dimanche 16 juin 2013

La semaine économique et financière vue par Philippe Crevel

Le coin des Epargnants

Paris a achevé la semaine à 3 805 points. La bourse de Paris a poursuivi son recul la semaine dernière, -1,74 %. Les interrogations sur l’évolution de la politique monétaire américaine se poursuit. Les doutes sur le miracle japonais poussent les investisseurs à la prudence. Les prises de bénéfices sont également au rendez-vous après un début d’année très haussier.

Les tensions sur les taux minent le marché. Le taux de l’obligation d’Etat à 10 ans tourne autour de 2,1 % ; celui du bund allemand à 1,55 %. Ces tensions pourraient perdurer et conduire le marché à la prudence.
Les entreprises implantées aux Etats-Unis comme Vallourec résistent bien du fait de la conjoncture porteuse en particulier dans le secteur énergétique.

Le bal des retraites est ouvert

Vendredi 14 juin la présentation du rapport Moreau lance les hostilités de la réforme des retraites version 2013. Les négociations souterraines avec les syndicats vont pouvoir se dérouler au grand jour afin d’élaborer un projet qui sera discuté à l’automne. A la clef, des prélèvements, des réductions de pension et des durées de cotisation revues à la hausse.

Le Gouvernement semble avoir, en grande partie, dessiné le cadre de la future réforme. Des rendez-vous informels avec les syndicats ont déjà eu lieu en marge de la préparation du rapport.

La durée de cotisation sera allongée certainement jusqu’à 43 ans avec un calendrier accéléré.

La désindexation fera l’objet de négociation délicate. Le Gouvernement souhaitera sans nul doute qu’elle ne touche pas les retraités modestes mais du fait de la complexité du système, il sera difficile de pouvoir garantir une traçabilité. En effet, avec un système à étages et dans lequel un retraité peut dépendre de plusieurs régimes de base et de plusieurs régimes complémentaires, il est techniquement lourd à pister les petites retraites si ce n’est à travers les déclarations d’impôt sur le revenu.

La sous-valorisation des salaires portés au compte pour le calcul des futures pensions pénalisera les futurs retraités. Indolore dans sa conception, elle aura un impact important si elle est appliquée sur plusieurs années.
De même, le Gouvernement, sous couvert d’améliorer le régime des majorations pour enfant et celui de la réversion, devrait économiser quelques centaines de millions d’euros.

Les retraités apparaissent comme la principale cible du Gouvernement qui prend le risque d’un vote de rejet aux prochaines élections municipales et européennes. Le Gouvernement ne retiendra pas toutes les propositions Moreau. Il arbitrera entre l’harmonisation du taux de CSG pour les retraités imposés à l’impôt sur le revenu, la fiscalisation des majorations pour familles nombreuses, la suppression ou la réduction de l’abattement de 10 % pour frais professionnels dont bénéficient les retraités.

Les entreprises ne devraient pas échapper à une majoration des cotisations afin de montrer qu’elles sont solidaires.
La grande inconnue est la capacité du Gouvernement de modifier le régime de la fonction publique. La Commission Moreau a pris le soin de mentionner noir sur blanc que la modification du mode de calcul ne devrait pas avoir comme objectif de réaliser des économies.

Le débat sur les retraites devrait occuper une grande partie de l’été avec une première étape à l’occasion de la Conférence sociale de cette fin de mois de juin qui donnera le ton des futures négociations.

 Le Japon, fin du miracle ou retour aux fondamentaux

Depuis le début de l’année, tout réussissait ou presque au nouveau pouvoir japonais au point que la méthode commençait à faire des émules au point qu’Arnaud Montebourg aurait voulu que l’Europ s’en inspire. Mais, le remède semble avoir trouvé ses limites.

« L’Abenomics », le programme de relance budgétaire de plus de 2 points de PIB, couplé à des injections massive de liquidités, a certes eu des résultats avec une dépréciation de la monnaie et une reprise des exportations. La bourse qui était en souffrance depuis des années a enregistré une forte hausse. D’octobre 2012 à mai 2013, la bourse de Tokyo  a gagné près de 80%. Mai depuis la fin mai, la machine s’est enrayée avec des afflux de capitaux, la remontée du yen. Le yen a regagné près de 10% contre dollar depuis le 22 mai, sur le marché des actions, le Nikkei a cédé 20% depuis son dernier point haut. Les fondamentaux sont plus forts que l’illusion monétaire. L’économie japonaise est fermée sur elle-même et vieillit. Elle perd chaque année 200.000 actifs. Certes, « L’Abenomics » comporte également un volet de réformes structurelles visant  à stimuler l’offre et à remonter le potentiel de l’économie. Les résultats sont attendus à moyen terme.

 Iran, un nouveau Président pour une nouvelle politique économique ?

La victoire du candidat modéré, Hassan Rohani, à la présidence de la République  a été salué par la communauté internationale. Cette élection marque une rupture après  8 années de présidence tumultueuse de Mahmoud Ahmadinejad,

Mais, il ne faut pas tirer de conclusions hâtives sur cette nouvelle présidence. Le jeu  politique iranien est assez complexe. Le président a avant tout un rôle de communiquant quand les décisions sont prises par le Guide suprême Khamenei. Ainsi, le dossier du nucléaire relève du guide suprême.

 L’arrivé de Rohani intervient au moment où l’Iran traverse une crise économique grave marquée par une forte inflation dépassant 30 % et par une stagnation économique en partie liée aux sanctions internationales. L’Iran doit revenir sur le marché économique international surtout que la population se lasse des propos belliqueux du pouvoir. 50 % des iraniens vivent sous le seuil de pauvreté et le pouvoir d’achat est en chute libre depuis 6 ans. De ce fait, riche de ses réserves pétrolières (4ème rang mondial), l’Iran se doit de desserrer l’étau des sanctions internationales.

 A suivre...

Mardi, 18 juin, les Etats-Unis communiquent leur taux d’inflation du mois de mai qui devrait être de 0,2 %. De même, le Royaume-Uni publiera également son indice des prix du mois de mai. Le taux devrait rester au-dessus de la cible des 2 %. Il était de 2,8 % au mois de mars et de 2,4 % au mois d’avril.

Mercredi, il faudra suivre la réunion du FOMC de la FED. Si aucune modification n’est attendue, en revanche, B. Bernanke pourrait préciser les conditions nécessaires à une réduction du rythme des achats de la Fed.

Jeudi, Eurostat publiera les enquêtes PMI du mois de juin. Une nouvelle hausse est attendue même si l’indice PMI reste bas en zone de contraction d’activité.

Jeudi 19 et vendredi 20 juin, il faudra suivre la Conférence sociale à Paris avec les retraites et l’emploi au menu.

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