mardi 25 août 2009

Déficit d’énergie ou d’investissements

Déficit d’énergie ou d’investissements


De nombreuses études économiques tablent sur une crise énergétique de grande ampleur dans les prochaines années, crise qui serait d’autant plus grave si la croissance était de retour. Il faut au préalable souligner que l’énergie sous sa forme pétrolière mais aussi sous les autres formes demeure peu coûteuse. Son prix a évolué moins rapidement que le PIB et que les prix. Du fait du mouvement erratique des cours, la sensibilité de l’opinion aux hausses est forte. Il n’en demeure pas moins que sur longue période, les prix des matières premières ont, en prenant en compte l’inflation et le niveau de vie, eu tendance à diminuer.

Cette crise énergétique serait liée à l’épuisement supposé du pétrole qui reste la matière énergétique clef du fait de ses caractéristiques (facilité de transport, multi-usage et rendement énergétique élevé) et à l’insuffisance de la production d’électricité.

Pour le pétrole, l’absence de transparence concernant le montant des réserves de pétrole ce qui permet aux producteurs et aux spéculateurs (qui peuvent être les mêmes) de jouer avec les cours, rend difficile toute prévision sur la production à venir.

En ce qui concerne l’électricité, les données sont connues. Compte tenu de l’évolution de la consommation, des ruptures d’alimentation en hiver comme en été peuvent intervenir dans les pays industrialisés d’ici deux à cinq ans. L’Afrique du Sud est obligée d’organiser des délestages et donc des coupures d’électricité dans certaines villes pour éviter l’effondrement de son réseau du fait d’une trop forte demande.

Que ce soit pour le pétrole ou pour l’électricité, le risque de déséquilibres entre offre et demande est intiment lié à un sous-investissement.

La production du pétrole est régie par la règle de la rente. Le coût moyen d’extraction avoisine les 5 dollars le baril dans les pays du Golfe. Ce coût atteint pour les forages en Mer du plus de 45 dollars le baril.

Le cours du pétrole varie depuis le contre-choc pétrolier de 1986 entre 20 et 150 dollars si l’on retient le pic de 2008. Du fait de la spéculation, du nombre réduit de nouveaux gisements découverts, le prix a une tendance naturelle à se caler sur le coût marginal de production. Il pourrait même à terme se caler sur le coût marginal de production à venir. Si à 20 dollars le baril, les compagnies pétrolières comme les pays producteurs ne sont pas incités à investir, il pourrait en être différemment avec des cours supérieurs à 60 ou 70 dollars le baril. Aujourd’hui, les gisements de pétrole sont exploités entre 30 et 45 % ; il serait possible en améliorant les techniques (envoi de gaz ou de sable sous pression) de récupérer au moins jusqu’à 50 % du pétrole. Par ailleurs, de nombreuses zones de l’hémisphère restent encore peu cartographiées. Les zones maritimes ou autour des pôles nécessitent des investissements importants mais pourraient comporter de nombreux champs.

Une autre voie qui est peu exploitée est la recherche pour améliorer le rendement énergétique du pétrole. Certes des progrès ont été réalisés surtout après le 1er et le second choc pétrolier mais depuis il y a un certain statuquo même le passage au dessus la barrière des 150 dollars le baril a relancé le débat en la matière.

Le sous-investissement chronique s’explique par la volonté des pays producteurs comme des compagnies de diversifier leurs ressources. Le pétrole étant voué à devenir une énergie du passé, il convient de préparer l’avenir en optant pour des actifs rémunérateurs et sûrs comme les bons du Trésor américains. Le pétrole compte tenu des rejets de gaz à effet de serre qu’il génère a mauvaise presse. Face à la menace des investisseurs institutionnels, des fonds de pensions de préconiser des placements vertueux, les compagnies pétrolières privilégient les placements compatibles avec l’éthique du fameux développement au détriment de leur cœur de métier.

L’économie mondiale a connu plusieurs changements d’énergie, le bois a été remplacé par le charbon qui lui-même l’a été par le pétrole. Nous ne sommes face à un problème inconnu même si le pétrole par ses qualités a permis une explosion de la puissance de déplacement et de production sans comparaison avec ce que nous avions connu dans le passé. Il n’y a jamais eu de monopole énergétique ; le bois était en concurrence avec l’eau et le vent puis rapidement avec le charbon. Le pétrole est en concurrence avec l’eau (à travers l’hydroélectricité et avec le nucléaire).

La force du pétrole provient de son intensité énergétique et sa facilité de stockage que nous ne retrouvons pas avec l’hydrogène ou avec le nucléaire…

L’électricité est une énergie secondaire car elle suppose l’existence d’une énergie primaire (pétrole, vent, solaire, nucléaire, eau…). Du fait de la construction de réseaux de plus en plus denses, cette énergie est accessible, au sein des pays développés, à tous ou presque. Nul ne s’étonne de pouvoir s’éclairer, de faire tourner un nombre accru de machine, de chauffer ou de refroidir son appartement ou ses bureaux de jour ou de nuit. Cette faculté n’est rendue possible que par la réalisation de nombreuses centrales. Or, dans la quasi-totalité des pays, depuis les années quatre-vingt, les investissements en matière de production d’énergie électrique ont été réduits.

Plusieurs raisons expliquent ce retournement. Les accidents nucléaires de Three Miles Island aux Etats-Unis et de Tchernobyl ont accru la contestation à l’égard de cette énergie dans de très nombreux pays. Les programmes de construction de centrales ont été arrêtés et dans certains pays comme en Allemagne, des plans de sortie du nucléaire ont même été adoptés.

Il y a eu également une sous-évaluation des besoins énergétiques d’ordre électrique. En France, il était même de bon ton d’indiquer que le parc nucléaire était disproportionné compte tenu de la demande. La tertiairisation des économies, le développement de l’informatique tout comme la multiplication des équipements exigeant de fortes puissances électriques ont déjoué les pronostics. Aux pics de production d’hiver en période de grand froid, il faut désormais ajouter ceux liés aux canicules qui poussent les particuliers comme les entreprises à utiliser leur système de climatisation.

Une autre explication du sous-investissement s’explique par le marché peu concurrentiel de l’énergie électrique avec l’existence de monopoles ou d’oligopoles nationaux. Le rôle des pouvoirs publics dans l’établissement des tarifs ne concourt pas à la mise en place d’un marché équilibré.

Les ententes sur les tarifs et les pressions des pouvoirs publics ont pour conséquences tout à la fois l’existence de rentes et d’endettement. Les compagnies n’ont pas été incitées à gérer au mieux leur parc reportant sur les gouvernements les décisions relatives aux investissements.

A défaut d’avoir investi à temps, EDF a été contrainte d’allonger la durée de vie de ses centrales nucléaires de 10 à 20 ans. Cet allongement aura pour conséquences un accroissement sensible du coût de l’électricité du fait des travaux à réaliser pour garantir un niveau de sécurité satisfaisant.

Le choix de l’allongement de la durée de vie s’est imposé comme l’unique solution car le lancement d’un nouveau programme ne portera ses effets que dans 10 ans or il faut d’ici là faire face à la demande.

Les énergies renouvelables restent pour le moment accessoires du fait de leur faible intensité énergétique. EDF obligé par l’Etat rachète à prix d’or la production électrique issue des éoliennes. En revanche, la France a accumulé un retard important dans le domaine de l’énergie solaire ; l’Allemagne a, en revanche, investi en la matière de manière plus importante.

L’utilisation de l’énergie électrique pour le transport bute toujours sur le problème des batteries. Elles cumulent une série d’handicaps : capacité réduite, durée de vie limitée et coût élevé. Même si des progrès ont été réalisés ces dernières années afin de réduire leur taille et leur poids, elles freinent le développement des véhicules électriques.

Les projets de voiture électrique butent sur le problème des batteries. Le projet de transformer les stations à essence en station de batteries dans lesquelles les automobilistes opéreraient un changement standard de batteries est évoqué.

Le domaine de l’énergie qui est la clef de voûte du système économique est un champ sans fin d’investissement. Au-delà des énergies traditionnelles, il y a évidemment les énergies naissantes ou émergentes qui exigent le lancement de programmes de recherche. Or, les pouvoirs publics et, en particulier l’Europe, semblent absents. Il y a une nouvelle frontière à franchir qui exige la mobilisation de nombreux acteurs.

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