lundi 14 mars 2011

Le blues des classes moyennes

Les classes moyennes sont au cœur de deux ouvrages, l’un est français, « le chagrin des classes moyennes » de Nicolas Bouzou, l’autre est américain « le jour d’après » de Robert Reich. L’un et l’autre soulignent que la fin des 30 glorieuses a été marqué par le retour des inégalités et par la concentration des richesses au profit d’une minorité.

Les deux auteurs indiquent que les classes moyennes n’ont plus confiance dans le système car elles sont attirés vers la bas et non projetés vers le haut comme dans les années 50 ou 60.

Robert Reich stigmatise la politique développée depuis Reagan qui a abouti à alléger la fiscalité des plus riches qui ne réinjectent pas suffisamment dans l’économie leur richesse. Il demande à une redistribution plus équitable afin de permettre une véritable relance de la consommation.

Il condamne la manque d’éthique du capitalisme américain ce qui génère une désillusion dans le système et des comportements anti-économiques.

Les situations américaine et françaises sont différentes. L’Etat providence est relativement faible aux Etats-Unis quand il n’a pas cessé de s’accroître en France. La montée des inégalités a été plus rapide outre-atlantique qu’en France. Il n’en demeure pas moins que le constat est identique. Le système économique n’est pas optimal. L’investissement public ou privé est en recul. La croissance des dernières années a été acheté à crédit. Robert Reich souligne bien que la crise des subprimes n’est que la conséquence de déséquilibres plus profonds et non leur cause.

Nicolas Bouzou insiste de son côté sur la faillite du modèle étatique centralisé français qui appauvrit et n’arrive pas à sortir de la chienlit une part croissante de la population.

Il faut noter que si le système fiscal français est jugé dégressif (thèse de Piketty et de Landais) il faut prendre en compte les allocations qui sont majoritairement touchées par les revenus modestes. Il est vrai qu’il y a une rupture au milieu de la population qui est soumis aux prélèvements sans bénéficier des allocations tout en ayant pas les revenus suffisants pour s’épanouir.

Comme l’indique Robert Reich, le sentiment de frustration a augmenté car la vie des classes supérieures s’expose sur es tabloïds et que l’écart de niveau de vie s’est accru. Surtout, l’idée que le travail ne permet pas de combler cet écart s’est largement diffusée.

Il est intéressant de noter qu’un consensus semble se dégager de part et d’autre de l’Atlantique ; Robert Reich citant les travaux de Piketty et de Landais. L’économie ne redémarrera pas sans une remise en cause de la répartition des richesses et sans une modification du comportement des acteurs économiques.

Quelles conclusion à en tirer ? Il faut absolument favoriser l’investissement productif et intellectuel et certainement, remettre en cause les situations de monopole qui génèrent des rentes de situations et donc des fortunes irrationnelles. A la différence du secteur pétrolier ou des Telecom dans les années 60 (ATT/ITT), ni autorités américaines, ni les autorités européennes ont eu le courage de casser le monopole de Microsoft (qui depuis s’érode mais qui a été réel durant 20 ans) ou celui des grands opérateurs de communication des années 2000. Le monde est dominé par des oligopoles qui sont en position de cartels. Il apparaît indispensable de casser les cartels qui se sont créés à l’échelle mondiale.

Au niveau de la concentration des richesses, le système fiscal doit encourager les placements productifs tournés vers l’investissements.

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