publiques française s’élèvent à 56 % du PIB. Il sera également nécessaire de créer un véritable espace financier en lieu et place des 17 espaces actuels qui se partagent la même monnaie sans appliquer les mêmes règles.


 Pour peser sur les futurs G 20 et G 8, l’Europe n’a pas d’autres solutions que de choisir l’union. Certains Etats pourraient ne pas vouloir suivre cette voie en prenant le risque de jouer en solitaire ou de rechercher une autre alliance. Le Royaume-Uni cherchera sans nul doute à se rapprocher des Etats-Unis. Ces derniers pourraient être plus intéressés par un prolongement de l’ALENA au reste du continent ou une intégration plus poussée avec les Etats du Pacifique. D’ici 2020, l’Europe saura si elle est devenue un vestige historique, un parc d’attraction ou encore une force économique de premier plan concourant avec les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Brésil.

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