lundi 5 juillet 2010

Conflits dans le couloir des temps

La crise avant d’être financière est économique et ce n’est pas parce que nous avons sauvé les banques de la faillite qu’elle a disparu. Bien au contraire, elle demeure et s’incruste au sein des pays occidentaux. L’aggravation des déficits publics a eu l’effet escompté, celui d’atténuer la violence de la récession mais l’argent public déversé s’il a pu empêcher l’implosion du système financier n’a pas permis de réellement relancé l’économie occidentale.

Les maux de cette dernière sont connus : un affaiblissement des gains de productivité qui a été compensé par un endettement accru de tous les acteurs, un vieillissement de la population qui modifie l’appréciation des risques.

La crise est schumpetérienne car nous sommes arrivés au terme du processus de gains générés par la révolution du numérique. Par ailleurs, l’avance technologique des pays occidentaux qui leur a permis de toujours sortir en tête même après des crises économiques de grande ampleur est entrain de fondre. L’Occident, pour la première fois depuis le début du 19ème siècle n’arrive (momentanément peut-être) à être à l’origine d’un nouveau saut technologique. La fin de l’ère du pétrole nécessite l’obtention de progrès dans l’utilisation de nouvelles sources énergétiques mais cela suppose un autre regard sur la notion des risques.

Avec le vieillissement de la population, la myopie des acteurs a augmenté au point de remettre en cause le moteur même du capitalisme : l’innovation et l’investissement.

Une société vieillissante regarde à court terme. Elle ne peut pas supporter à jouer à tout ou rien avec son capital. Elle exige un rendement fixe que ce soit 3,4 ou 15 %. L’investissement dans l’entreprise dont le retour s’effectue sur vingt ou trente ans n’est plus de mode.

Il y a un déphasage entre l’allongement de la durée de la vie et le raccourcissement de la vision économique. Nous n’avons pas encore pris en compte que les femmes et les hommes vivent de plus en plus longtemps et doivent donc caler leurs investissements sur le nouveau cycle de vie.

La domination de la vision de court terme empêche toute reprise économique car elle freine l’investissement. Il y a urgence à réduire les dépenses de fonctionnement public et à encourager l’innovation et la prise de risques faute de quoi l’Europe risque de connaître un déclin irrémédiable.

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