vendredi 30 octobre 2009

La fin du miracle électrique français

Le gestionnaire, Réseau de Transports d’Electricité, qui gère le réseau électrique et qi doit veiller à la bonne alimentation en électricité des consommateurs, a annoncé que la France devrait importer cet hiver d’importantes quantités d’électricité pour faire face à la demande. Autrefois, exportateur majeur en Europe, la France pourrait être même confrontée à des coupures dans le cadre de délestage.

Il était de bon ton de se moquer de l’Afrique du Sud ou de la Californie qui connaissent de tels déboires et de se réjouir des choix effectués à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix d’opter pour le nucléaire. Une fois de plus, le désinvestissement et une mauvaise appréciation des évolutions du marché ont mis à mal le beau château de cartes français.

Selon RTE « la disponibilité prévisionnelle du parc de production français pour cet hiver est en très net retrait par rapport à l’hiver dernier sur les mois de novembre à janvier ».

« L’arrivée de nouvelles centrales (principalement éoliennes et thermiques à flamme) ne compense pas la baisse conjoncturelle très prononcée de la disponibilité du parc de production français. »


Face à cette situation, RTE pense que des importations seront nécessaires de mi-novembre 2009 à fin janvier 2010 pour couvrir la consommation d’électricité en France.

« Le niveau d’importation estimé pourrait ainsi être de l’ordre de 4 000 MW de novembre 2009 à janvier 2010 »

En cas de vague de froid intense et durable, des délestages pourraient être effectués.

Cette situation est la conséquence du vieillissement du parc de centrales électriques qui date des années soixante-dix et quatre-vingt. La durée des travaux de maintenance s’allonge d’autant plus que cet été des grèves ont gêné leur réalisation.

La disponibilité des centrales atteint à peine 70 %.

Par ailleurs, la demande en énergie électrique s’accroit avec la tertiarisation de l’économie et la multiplication des équipements électriques fonctionnant en permanence. En outre, la demande qui se concentrait avant essentiellement l’hiver permettant de mener les travaux de maintenance sur un grand nombre d’équipements l’été se maintient à des niveaux élevés durant toute l’année en particulier avec la généralisation de la climatisation.

La décision d’allonger la durée de vie des centrales nucléaires de 10 ans était indispensable du fait de l’absence d’investissement en la matière depuis vingt ans mais elle ne résout pas l’ensemble du problème. Des centrales plus vieilles sont plus souvent en arrêt et coûtent plus chères à entretenir.

RTE en soulignant les risques de coupure rappelle qu’elle a pour mission de veiller à la bonne alimentation du réseau. Elle entend ainsi jouer son rôle de gardien et rappeler les opérateurs à leurs devoirs. C’est aussi une manière de mentionner que le marché a besoin de plusieurs opérateurs nationaux. Ainsi, GDF Suez devrait pouvoir construire tout type de centrales électriques.

Il faut souligner qu’une région française souffre déjà de délestage, la Corse, du fait qu’EDF a tardé à renouveler son parc de centrales et n’a toujours pas opté pour la construction de centrales au gaz moins polluantes ou pour celle de centrales au fuel…

Ce qui est certain c’est que nous ne pourrons plus nous moquer des Anglais ou des Américains.

lundi 26 octobre 2009

Vive l'euro fort

En France, il est de bon ton d’accuser la monnaie commune de tous les maux surtout quand elle s’apprécie.

Responsable de la baisse du pouvoir d’achat des Français au moment de son instauration, elle serait désormais coupable de tuer l’industrie en minant la compétitivité des produits « made in France ».

Le débat n’est pas récent ; il y a toujours eu dans notre pays un parti des dévaluationnistes qui bien souvent l’a emporté.

Pourtant, l’histoire récente démontre que les dévaluations n’offrent que des avantages éphémères à ceux qui les pratiquent. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler que l’Allemagne a toujours privilégié l’appréciation de sa monnaie durant les années soixante, soixante-dix et quatre-vingt quand la France optait pour la dépréciation. La conséquence a été l’accumulation Outre-Rhin d’excédents commerciaux avec à la clef le maintien d’un fort secteur industriel quand la France se morfondait dans les déficits et la désindustrialisation.

Aujourd’hui, l’euro fort serait responsable de nos déficits commerciaux abyssaux, 55 milliards d’euros en 2008. Mais avec la même monnaie, l’Allemagne a enregistré un excédent de plus de 176 milliards d’euros et reste le premier exportateur mondial.

64 % des exportations françaises s’effectuent au sein l’Union européenne, 50 % au sein de la zone euro. Seules les grandes entreprises françaises sont présentes sur les marchés non européens. De ce fait, les variations de l’euro ont un impact limité sur la compétitivité des exportations françaises.

En revanche, un euro fort a plusieurs avantages ; il permet de réduire le montant des importations et en premier lieu des matières premières. En valorisant le capital des Etats membres, il génère un effet richesse non négligeable dans cette période de surendettement. Un euro fort devrait garantir le maintien de taux d’intérêt plus faibles d’autant plus que l’appréciation de la monnaie a un impact anti-inflationniste.

Enfin, l’appréciation de la monnaie européenne peut constituer un atout pour attirer des capitaux à la recherche de sécurité. La dépréciation du dollar diminue la valeur des placements effectués dans cette monnaie.

Loin d’être le fossoyeur de l’économie européenne, l’euro fort peut être un catalyseur de croissance en incitant les entreprises à se redéployer sur des secteurs porteurs et en attirant les capitaux nécessaire au bon développement de l’économie.

dimanche 25 octobre 2009

Droits familiaux, le dossier est réouvert

Le nouveau dispositif des droits familiaux doit être logiquement adopté dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2010. Le compromis bancal ne risque pas de satisfaire la Commission de Bruxelles d'autant moins qu'elle vient de s'attaquer à la solution qui avait été élaborée en 2003 pour les fonctionnaires et qui pourtant moins avantageuse que celle prévue pour les salariés.

La Commission européenne demande à l'Etat de rembourser le préjudice subi par les pères de famille partis à la retraite depuis 1990 du fait de l'application de la majoration des droits dont bénéficient les femmes ayant eu des enfants. Le coût de cette réparation est évalué à 5 milliards d'euros... pour la seule fonction publique d'Etat. Or, il faut y ajouter le coût pour les fonctions publiques locale et hospitalière.

Depuis le 1er janvier 2004, pour les enfants nés après cette date, les mères fonctionnaires reçoivent une bonification de 6 mois par enfant au lieu d'un an. Elles peuvent bénéficier de trimestres supplémentaires si elles prennent un congé parental mais dans les mêmes conditions que les hommes.
Pour les enfants nés avant le 1er janvier 2004, c'est l'ancien dispositif qui s'applique.

La Commission de Bruxelles considère qu'il y a une discrimination qu'il convient de corriger pour les fonctionnaires qui liquideront leur retraite mais également pour ceux qui l'ont fait depuis 1990. Cette date a été retenue car elle correspond à l'année à partir de laquelle les Etats européens se sont engagés à respecter le principe d'égalité homme/femme.

La facture totale est évaluée à plus de 7,5 milliards d'euros en prenant en compte les trois fonctions publiques. La décision européenne pose une série de problèmes :

- financier, l'Etat n'ayant guère actuellement les moyens de se permettre d'accroître de 5 milliards d'euros le déficit;
- juridique car l'effet rétroactif obligerait de recalculer des pensions logiquement devenues définitives. Les retraités ont la possibilité de contester que dans l'année qui suit la liquidation.

Par ailleurs, le respect de l'avis européen rendrait caduque la solution retenue pour les salariés car elle repose sur les mêmes règles.

Xavier Darcos a prévu de répondre très rapidement à tous les arguments de la Commission afin d'éviter une condamnation par la CJCE.

mercredi 7 octobre 2009

Placements financiers et épargne retraite

L'Express consacre un dossier aux placements financiers et à la préparation de la retraite. Les travaux du Cercle des Epargnants y sont mentionnés.

retrouver les articles sur le site de l'Express

60 ans, le mur de Berlin des Retraites

En 2010, pour la première fois, le déficit de l’assurance vieillesse dépassera les 10 milliards d’euros. La dégradation plus rapide que prévue est liée s’explique tout à la fois par la crise qui pèse sur la masse salariale et donc sur les cotisations mais aussi sur le nombre très élevé de départs à la retraite, plus de 650 000 par an. Malgré les demandes répétées des pouvoirs publics, les actifs partent à la retraite autour de 60 ans. Le taux d’emploi des 55/65 ans qui est de 38 % est loin de l’objectif fixé par l’Union européenne de 50 %. En outre, ce taux tombe à 17 % pour les plus de 60 ans.

Il y a un consensus social sur l’âge de retraite à 60 ans. Les employeurs ont intégré les souhaits de leurs salariés pour gérer leurs effectifs et leurs coûts. Un salarié âgé est réputé moins productif et coûte plus cher. En outre, dans l’inconscient collectif français, l’idée qu’un retraité de plus, c’est un chômeur de moins est une règle d’or même si toutes les études la contredisent.

La problématique de la retraite est connue ; le nombre de retraités augmente du fait de l’allongement de la durée de la vie. En 2030, l’espérance de vie dépassera 82 ans pour les hommes et 87 ans pour les femmes. Toujours en 2030, le nombre de retraités pourrait être supérieur à celui des actifs.

Face à ce constat, jusqu’à maintenant, les gouvernements ont opté pour une dégradation insidieuse du taux de remplacement, c'est-à-dire du montant de la pension versée par rapport au dernier salaire reçu. En retenant les simulations du Conseil d’Orientation des Retraites, d’ici 2050, la chute, avant même l’adoption de nouvelles réformes, serait de 10 à 20 points. Cette diminution de ce taux est accepté car non perceptible pour les actifs d’aujourd’hui. Par ailleurs, les retraités de 2009 disposent d’un pouvoir d’achat, en prenant en compte leur situation patrimoniale, équivalent voire supérieur à celui des actifs. Ils ne sont pas enclins à protester vis-à-vis de réformes qui ne les concernent que marginalement. La baisse du taux de remplacement s’explique essentiellement par le prise en compte des 25 meilleures années au lieu des dix et par le mécanisme de désindexation. Désormais, les droits accumulés durant la vie active comme la pension ne sont réévalués non pas en fonction des salaires mais de l’indice INSEE hors tabac. Il en résulte un décalage croissant entre le montant des pensions et des salaires. L’allongement de la durée de cotisation risque de peser sur le montant des droits pour ceux qui voudront partir avant d’avoir une retraite à taux plein qui est toujours accordé à 65 ans.

Une autre raison de la baisse du taux de remplacement est la diminution du rendement des régimes complémentaires qui reposent sur des systèmes par points. Ainsi, la valeur d’achat des points durant la période de constitution des droits à la retraite ne cesse d’augmenter quand la valeur de rachat, la valeur des points au moment de la liquidation de la retraite ne cesse de diminuer.




Depuis 1993, début des travaux d’Astérix en matière de refonte de notre système de retraite, les pouvoirs publics ont joué sur plusieurs curseurs : les modalités de calcul, la durée de cotisation passée de 37,5 à 41 ans, la désindexation, l’alignement des régimes spéciaux sur le régime général….


Il n’en demeure pas moins que du fait que la durée de la retraite a que doublé en cinquante ans et que l’entrée dans la vie active s’effectue de plus en plus tardivement, le mur des déficits liés à la retraite se rapproche à très grande vitesse.

Le curseur de l’âge légal de départ à la retraite n’a été évoqué que récemment car les fameux 60 ans sont considérés comme un acquis social jusqu’à maintenant non négociable. De toute façon pourquoi repousser cet âge quand le chômage s’accroît et que les entreprises licencient en priorité les seniors. Est-il nécessaire de transférer des caisses de retraite aux caisses de chômage le coût de l’inactivité ?

Néanmoins, ne faut-il pas s’interroger sur le bienfondé de cette exception française ? Tous nos partenaires européens ont porté l’âge légal de départ à la retraite à 65 ou e 67voire 69 ans pour tenir compte de l’allongement de la durée de la vie.

En conservant 60 ans, implicitement, les pouvoirs publics considèrent que dès 55 voire 50 ans un salarié est âgé. Le recul de la borne constituera un signal d’autant plus que les entreprises se doivent d’avoir des plans seniors à défaut de quoi elles acquitteront à compter du 1er janvier 2010 une contribution équivalente à 1 % de leur masse salariale.

Le passage à 62 voire 65 ans serait un signe fort adressé tout à la fois aux salariés et aux employeurs. D’autre part, ce serait tourner le dos aux thèses malthusiennes en vertu desquelles le départ des vieux salariés profite à l’emploi des jeunes. De toute façon, il apparaît opportun de reculer cet âge butoir compte tenu que la durée de cotisation a été allongée à 41 ans. Il faut savoir que l’âge moyen d’entrée sur le marché du travail est de 22 ans.

Les simulations démontrent que le passage à 62 ans permettrait de réduire de près de 6 milliards d’euros le déficit de l’assurance-vieillesse.

Ce report à 62 ans de l’âge légal ne doit pas être considéré comme un recul social quand dans le même temps nous gagnons, chaque année, un trimestre d’espérance de vie. Il faudrait également s’interroger à terme sur la nécessité de repousser à 66 ou 67 ans l’âge à partir duquel la retraite à taux plein est accordée aux salariés.

L’équation est simple, soit nous acceptons une baisse du pouvoir d’achat des futurs retraites, soit pour le maintenir, nous acceptons, salariés et employeur, de prolonger la vie professionnelle au-delà de 60 ans.

Comment la France pourra-t-elle casser e fameux mur des 60 ans ? Les syndicats conditionnent le début d’éventuelles négociations sur le sujet par l’accord du patronat de prendre en compte la pénibilité du travail pour déterminer l’âge à partir duquel le salarié a le droit de toucher une pension. L’échec de la négociation sur la pénibilité en 2007 est, en partie, liée au refus de réinstaurer des régimes spéciaux et sur la définition même de la pénibilité.

Les conditions de travail évoluent en permanence. En outre ce qui est pénible à 50 ans ne l’est pas obligatoirement à 30. Par ailleurs, des facteurs extérieurs (vie privée, transports…) peuvent rendre plus ou moins pénible un emploi. Enfin, les actifs occupent un nombre croissant d’emplois durant leur vie. Une prise en compte de la dureté du travail est donc de plus en plus complexe surtout dans le système actuel de mode calculs. Il n’en demeure pas moins que les inégalités en matière d’espérance de vie sont en partie liées aux emplois occupés.

Le passage du régime général en système par points sur le modèle des régimes complémentaires permettrait une prise en compte fine de la pénibilité, un salarié exposé bénéficiant d’un surcroît de points.

De toute façon, le mur des 60 ans est une chimère coûteuse, intenable. Compte du montant de la dette publique, il convient d’éviter que son poids ne soit supporté que par une frange de plus en plus réduite de la population d’autant plus que derrière la question des retraites, il y a celle de la dépendance et de l’assurance-maladie…

mardi 6 octobre 2009

La Lettre du Cercle : N°39 - Oct 2009

Au sommaire de la lettre du Cercle des Epargnants, les mesures fiscales et sociales du projet de loi de finances et du projet de financement de la Sécurité sociale concernant l'épargne, les déficits sociaux, les plans seniors au sein des entreprises...


Lire la lettre




jeudi 1 octobre 2009

Assurance-vie au secours des régimes sociaux

Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants, a été interviewé sur BFM concernant l'assujettissement aux prélèvements sociaux (12,1 %) des unités de compte des contrats multi-supports. Cette mesure qui s'appliquera au moment du décès du titulaire du contrat devrait rapporter 250 millions d'euros.
Pour mémoire, l'assurance vie s'élève à 1200 milliards d'euros, les unités de compte pèsent 200 milliards d'euros et 12 millions de ménage ont un contrat.

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