jeudi 15 juillet 2010

Mickey n’est pas l’avenir de l’Europe

Depuis vingt ans, la quasi-totalité des pays européens sont confrontés à un processus de désindustrialisation. Pour se rassurer, politiques et experts indiquaient qu’il s’agissait d’un phénomène en trompe l’œil. La baisse des effectifs industriels était imputée à l’externalisation des activités de service. Or, selon une étude la Direction Générale du Trésor, les destructions d’emplois industriels en France entre 1980 et 2007 ont été occasionnées à :

25 % par des transferts d’emplois industriels vers les services
30 % par des gains de productivité
45 % par la concurrence étrangère

La désindustrialisation s’est accélérée après l’adoption des 35 heures mais le phénomène ne touche pas exclusivement la France. L’Allemagne du fait de son positionnement, les produits industriels de qualité, et du fait de la force de son capitalisme familial a mieux résisté.

L’emploi industriel s’est, en 20 ans, contracté de :

-45 % au RU
-32 % aux USA
-25 % au Japon
-20 % en zone euro

Sur les dix dernières années, l’emploi industriel a baissé de 14 % dans l’UE et de 19 % en France.

Le recul de la zone euro s’explique par la faiblesse des gains de productivité. En France, ils ont progressé de + 20 % entre 1990 et 2009, soit environ un point par an quand la progression est de 3 points aux Etats-Unis. De ce fait, la productivité du travail avec une base 100 en 2002 était en 2009 de 116 aux Etats-Unis contre 102 eu Europe.

La traduction du déclin industriel français se manifeste par le déficit récurrent de sa balance commercial et par la contraction de ses parts de marché au sein du commerce mondial qui sont passés de 5,8 à 3,8 de 1995 à 2008.

Au rythme actuel, l’Union européenne ne représentera plus, en 2040, que 5 % de la production mondiale contre 21 % en 2009.

A défaut d’industrie, l’Europe et la France se transforment en espace de loisirs en accueillante des millions de tourismes. Cette transformation peut certes amener des emplois mais ne saurait en aucun cas garantir un bon taux de croissance.

Les services touristiques dégagent de faibles gains de productivité qui sont les seuls à nous permettre de renouer avec une croissance forte et durable.

Le développement des services touristiques n’est pas une source de progrès comme en témoigne le niveau des salaires proposés dans ce secteur. Ainsi, le salaire moyen dans les services non financiers est inférieur de 21 % à celui du salaire moyen français et de 31 % inférieur à celui proposé par le secteur manufacturier.

Le secteur du tourisme est soumis à des aléas économiques forts et, en outre, nous ne sommes pas capables de valoriser les 72 millions de touristes étrangers qui visitent la France. Ils dépensent moins chez nous que quand ils se rendent aux Etats-Unis, en Espagne ou en Italie.

De toute façon, l’avenir ne passe pas exclusivement et loin de là par l’activité touristique.

Au-delà des incertitudes économiques et financières, au-delà de la menace démographique (financement des retraites, des dépenses de santé et de la dépendance, diminution de l’appétence aux risques), c’est par Schumpeter que le salut viendra. L’Europe doit renouer avec l’esprit de découvertes et consacrer une part plus importante de ses richesses à la recherche. En effet, les dépenses de recherche ne sont que de 1,2 % du PIB en Espagne et en Italie, de 2,1 % en France, de 2,6 % en Allemagne quand elles sont de 3 % aux Etats-Unis et de 3,5 % au Japon. Le nombre de chercheurs est de 16 pour 10 000 emplois en Italie, de 21 en Espagne, de 44 en Allemagne, de 45 en France mais de 79 pour 10 000 aux Etats-Unis et de 83 pour 10 000 au Japon. Enfin, les brevets triadiques (par million d’habitants) s’élèvent à 6 en Espagne, à 12 en Italie, à 40 en France quand ils dépassent 75 en Allemagne, 94 en Suède et 115 au Japon

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