mardi 9 août 2011

la chute des bourses dure : pourquoi ?


POURQUOI LA CRISE FINANCIÈRE DURE ?
QUELLES CONSÉQUENCES ?

Depuis 11 séances, la bourse de Paris est en baisse.

1. Les pouvoirs publics n’arrivent pas à reprendre la main

La crise est née d’un problème de gouvernance de par et d’autre de l’atlantique. Aux Etats-Unis, l’absence de consensus pour présenter un plan crédible d’assainissement des comptes publics a, en grande partie, justifier la décision de Standard and Poor’s d’abaisser la note américaine. En Europe, le plan du 21 juillet a été arraché après de dures négociations et il n’entrera en vigueur qu’après de longues discussions parlementaires. L’Europe gère les crises au fil de l’eau. Le Fonds européen de stabilisation financières est insuffisamment doté (440 milliards d’euros). Les interventions de la Banque centrale européenne à travers les achats de titres espagnols et italiens prouvent la réalité du problème dans ces deux pays ; or ses interventions font l’objet de critiques de la part de l’Allemagne et trouveront rapidement leurs limites.

Les Etats semblent mener un combat pour défendre leurs acquis au lieu de mettre en place une réelle politique coopérative. Les investisseurs semblent attendre des initiatives plus fortes que les annonces de rigueur budgétaire.

2. Le ralentissement voire la récession est de plus en plus anticipé

Les résultats du second trimestre démontrent un net ralentissement au sein de la zone euro comme aux Etats-Unis. L’accumulation des plans de rigueur accroît cette tendance récéssionniste d’autant plus qu’aucun gisement de croissance n’apparaît. Les investisseurs recherchent donc la sécurité et désinvestissent donc du marché actions. Un cercle vicieux risque de s’engager avec le ralentissement économique qui diminue les recettes des Etats et augmente les dépenses sociales.

Les outils classiques de l’économie ont été utilisés et sont usés : relance keynésienne, taux d’intérêt faible…

L’intervention directe des banques centrales restent la dernière arme classique mais elle ne peut pas être pérenne et revient à faire marcher la planche à billets même si elle est devenue numérique.

Des mesures plus structurelles sont attendues tout (eurobonds, refinancement européen des dettes, actions réelles sur les déficits, régulation monétaire et financière…).

3. La fragilité du système bancaire et financier amplifie le mouvement de baisse

La crise de 2008/2009 était avant tout financière. Les premiers plans mis en œuvre par les Etats avaient pour objectifs de sauver la sphère financière de l’implosion. Et d’assurer le fonctionnement du marché interbancaire. Après plus d’une semaine de baisse des cours, le secteur financier commence à être de nouveau sous tension. Le développement d’une méfiance généralisée serait pour la croissance fatale d’autant plus que les Etats ne pourraient pas rejouer leur rôle de garant de dernier ressort.

4. Un impact direct pour les épargnants français limité pour le moment

Le patrimoine des Français est évalué à plus de 10 000 milliards d’euros. Le patrimoine financier et plus modeste ; il s’élève à 3250 milliards d’euros. La part principale du patrimoine est constituée de biens immobiliers.

En ce qui concerne la partie financière, les actions cotées représentent environ 500 milliards d’euros dont une grande partie est logée dans des OPCVM (SICAV, FCP) et dans les unités de compte des contrats d’assurance-vie (250 milliards d’euros sur un encours total de 1400 milliards d’euros).

85 % des contrats d’assurance-vie sont investis en fonds euros et bénéficie, à ce titre, d’une garantie en capital de la part des compagnies d’assurances. Les livrets A, les comptes sur livret, les plans d’épargne logement bénéficient d’une garantie en capital. La rémunération de ces placements dépend des taux d’intérêt et de l’inflation. Les taux d’intérêt sont actuellement stables notamment du fait que la France soit notée triple A.

La France compterait 4,2 millions d’actionnaires contre plus de 6 millions en 2008.

De ce fait, le nombre de Français réellement impactés par la crise est modeste d’autant plus que la perte n’est réalisée qu’au moment de la vente.

Les actions sont majoritairement détenues par les investisseurs institutionnels (assurances, fonds de pension et fonds souverains dont les actifs dépassent 54 000 milliards de dollars. Néanmoins, une dépréciation des actifs a des incidences sur le montant des pensions servies, sur les rendements des produits d’épargne ou sur la capacité d’investissement des fonds. Donc indirectement, nous sommes impactés par une dépréciation des actifs qui traduit en outre des anticipations d’un futur ralentissement économique.

En cas de faillite d’une banque (il faut souligner que la situation financière des banques françaises figure parmi les meilleures en Europe), le Fonds de garantie de dépôt indemnise les particuliers dans la limite de 100 000 euros. Cette garantie couvre les comptes courants et les comptes sur livrets (plan d’épargne logement compris). Par ailleurs, les comptes titres bénéficient d’une garantie de 70 000 euros tout comme les contrats d’assurance-vie. Ces garanties ne présagent pas d’éventuelles décisions qui pourraient être prises par les pouvoirs publics pour améliorer l’indemnisation des clients.

5. Les conséquences à terme

Les Français doivent s’attendre à la mise en œuvre de mesures d’assainissement qui seront d’autant plus difficiles que le ralentissement économique sera fort. Les risques d’augmentation des impôts (au-delà de l’action sur les niches fiscales) sont importants (après l’élection présidentielle si on peut tenir jusqu’au mois de mai 2012). La pression pour un relèvement de la CSG et ou de la TVA est évidente.

Le ralentissement économique devrait se concrétiser par le prolongement de la dégradation du chômage constatée depuis deux mois.

La baisse du cours du pétrole devrait se prolonger d’autant plus si l’euro s’apprécie par rapport au dollar (la gestion de la crise par l’Europe pourrait infléchir la donne en cas de mésentente entre la France et l’Allemagne). Cette baisse sera d’autant plus nette si l’Asie et la Chine sont impactés (secteur financier et exportations).

L’immobilier marche sur une crête incertaine

Les prix de l’immobilier ont beaucoup augmenté, surtout dans les grandes villes, depuis la fin de la récession en 2009 (plus de 17 % à Paris). L’immobilier a constitué une valeur refuge en ces temps de crise. Il faut attirer l’attention sur le fait que l’immobilier connaît des cycles. Entre 1992 et 1997, les prix avaient baissé de 30 à 40 % dans certaines régions. Par ailleurs, plus le prix d’achat est important, plus le rendement risque d’être faible. Le rendement locatif tourne autour de 2 à 3 % avant impôt.

Depuis quelques semaines, une inflexion sur le marché est constatée avec un ralentissement du nombre de transactions et un allongement des délais de vente. Le resserrement des conditions de crédit ainsi que les menaces sur le pouvoir d’achat pourraient générer un processus de baisse. Le marché est jugé surévalué de 20 à 30 %.

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